Stéphane Martin, six mois après…

Et dire que tout est parti d’une lettre de ‘candidature spontanée’ envoyée en 2016. C’est en tout cas l’histoire qui a été racontée, par Stéphane Martin, Jean-Louis Triaud et Nicolas de Tavernost – dirigeant d’M6, l’actionnaire des Girondins -, quand on leur demande d’expliquer la genèse de ce changement qu’on a tous pris comme une grande surprise.

D’abord administrateur du FC Girondins de Bordeaux, pendant quelques mois, Stéphane Martin (46 ans) en est donc devenu le nouveau président-délégué… salarié ce fameux 9 mars 2017 ; jour d’une conférence de presse inattendue, et annoncée la veille pour le lendemain. De 21 ans son aîné, Jean-Louis Triaud, resté également 21 ans président – bénévole – des Girondins (dont 3 en duo avec Jean-Didier Lange et 6 mois de break, en 2002, au profit d’un Dominique Imbaultassez facilement oubliable), laissait alors sa place à… un « inconnu« . Outre son patronyme, qui a d’abord amusé par son côté « passe-partout », Stéphane Martin n’avait en effet aucune expérience dans le football, sinon une passion pour les Girondins et une grande connaissance de ce sport ; disait-il pour se présenter à l’époque.

Actualités - Girondins33

Depuis ça, le natif de Bordeaux ; à défaut d’être parvenu à dissuader les médias de penser que sa carrière dans le monde bancaire est à relier avec l’arrivée future de nouveaux investisseurs ; nous a prouvé cette passion et cette connaissance… mais pas que ! En effet, le discours  et – surtout – les actes du nouveau dirigeant des Marine et Blanc lui ont permis, on peut le dire, de réussir son installation dans son tout nouveau rôle. A la manière d’un nouveau joueur arrivant dans un club, Stéphane Martin s’est donc « imposé ». Son nom, son visage et sa voix sont à présent des éléments incontournables de l’actualité du club au scapulaire ; comme l’étaient ceux de Triaud. Un JLT dont Martin a repris la proximité (relative…) avec les supporters, mais dont il diffère grandement, dans le style, déjà (moins « personnage de théâtre » et plus moderne dans sa communication et dans son expression), mais aussi dans l’approche de la fonction et les méthodes de management.

Car s’il a d’abord insisté, notamment par respect pour le bilan et la longévité de son prédécesseur, sur le fait qu’il était dans la continuité du vigneron – lequel reste au passage président du Conseil d’Administration des Girondins -, Martin a été pour beaucoup, avec Jocelyn Gourvennec et Ulrich Ramé (directeur sportif), dans la refonte massive de l’effectif et des contrats opérée cet été.

Le premier mercato du nouveau président (9 arrivées pour 18 départs) a ainsi été le plus actif des Girondins depuis le début du siècle. Un bon moyen de poser sa patte d’entrée, et ce surtout quand le mercato en question semble bon, voire très bon, et qu’il s’est accompagné d’un investissement humain et financier rarement vu de la part d’M6 et de son boss, Nicolas de Tavernost, surtout sur le cas Malcom, joueur-symbole du Bordeaux de 2017.

http://www.zupimages.net/up/17/25/bucr.jpg

« Si on présente un projet cohérent, crédible ; à l’image de ce qu’est le club ; et basé sur les jeunes, sur la progression du club, notre actionnaire ne fermera pas la porte. Si on trouve un bon modèle sportif et économique, qui tient la route et qui permet de bonifier l’équipe actuelle, alors je ne pense pas qu’M6 fermera la porte à des investissements et refuse d’investir. » Prononcés le 4 avril sur RMC, ces mots d’un Martin alors encore en phase de rodage ont désormais pris un sens. En effet, quand NdT lui-même, après un mercato ambitieux, se risque à parler de la 3ème place comme objectif, on se dit que Bordeaux a peut-être trouvé ce « modèle sportif et économique », autour de sa nouvelle direction et d’un jeune entraîneur qui colle au club et à sa situation de renouveau. C’est justement cette stratégie et cette vision qui manquaient, sur les dernières années, au prédécesseur de Stéphane Martin, ce qui empêchait Bordeaux de viser plus haut… Ou plutôt d’avoir la légitimité pour le faire.

Mais cette belle photographie de l’instant doit maintenant se confronter à la dure épreuve du temps. Car pour l’instant, mis à part de bons résultats en Ligue 1 sur l’année civile 2017 (Bordeaux 3ème depuis janvier) et un mercato plutôt intéressant, il n’y a encore que des promesses et pas de concrétisations. Pire, un premier échec, et même un très gros, est déjà venu souiller le joli tableau : l’élimination européenne honteuse et prématurée contre les Hongrois de Videoton. Un « accident » – l’avenir dira si c’en était bien un ou pas – qui est venu rappeler la froide réalité d’un club encore et toujours en reconstruction, et loin du haut niveau qu’il espère retrouver.