D. Riolo : « Pour un supporter voulant vivre une histoire, s’identifier… »

Dans ‘L’After Foot‘ d’hier soir, sur RMC, c’est Daniel Riolo qui a activement participé au sujet sur : « Comment les supporters des ‘clubs à cash’ de Ligue 1 pouvaient encore se sentir concernés ? ». Voici ses analyses générales, où il parle des Girondins de Bordeaux, entrés dans cette catégorie-là depuis leur passage, fin 2018, sous commandement d’un consortium de fonds d’investissement américains :

« Il faudrait vraiment savoir comment eux ils le vivent ; les supporters lillois, niçois et bordelais. C’est surtout eux… J’ai envie de les entendre dans leur sincérité, dans ce qu’ils ressentent. Pour moi, je crois que le supporter ne pourra jamais lâcher son club, mais avec certaines évolutions – du ‘modernisme’ peut-être… -, il se sent parfois un peu comme si on lui avait volé son club, comme s’il devenait une entreprise de nature différente. Il y a une phrase de Pini Zahavi*, très cynique mais qui correspond au personnage et à la situation, et que les romantiques comme nous et bon nombre de nos auditeurs n’aimeront pas trop : ‘Les fans se foutent de qui détient le club, ils veulent juste voir l’équipe gagner’. Et la façon dont il le dit, ça fait vraiment : ‘Je vis au jour le jour’, avec du brouillard sur l’avenir. Et ça, pour un supporter qui veut vivre une histoire et s’identifier, c’est moyen.

(…) Après, dans certains cas, comme à l’AS Monaco, le club serait mort sans le repreneur russe, même si le projet c’est de gagner de l’argent. Monaco, ça a été le premier de cette nouvelle ère des clubs jouant à la bourse. Sauf qu’il a eu des résultats positifs assez vite, et ça a donné envie aux autres de copier ‘le modèle sportif du modèle économique’, qui a fait deux parcours en Ligue des Champions et un titre de champion de France 2017. Aujourd’hui, c’est flou, ils sont passés d’une bonne saison à une saison cata, mais ils devraient s’en sortir, car cet hiver ils ont recruté une équipe entière, même si l’avenir de beaucoup de joueurs est incertain. Mais les autres clubs rachetés par des financiers étrangers : Lille, ou Bordeaux et Nice ; qui veulent imiter Monaco… Est-ce qu’ils seront capables de mettre des moyens au départ ? Car Monaco, avant de faire beaucoup de trading, ils ont quand même posé, grâce à leur repreneur russe, un gros paquet de millions d’euros sur la table, dès leur arrivée. Et ça, les autres repreneurs ne le font et ne le feront pas. »

*un ‘super agent’ très influent depuis des décennies dans le football, mais surtout le business périphérique et l’ensemble des négociations, même (géo)politiques, liées à l’économie autour du foot.