Florian Brunet (Ultramarines) : « Il y a un problème et ce problème il faut le regarder en face »

Sur RMC, avant-hier (le podcast complet de son passage est dispo ICI), Florian Brunet (Ultramarines Bordeaux 87) a refait de la pédagogie pour présenter encore toute la situation et les soucis du mouvement ultra (et des supporters en général) français face à la répression de la Ligue et des pouvoirs publics.

« Il y a quelques années, il y a eu la Coordination Nationale des Ultras, au milieu des années 2000. Elle regroupait alors tous les groupes des tribunes majeures, et malheureusement ça s’est enlisé et ça a échaudé certaines tribunes majeures. Ces mêmes tribunes qui, aujourd’hui, soutiennent l’Association Nationale des Supporters – comme nous – sans être adhérents. Mais l’important c’est la cause commune que nous avons tous ; et l’ANS est reconnue aujourd’hui dans le paysage français car elle fait du bon travail au niveau juridique et médiatique. (…) Discuter avec la LFP ? Mais on discute avec eux depuis longtemps. On a fait beaucoup de réunions, du temps de la CNU, avec Rama Yade (ancienne secrétaire d’État aux Sports, NDLR) et Frédéric Thiriez (ex président de la Ligue de Football Professionnel), des débats plein de promesses et de sympathie, parfois, avec des petits fours, des apéritifs ; mais c’était plus par politesse car il n’y a jamais eu d’actes forts qui sont ressortis de ça. (…) Les fumigènes ? Ils font partie d’un gros sujet sur lequel il va falloir négocier, d’une manière ou d’un autre. Mais attention, se réunir sans vouloir trouver des compromis ça ne sert pas à grand-chose. Et comme, dans le même temps, les interdictions de déplacements et la répression sont en constante augmentation

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(…) Vous voyez bien l’espèce de vent de révolte qui est venu d’un peu partout en France, avec toutes ces banderoles dans les stades, et qui sont quand même construites et réfléchies ! Ça montre qu’il y a un problème et ce problème il faut le regarder en face. Aujourd’hui, nous, Ultras, on a l’impression d’être spoliés de notre image et de notre travail. Moi j’ai vu, pour le tifo de nos 30 ans, des jeunes de 20-25-30 ans, s’organiser pendant des semaines, des mois, et travailler bénévolement pour un résultat magnifique que tout le monde a trouvé extraordinaire et utilisé pour le business. Et ces mêmes garçons, je les vois ensuite être gardés à vue pendant 18 heures juste parce qu’ils ont voulu aller voir un match. C’est ça la représentation du problème. Nous, on ne demande rien, et on n’est même pas respectés ; alors qu’on est des parties-prenantes de la Ligue 1, des acteurs majeurs dont l’image est utilisée. A Bordeaux, vous savez, il y a parfois 15 000 spectateurs au stade, dont 30% sont condensés dans le Virage Sud. Sans nous, il n’y a rien. Alors, on veut être respectés à notre juste valeur. C’est tout ce qu’on demande ! Mais au lieu de ça on subit des interdictions, et on ne nous fait pas confiance !

(…) Je rajoute, pour finir, qu’interdire un déplacement c’est plus couteux en personnel policier que de l’autoriser, clairement. L’histoire des forces de l’ordre pas disponible pour encadrer des déplacements s’ils étaient autorisés ça ne tient pas la route. On doit vraiment tous se mettre autour d’une table et discuter, y compris entre nous, pour les fumigènes, au sein du mouvement ultra. Mais l’idée majeure c’est bien que nous ne sommes pas respectés alors qu’on mérite pourtant le respect ! »