Willy Sagnol explique les soucis d’un coach avec les conférences de presse

Sur RMC, hier, l’ex entraîneur des Girondins de Bordeaux, Willy Sagnol, a développé un point de vue général sur l’importance pour les dirigeants de faire respecter le club par les joueurs, et sur la difficulté pour les coaches de communiquer quand cela n’était pas bien fait :

« Dans beaucoup de clubs en France, malheureusement, la chaîne hiérarchique n’est pas respectée, et quand le président passe de la crème à chaque fois à un joueur de l’effectif qui fait des déclarations ou qui a un certain comportement qui dépasse les bornes (il parle là de Menphis Depays à Lyon, ayant dit qu’il était un grand joueur et que donc il voulait être dans un club jouant vraiment au football, NDLR), c’est fini pour l’entraîneur car la personne la plus haut placée du club a laissé faire et a même dit que tout était ok et qu’il fallait comprendre le joueur.  L’entraîneur est mort dans ce cas, il ne peut plus rien dire. Les infos passent entre les personnes en-dessous et au-dessus, et pour un coach c’est très dur.

(…) Faire passer des messages via la presse, en conférence ? C’est très compliqué. Les vrais relais se font ailleurs maintenant : dans les réseaux sociaux, ou dans les interviews plus cadrées, mais en conférence de presse… C’est très dur. Déjà, il faut savoir que la seule raison pour laquelle l’entraîneur va en conférence de presse c’est parce que c’est obligatoire, pour une question de contrat, avec la LFP. Si l’entraîneur n’avait pas de conférence de presse à faire, je pense qu’encore plus de gens voudraient être entraîneur. Quand j’étais entraîneur, j’ai été en conf’ de presse, j’en ai parfois dites des conneries, mais ce qui est dur c’est que tu ne sais jamais comment ton message va être perçu, même si toi tu sais comment tu veux le faire passer.

Et puis, le souci c’est que tu fais 4 à 5 conf’ par semaine, si tu es dans un club qui joue tous les trois jours, donc tu sais que plus tu parles et plus tu vas dire des conneries. C’est comme ça, ça m’est aussi arrivé… Parfois, tu sors des mots, et tu regrettes un mot, un choix de mot car l’interprétation est dure. Un vieux politicien – je ne sais plus lequel – disait qu’on est toujours responsable de ses mots, mais jamais de l’interprétation que les autres en font. Entraîneur, c’est pareil. Plus tu parles et plus, à un moment, tu risques de dire des conneries. Donc les coaches, surtout dans les grand clubs, sont de plus en plus briefés, et souvent il ne ressort rien de ce qu’ils disent. Ou alors, une fois de temps en temps, sur un sujet précis. Mais le problème c’est que les questions sont souvent toujours les mêmes, et reviennent plusieurs fois de suite, car les journalistes veulent absolument une réponse, donc toi tu n’as plus envie. Qui est authentique aujourd’hui ? Thierry Laurey (Strasbourg)… Et on voit ce qu’il se prend dans la tronche. Il y a aussi Jean-Louis Gasset (Sainté) ou Antoine Kombouaré (Dijon). Ricardo ? Ah non, lui il n’a pas le droit (rire) !«