C. Lepetit : « Il y a beaucoup de choses à faire pour faire rentrer le club dans l’ère moderne du foot »

En entretien pour France Bleu, l’économiste Christophe Lepetit, professeur au Centre de droit et d’économie du sport (CDES) de Limoges, donne ses ressentis, avant le grand oral de Joseph DaGrosa devant les élus de Bordeaux Métropole et le vote de cette collectivité pour finaliser le rachat du FC Girondins de Bordeaux par le fonds d’investissement General American Capital Partners.

« On est dans une situation normale, la finalisation d’un processus de vente, avec (…) un acheteur qui protège les conditions de l’offre qu’il a formulée. Et il y donc a l’intervention, au milieu de tout cela, de Bordeaux Métropole, en tant que propriétaire du Matmut Atlantique, qui exige, à juste titre, toutes les garanties nécessaires. Donc il n’est pas illogique de se trouver dans une situation où il y a beaucoup de questions qui sont posées sans forcément avoir pour l’instant toutes les réponses. (…) Les fonds d’investissement et les montages, ça se voit de plus en plus. C’est donc une question qui peut être amenée un jour à devoir être tranchée par les instances européennes, si jamais il y a des dérives observées sur la provenance de l’argent ou sur la sortie de l’argent de l’économie du football…

(…) On sait que les investisseurs qui veulent acheter les Girondins de Bordeaux ont dit vouloir être là pour 5 à 10 ans. Et ce club n’a pas fait la démonstration de sa rentabilité, bien au contraire. (…) Le club est quasi systématiquement en déficit, et l’actionnaire doit jouer son rôle en assurant la pérennité du club et donc en investissant dans le capital ou en investissant en compte courant. On a donc bien du mal à imaginer encore que les Girondins de Bordeaux puissent être véritablement rentables et puissent permettre aux futurs actionnaires de réaliser une bascule financière positive au bout de cinq à dix ans. La vente des joueurs comme seule solution ? Effectivement, il n’y a pas de recette miracle. Il y a évidemment la vente de joueurs, puisque c’est un marché en inflation. (…) Et puis, l’autre façon de gagner de l’argent, c’est de développer ses revenus en France et à l’international, en développant la « marque club ». Or, Bordeaux est une marque qui rayonne à l’international. Et il y a beaucoup de choses à faire aujourd’hui, pour faire rentrer le club dans l’ère moderne du football, qui est vraiment axée sur l’aspect du développement commercial. »