J. Rothen : « L’ambition part du vestiaire mais si tu sens qu’au-dessus… »

Pessimiste sur le présent le futur des Girondins de Bordeaux, l’ancien milieu offensif international français Jérôme Rothen (passé sous les maillots de Caen, Troyes, Monaco, du Paris S-G, des Glasgow Rangers et aussi de Bastia) raconte, sur RMC, comment il a vécu, quand il jouait, le fait d’avoir une direction pensant plus argent que football. Un danger qui semble guetter le FCGB et son actionnariat de fonds d’investissement américains.

« J’ai connu plein de clubs différents et de directions différentes. Dans le vestiaire, en fait, c’est toujours pareil… Bien sûr que l’ambition part de là, elle vient des joueurs et du staff, mais au-dessus tu as des boss. Et si tu vois que de leur côté… Je l’ai déjà vécu, à Paris, sous l’actionnariat du fond américain Colony Capital. Sous l’ère Canal +, gagner sur le terrain était important, mais ça l’était devenu beaucoup moins, dans le discours, avec Colony. Monaco ? Non, car même si le club était le ‘jouet’ de la famille princière, il y avait de l’ambition et c’était très important le terrain, d’étoffer le palmarès du club. Les joueurs le sentent si la direction pense au terrain. Et, mine de rien, même si toi dans ta tête tu veux gagner des titres ; quand tu sais que tu démarres une saison mais qu’au-dessus ils font plus attention aux finances, à acheter des joueurs sans trop dépenser pour mieux les revendre, car ils ont des objectifs pas que sportifs mais plus business… Tu le ressens, et inconsciemment quelque chose s’installe dans le club et à force ça peut t’empêcher de gagner ; même si nous, sous Colony, on a gagné des coupes avec le PSG.

(…) Quand j’étais aux Rangers – un très grand club -, je me souviens que les propriétaires américains ont laissé le club en ruines, et il a dégringolé. Une fois, en janvier, ils étaient venus, alors qu’on avait un discours de vestiaire ambitieux, pour dire : ‘Toi, toi et toi, il faut partir, on ne paiera plus’. Ils ne pouvaient plus suivre. Donc on a perdu des gros joueurs, avec des hauts salaires ; même si on était déjà parti pour être champion… Et puis en fin d’année : dépôt de bilan et les actionnaires sont partis car ils se sont rendus compte qu’ils ne pouvaient pas faire rentrer d’argent. Alors au lieu d’en perdre encore beaucoup, ils sont partis. Ils faisaient tout, à l’époque, pour que le Celtic et eux aillent intégrer la Premier League ; mais en Écosse… compliqué ! »