Nicolas Le Gardien (SO) : « L’exemple c’est le Lille de la saison dernière »

Répondant aux doutes et aux questions de Christophe Dugarry concernant le projet des Girondins de Bordeaux à l’américaine, ce soir sur RMC, le journaliste de Sud Ouest, Nicolas Le Gardien, explique les choses ainsi :

« Dire qu’il n’y a pas eu d’investissement fait, c’est inexact. Déjà, il y a eu un investissement de fait pour faire face au déficit, et puis pour recruter toutes les personnes arrivées dans le projet. Joe DaGrosa avait annoncé d’entrée que l’objectif ce n’était pas de mettre de l’argent sur de grands joueurs, mais sur l’encadrement, et qu’après ce serait à ces personnes de transformer l’entreprise pour qu’elle ne perde plus d’argent, puis pour la valoriser et – si possible – qu’elle gagne de l’argent – c’est dur dans le foot, mais ça existe -. Finalement, il fait ce qu’il avait dit.

Depuis 10 ans, il y a un déficit structurel, qui est en moyenne entre 10 et 30 millions d’euros par an. Après, avec GACP, l’argent dont on parle, c’est surtout du crédit, car l’actionnaire qui manage le projet il est minoritaire, tandis que le majoritaire supervise sans gérer. La trésorerie apportée par un premier emprunt a déjà été utilisée, donc il faut en faire un nouveau pour avoir à nouveau de l’argent. Ou alors il faut faire une ou des énormes ventes pour équilibrer les comptes et avoir de la marge de manœuvre. L’exemple, pour Bordeaux, c’est le Lille de la saison dernière, qui avec des recrues libres et une masse salariale encadrée par la DNCG a fini 2ème de Ligue 1, en ayant acheté pour 8M€ et vendu pour 40. Maintenant, est-ce que Eduardo Macia et Paulo Sousa seront aussi bons que Luis Campos et Christophe Galtier pour faire ça ?

(…) Pour Bordeaux, 2019-20 sera une année compliquée, mais super importante pour fixer le projet. Le projet prendra un coup si ça ne marche pas, si les choix sont pas bons, mais si ça marche, avant la hausse des droits TV, ça peut enclencher un cercle vertueux. Aussi, le club a fait un gros effort sur le centre de formation, avec des méthodes nouvelles, des idées, de nouvelles personnes, pour sortir plus de joueurs et tirer plus du centre. Pour l’instant, au niveau de l’équipe première, il y a la volonté de faire une dizaine de changements, dont Mexer et Kwateng qui sont déjà arrivés libres, mais le marché est assez bloqué, donc tant que le marché n’est pas parti – à Bordeaux comme ailleurs – rien ne changera. Mais les recrues ne seront pas des stars. Les dirigeants devront avoir le nez fin et le staff faire en sorte que la mayonnaise prenne, ou alors ce sera très compliqué, surtout que la concurrence pense aussi à 2020. Mais c’est ça le pari des Américains. »