L’économiste B. Drut et l’avocat T. Granturco alertent sur les risques du LBO et du trading de joueurs

FootMercato consacre un long et très bon papier aux possibles projets de GACP et de King Street, les fonds d’investissement venant de reprendre le FC Girondins de Bordeaux (GACP en tête de gondole, actif sur le terrain, et KS en actionnaire principal, en coulisse), avec le club au scapulaire.

Plusieurs experts témoignent, notamment l’économiste Bastien Drut et l’avocat Thierry Granturco.

DRUT : « L’exemple le plus spectaculaire de LBO (achat avec effet de levier) dans le football est celui de Manchester United, qui avait été acheté par la famille Glazer en 2005 grâce un endettement de grande ampleur. Les risques sont très simples : pour qu’un LBO marche, il faut déjà que le club acheté soit suffisamment bénéficiaire pour rembourser la dette. S’il ne l’est pas, l’endettement grossit et cela peut mener à la faillite. (…) Pour les clubs de taille intermédiaire, la principale stratégie pour être bénéficiaire concerne le marché des transferts. Il est clair que certains investisseurs achètent des clubs pour pouvoir les revendre, et plus cher. Du point de vue du club, les avantages sont très limités. Les propriétaires cherchent avant tout la rentabilité financière. Les Glazer ont fait sortir 1 milliard en intérêts, dividendes et commissions en tout genre depuis 2005. Cet argent aurait pu servir à construire un effectif plus compétitif. »

GRANTURCO : « C’est déjà basé essentiellement sur le trading de joueurs puisqu’ils n’ont pas vraiment d’autres possibilités de monter ce genre d’opération sans compter des retours sur investissements via les transferts. (…) Si on fait un calcul à court terme, comme c’est le cas de ces investisseurs, on se dit : « Pourquoi on n’en bénéficierait pas aussi ? ». Vous avez des traders, et qui ne veulent rien construire du tout. Ce sont des gens qui descendent dans le milieu du foot et qui veulent des retours sur investissements vite. Ils ne peuvent pas construire comme ça. (…) Ces investisseurs, ils vont faire un maximum de cash, jusqu’au jour où ils décideront que maintenant ils peuvent vendre le club avec une grosse plus-value. »