À quoi peuvent servir les 6 derniers matches de la saison ?

Personne n’aurait signé pour ça au départ, mais vu la tournure qu’a pris la saison en hiver on peut finalement s’estimer « heureux » que Bordeaux ne soit pas dans pire situation à l’aube de la 33ème journée de la Ligue 1 version 2017-18. Non pas que 40 points en 32 matches (12ème, 11 victoires, 7 matches nuls et 14 défaites, – 6 de différence de buts) soit une situation enviable – c’est même un (très) mauvais bilan – ; sauf que ce total de points semblait quasi inaccessible il y a encore 3 mois, quand le FCGB paraissait condamné à se battre uniquement pour le maintien. Alors en n’ayant pas la mémoire trop courte, on peut déjà voir ça comme un soulagement… C’est dire à quel point la saison est ratée.

 

Ceci étant, et même si ; du point de vue du supporter et de l’observateur extérieur ; l’exercice 2017-18 est ‘fini’, les joueurs, le staff et le club ont eux le devoir de ne pas considérer les choses ainsi. Car non, pour eux la saison n’est pas terminée :

Mathématiquement, avec un match à jouer ce weekend chez l’actuel 6ème (Montpellier, 46 points, + 5 de différence de buts) et encore 18 points potentiels à prendre, le rêve de remplir l’objectif d’obtenir un ticket européen est encore permis. La 6ème place du championnat a de grandes chances d’être encore européenne, grâce à Paris qui ferait le triplé national, et essayer de l’atteindre tant que c’est sportivement possible doit toujours trotter dans la tête des Girondins ; s’ils sont vraiment les compétiteurs qu’ils prétendent. Lors de la saison 2011-12, celle du classement final récent le plus flatteur des Girondins (5ème), les hommes de Francis Gillot y étaient arrivés grâce à une improbable série de 6 victoires de suite lors des 6 dernières journées. Au moins, les Bordelais qui y croient encore – s’il y en a – ont donc un cas auquel se rattacher au fond d’eux ; même si ce n’est plus la peine d’en parler publiquement. Histoire de ne plus se ridiculiser.

 

Financièrement et médiatiquement, on sait bien que finir 12ème ou 8ème ce n’est pas pareil, par rapport aux droits télés qui sont en grande partie ditribués en fonction du classement, mais aussi pour l’image. En termes de revenus, la différence est de quelques centaines de milliers d’euros par place, et donc de plusieurs millions vu les faibles écarts au classement entre les équipes de cette zone ; tandis qu’en termes d’image l’enjeu est plus abstrait, mais loin d’être secondaire. Sur ces points, c’est aussi et surtout au club de faire respecter ses intérêts, supérieurs à ceux de chaque joueur, pour tenter de leur faire comprendre qu’ils n’ont pas le droit de lâcher. Question d’honneur et de considération pour le club avec qui ils sont sous contrat et qui les rémunère. De plus, si certains veulent changer de club cet été et/ou jouer le Mondial et/ou négocier une meilleure situation au FCGB la saison prochaine, se montrer à son avantage n’est jamais inutile.

Sportivement et (surtout) stratégiquement, l’entraîneur Gustavo Poyet et la direction (bien qu’un possible changement d’actionnaire oblige peut-être à ne pas voir trop loin) sont sans doute ceux pour qui la saison n’est absolument pas terminée, et ce même dans le pire des cas : celui où les prochains résultats condamneraient les Marine et Blanc à finir aussi mal classés qu’ils ne le sont en ce moment et sans moyens de redorer un peu leur image. Le coach uruguayen, en poste depuis 3 mois, encore sous contrat pour un an et dont rien n’indique, pour le moment, qu’il soit menacé, doit se servir des 6 matches restant à jouer pour essayer des choses et préparer l’avenir. C’est là un cliché habituel, mais il n’est pas vide de sens. Continuer d’installer la nouvelle mentalité que Gus’ entend insuffler, donner du temps de jeu à des (jeunes ?) joueurs qui seraient amenés à rester et/ou à jouer davantage en 2018-19, mettre en place un schéma de jeu en vue de la saison prochaine, voire écarter ceux qui ne seront plus là sont autant d’idées possibles afin de créer un peu d’enjeu lié à la politique du club ; même dans le cas de matches sans grand intérêt. Aussi, que le club change d’actionnaire ou pas, des bases (voire plus si M6 reste) pour le mercato d’été doivent se discuter en interne, et ont même déjà dû l’être si les choses sont faites de façon sérieuse. Mais sur cet aspect ; comme sur d’autres domaines en interne (formation, cellule de recrutement, administration, communication, marketing) ; selon les personnes et les possibles nouveaux moyens qui seront (ou non) déployés, la politique du Haillan peut probablement changer d’ici juin.

Dans tous les cas, même si cela ne concerne pas forcément que le terrain et les apsects visibles de l’iceberg, la saison des Girondins n’est pas vraiment finie. Mais si les supporters sont quand même convaincus du contraire, ils ont largement le droit de ‘couper’ avec le FCGB de façon anticipée. 2017-18 a déjà été bien assez éprouvante comme ça