R. Molina : « Tu veux faire du business avec le foot, pourquoi tu ne t’entoures pas de pros du foot ? »

Hier soir, sur sa chaîne Youtube, le journaliste et auteur indépendant Romain Molina (dont le livre sur les coulisses du football international va bientôt sortir) a reparlé du sujet du rachat des Girondins de Bordeaux, au fil d’un live ayant pour point de départ la situation de… l’AS Monaco et la rumeur Thierry Henry. Mais au fil de ses réflexions, l’amenant aussi à parler de Chelsea, l’investigateur donne des infos (ses infos) et des analyses toujours assez surprenantes.

« Monaco, c’est quand même un club qui a essayé de se structurer au niveau du sportif. Et vous remarquerez que, souvent, quand vous structurez bien, d’abord, le sportif les bénéfices financiers viennent après. En fait, c’est tout l’inverse de ce que les Américains veulent faire à Bordeaux : ils mettent des banquiers, des mecs qui gèrent l’argent, mais pour le sportif, en gros, ils viennent pour jouer à la Bourse et puis espèrer que ça va bien marcherMonaco, si ça a aussi bien marché c’est car il y avait une grande organisation et une structure solide, notamment avec l’ancien directeur et coordinateur sportif, Antonio Cordón, pris à Villarreal, un homme très humain et pas superficiel, assez vertueux par rapport au monde du foot je trouve, et dont le départ en 2017 n’a pas été compensé. (…) Le trading de joueurs, c’est vraiment pas mon truc, mais quitte à ce qu’il y en ait, en me mettant dans la peau d’un businessman, je préfère quand un projet sportif dérive vers du business que quand ce n’est, d’entrée, que du business. Là, à Bordeaux, le projet, c’est que du business, mais comme à Lille, où Luis Campos, directeur sportif, n’est même pas salarié du club et peut travailler avec d’autres clubs ; ce qu’il fait d’ailleurs.

(…) Maintenant, Thierry Henry, pour lui c’est le sportif qui compte, pas l’argent. Quand il a parlé avec Bordeaux, les discussions sur le pognon c’était combien à disposition, comment améliorer l’équipe, qui peut l’aider, comment être meilleur pour aller en Ligue des Champions, quel est le projet, le but… et pas combien il allait gagner. Pour une fois qu’un mec pense d’abord au ballon, met le foot au centre de tout et non le business, moi ça me plait. Et donc s’il vient à Monaco, c’est qu’il aura eu des garanties sportives. Et s’il était venu à Bordeaux, ç’aurait été pareil. (…) Sauf que, à Bordeaux, c’est le bordel total. On parle de plus en plus que la vente ne va pas se faire, etc… Mais ce qui est certain, c’est que les mecs de M6 se disent : ‘Merde, on a déconné’ et qu’il y a de plus en plus de doutes sur le projet. Mais vraiment… Aussi, pas mal de gens à l’intérieur du club, qui ont peur de ne plus avoir leurs petits privilèges, sont en train de tout faire pour tenter de faire foirer la vente. Il y a Alain Juppé et les pouvoirs politiques qui se réveillent un peu, aussi. Mais, soyons très francs, Bordeaux c’est un numéro de faux-culs et d’hypocrites… Je l’avais déjà expliqué, mais pour racheter ce club il faut rincer je ne sais pas combien de personnes.

Le Thaïlandais Pairoj Piempongsant ; celui-là qui a racheté le club belge de Mouscron et va prendre le Panathinaïkos, avec un consortium, mais qui avait aussi permis le rachat de Manchester City, de Reading, de Sheffield, de Leicester ; s’était intéressé aux Girondins, mais les mecs qui bossent avec lui disent en off qu’il y avait trop de gens à corrompre. Bordeaux, c’est un panier de crabes, où il y a des charognes – désolé, mais je ne vois pas d’autre mot – qui se goinfrent sur le dos de la bête depuis des années et beaucoup de merde à dérbousailler. Mais c’est le cas de pas mal d’autres clubs français… Maintenant, les Américains, on ne sait pas du tout quel est leur projet, parce que tous les mecs que DaGrosa présente c’est des banquiers, des financiers. Sportivement, c’est indéfinissable, ils ont freiné sur toutes les dépenses possibles, voulant passer par leur réseau, quand Thierry Henry – pour en revenir à lui – avait des demandes précises. 

Après, je ne veux pas cracher sur ce fonds d’investissement, GACP, mais ce que je ne comprends pas c’est que si tu veux faire du business avec le foot – je n’aime pas trop ça, mais ok – pourquoi tu ne t’entoures pas de professionnels du football ; un minimum ? Un Malcom, tu ne vas pas le trouver comme ça… Et vu le réseau qu’ils ont actuellement, je ne crois pas que les banquiers vont ramener des stars. Donc je suis assez dubitatif ; et donc je sais que des personnes veulent tenter de renverser le rachat. On va voir ce qui va se passer maintenant. (…) En soi, je n’ai rien contre le capitalisme et les fonds d’investissement. Mais là, les fonds de pensions, américains surtout, sont en train de fossoyer le foot. Et moi, si je m’intéresse au sport, ce n’est pas pour me dire que des gens jouent à la Bourse avec les joueurs. Franchement, je peux pas. Pour moi, le foot, c’est du social, du culturel, de l’humain… »