Willy Sagnol : « Si on avait délaissé l’Europe (en 2015) ? Oui, mais à un moment donné tu es obligé… »

Sur RMC, dans son émission ‘Ici c’est Willy’, l’ancien entraîneur des Girondins de Bordeaux, Willy Sagnol, a parlé du très mauvais début de poule européenne des Marine et Blanc : deux défaites en deux matches, sur le terrain du Slavia Prague (0-1) et contre le FC Copenhague (1-2). Sagnol, déçu par le FCGB, se souvient notamment avoir eu du mal, lui aussi, à gérer Ligue 1 et Europa League, en 2015-16.

A noter que son focus sur Bordeaux se fait dans le cadre d’une analyse globale, faite après les mauvais résultats européens de la semaine des clubs français (défaites de Monaco, Rennes et Bordeaux, matches nuls de Lyon et Marseille, victoire de Paris) :

« On ne peut pas résumer la situation de tout un football national et le niveau d’un championnat à une ou deux journées de Ligue des Champions et d’Europa League où les résultats ne sont pas bon. Des équipes comme Rennes et Bordeaux sont en difficultés depuis le début de saison, donc c’est logique qu’elle le soit aussi en Europe… Si l’Europe n’est pas une priorité pour elles ? Mais moi je n’ai jamais dit que c’était une priorité… Mais je dis juste que ces équipes vont mal en championnat. Même Marseille, ce n’est pas le même OM que celui de la saison dernière qui va en finale de la Ligue Europa, la machine s’est déréglée et ça peut se passer d’une saison à l’autre.Et pour Rennes et Bordeaux, ce n’est pas car tu achètes des joueurs que tu te renforces. Mais tout le niveau du foot français ne se résume pas à ça. Sinon, l’an passé, avec Marseille en finale, il fallait dire qu’on avait un niveau exceptionnel ou génial ?

(…) Je crois surtout qu’on ne parle pas assez d’une donnée : le championnat de France est peut-être le plus homogène des grands championnats européens. Les différences de niveau entre le 5ème et le 12ème sont très faibles, donc comme la Ligue 1 est difficile et que des équipes comme Rennes et Bordeaux se sont qualifiées pour l’Europe en terminant 5 et 6ème alors qu’elles auraient aussi bien peu finir 12èmes… Ces clubs, en Europe, n’ont aucune marge et sont sans cesse dans la difficulté, à chaque match. Bordeaux a perdu 15 matches de Ligue 1 la saison dernière… Et ils sont européens. Vous imaginez ? Et en plus leur meilleur joueur, Malcom, est parti, et ils n’ont pas réinvesti pour le remplacer car ils veulent vendre le club. Du coup, dans l’effectif de Bordeaux, qui est habitué à jouer l’Europe ? Jimmy Briand, Jaro Plasil, et… c’est tout. Le souci, il est aussi, en Ligue 1, que le budget du 6ème c’est 65M€ alors que celui qu dernier c’est 25-30M€, mais si tu rajoutes ça au budget du 6ème – 90M€ donc – tu n’arrives même pas au budget du 4ème. Il y a donc 4 équipes largement devant, et le reste dans un mouchoir de poche. 

(…) Moi, la Ligue Europa, je l’avais jouée une saison, avec Bordeaux. On termine dernier d’une poule avec Liverpool, le Rubin Kazan et Sion. Si on avait délaissé cette compétition ? Oui, mais tu ne peux pas faire autrement, car à un moment donné tu es obligé… Mettez-vous à la place d’un entraîneur. Tu joues le premier match à domicile contre Liverpool, tu fais 1-1, c’est pas mal, mais tu es déjà sur le pont depuis fin juillet, à jouer tous les 3 jours, avec un effectif qui n’a jamais joué l’Europe de sa vie… Ensuite, tu fais 0-0 à Kazan, dans un match où tu tapes 4 fois les montants, ça fait 2 points en 2 matches ; puis tu reçois Sion, qui marque sur sa seule occasion alors que toi non alors que tu en as 20… Au bout de 3 journées, tu sais que c’est fini, surtout avec un effectif où tu as 18 pros + des jeunes et personne qui est habitué à l’Europe. Donc tu ne peux juste pas jouer les deux compétitions, la Ligue 1 et puis l’Europe, c’est impossible. Que fallait-il faire, concrètement, pour montrer que c’était une priorité ? Ne pas faire tourner ? Mais moi, à Bordeaux, je ne faisais pas tourner, je ne pouvais pas, je n’avais pas l’effectif pour ! Mais on n’a rien galvaudé non plus, car les clubs français en général ne la galvaudent pas. »