Nicolas Vilas a interviewé Paulo Sousa et analyse son discours

Journaliste pour RMC, le Franco-Portugais Nicolas Vilas, qui a interviewé Paulo Sousa, le nouveau coach des Girondins de Bordeaux, parle en détails de l’échange qu’il a eu avec lui : 

« Ce qu’il pense du fait que Bordeaux soit un ‘club à cash’ ? En fait, il ne répond pas directement à cette question, mais il finit quand même par le faire. Ce dont il se rend compte, surtout, et il le répète beaucoup, c’est qu’il faut imposer la culture de la gagne, du travail et même… du club en fait. Pourtant, il dit que Bordeaux c’est un club historique, mais qu’il faut tout recommencer, car les joueurs et le club ne sont pas imprégnés de tout ça. Ensuite, le trading, il l’a vécu dans les autres clubs où il est passé comme coach, tous hors du Portugal, où il n’a jamais entraîné et qu’il a quitté à 23 ans quand il jouait. Pour lui, le trading, il doit être assumé et tous les clubs, en dehors des plus grands d’Europe qu’on retrouve tout le temps en quart de Ligue des Champions et après, sont condamnés à ça. »

« En fait, ça va même devenir un vrai modèle, même si – attention – le foot portugais est devenu une caricature de ça, surtout avec le clubisme qui règne et le fait que ce soit le dernier pays européen où les droits TV sont négociés individuellement. Du coup, même des clubs de l’élite peuvent avoir des budgets de 3.5M€, comme dans le National français. Alors tous les clubs sont ultra-dépendants de la vente des joueurs, même les gros qui n’ont parfois que 40-50M€ de budget. Du coup, le trading, il est décomplexé et assumé, car obligé… Et ça n’empêche pas Porto ou le Benfica de gagner le championnat et d’être bon en Europe. Alors ça viendra peut-être à Bordeaux. Mais Paulo Sousa, quand on lui demande quel est le projet de Bordeaux, il sait très bien qu’il n’aura pas les moyens que Leonardo Jardim a à Monaco. Sauf qu’il se repose sur son expérience de coach, car il dit que l’argent ne fait pas tout. Pour lui, le fait de recruter cher n’est pas un gage de réussite. Alors il accepte le contexte. Et il veut jouer le haut du classement dès la saison prochaine, c’est à dire l’Europe.

Aussi, Sousa a signé un contrat de 3 ans et demi avec les Girondins, donc c’est quand même beaucoup de temps… Et son discours, moi, je l’adore, car il a la classe, rien que dans sa façon de parler. Paulo Sousa, contrairement à José Mourinho, il a une vision romantique du jeu. Il ne méprise pas le gagner moche, comme le Portugal à l’Euro 2016 ou la France à la Coupe du Monde 2018, mais ce n’est pas ce qu’il revendique. Il préfère l’autre manière, et il assume ça. Même s’il comprend qu’on préfère le pragmatisme. »