J. Rothen : « Il n’y a plus beaucoup de jeunes que Bordeaux fait vibrer »

Sur RMC, hier, un débat était centré sur la comparaison entre les « cures d’austérité économique » de Marseille et Bordeaux et leurs degrés de gravité pour ces clubs, mais aussi pour le foot français. Car le FCGB et l’OM ce sont deux gros poids lourds historiques de la Ligue 1 / Division 1.

Jérôme Rothen, ex milieu offensif international français de Paris et Monaco, a participé au débat. Ses analyses sont retranscrites ci-dessous :

« Autant d’austérité, oui, ça fait peur. Après, Marseille et Bordeaux sont deux clubs différents, mais si tu ne mets pas la main à la poche pour recruter de bons joueurs et former une colonne vertébrale ça devient dur. Après, si tu fais ça – comme peut-être Bordeaux avec Laurent Koscielny -, tu peux mettre des jeunes autour. Des clubs comme Bordeaux et Marseille doivent retrouver un pouvoir financier pour leur projet. Ce sont deux clubs historiques quoi doivent faire rêver, surtout leurs supporters, et attirer des joueurs. Mais là, je n’ai pas trop envie de les associer, car les situations sont différentes : à Marseille, le nouveau proprio a investi pas mal – beaucoup même -, mais il a fait de mauvais choix et on a l’impression que ça s’est vite évaporé car ils ont mal investi, notamment en donnant de trop gros salaires à certains ; alors qu’à Bordeaux c’est encore autre chose… Ne rien investir et juste vendre des joueurs, ce n’est pas possible. En tout cas, les deux situations sont inquiétantes.

(…) Bordeaux, pour en parler maintenant, on ne va pas se voiler la face : le club des Girondins de Bordeaux il est mort pour l’instant. Et ça m’embête de voir Bordeaux dans cette situation-là, car je suis d’une génération où Bordeaux avait une place forte dans le championnat de France. Il avait encore une place forte quand je jouais, et il l’a perdue au fur et à mesure, petit à petit. Aujourd’hui, si tu parles à un jeune de Bordeaux, à part s’il est de la région bordelaise – et encore, je suis sûr que dans la région bordelaise, il n’y a plus beaucoup de jeunes que Bordeaux fait vibrer -… Moi, ça m’embête, parce que le championnat de France a besoin d’avoir un Bordeaux fort, un Bordeaux qui revient. C’est pourtant une région qui respire le foot, mine de rien, et aujourd’hui ils sont complètement morts. Dans ce projet-là, ce qui m’inquiète, c’est que tu ne peux que t’appuyer sur des jeunes, mais pour faire ça c’est un travail de longue haleine, c’est n’est pas du jour au lendemain en claquant des doigts, car tu as un nouvel investisseur qui a décidé de faire confiance à ces jeunes-là… Pareil pour les résultats, l’élan, les supporters qui reviennent au stade… Ça ne revient pas vite d’une année sur l’autre.

Parce qu’il y a ça aussi à Bordeaux, il ne faut pas se leurrer, il y a l’engouement populaire aussi qui faiblit. Bordeaux, qu’ils finissent 15èmes ou bien 5èmes du championnat, tu as l’impression qu’on s’en fout. Et ça c’est un gros problème. Les supporters de Bordeaux, pourtant, il y en a beaucoup, même si le stade est rarement rempli, et heureusement qu’ils sont là ; surtout les historiques venant encore et qui ont mal à force de voir ça ; mais ce n’est pas car tu changes de coach souvent et même de joueurs que ça représente mieux le club. Et même si un jeune explose – je le leur souhaite aux Bordelaise, pour plusieurs jeunes même ! -, avec ce projet tu sais que dans un an il n’est plus là car vendu, donc c’est dur… Comment s’inscrire dans la durée ? Bordeaux a besoin de ça pour avancer. Aujourd’hui, mieux vaut être supporter de Nice ou de Lille – et surtout aujourd’hui ! – que de Bordeaux, par exemple. »