Gustavo Poyet : « Nous ne pouvions pas emmener Bordeaux là où il méritait »

Renvoyé des Girondins de Bordeaux pour motifs disciplinaires l’été dernier, le coach uruguayen Gustavo Poyet (51 ans), à la recherche d’un nouveau challenge, est en entretien pour The Coaches Voice.com et revient en longueur sur chacun de ses passages dans un club.

Extraits des confessions de l’ancien milieu de Chelsea et coach de Sunderland, du Betis Séville ou encore de l’AEK Athènes, sur ses quelques mois au FCGB et ses conflits avec la direction de l’époque :

« La vie en Uruguay est lente, mais moi je suis une âme sans repos. (…) Je dis à tous les joueurs qui débutent maintenant comme entraîneurs qu’en dehors des diplômes il n’y a pas de meilleur moyen de se préparer à devenir entraîneur en chef que d’être un assistant. Mais ce n’est qu’à l’âge de 30 ans que j’ai vraiment commencé à penser un peu comme un coach. Ensuite, j’ai commencé à faire très attention, à prendre des notes. Je ne l’avais pas fait jusque-là.

(…) Bordeaux, c’était une autre ligue différente, encore, et une situation similaire à celle que j’avais rencontrée à Athènes. Ce fut une période très importante dans ma carrière de manager. Partir dans un pays différent et éloigner l’équipe de la menace de relégation avant de terminer la saison en ayant un style de jeu extraordinaire pour se qualifier pour la Ligue Europa, c’était fort. Encore une fois, j’ai démontré que je suis précieux. Mais il y a certaines choses qui se passent dans le football aujourd’hui, tellement de choses avec lesquelles vous devez faire face quotidiennement – et en particulier du côté économique – et qui dépassent la réalité. A Bordeaux, cela signifiait que nous ne pouvions pas emmener le club là où il méritait d’être. Parce qu’en réalité, c’est un club qui devrait figurer dans le Top 6 du football français, sans problème.

Mon départ il a eu lieu après que je me sois dit qu’il était gênant qu’un club puisse vendre un joueur sans que je le sache, le jour d’un match de Ligue Europa. Il était dans le onze de départ pour ce match, mais à 12h15, le jour même, il n’est pas venu à l’hôtel. C’est seulement à ce moment-là que j’ai découvert son départ. Tout ce que j’ai demandé, c’est du professionnalisme et du respect. J’avais alors le besoin d’une explication. Parfois, malheureusement, en tant qu’entraîneur, on évolue dans un monde où tout notre entourage n’aime pas se faire rappeler la réalité. Ils exigent que vous soyez honnête – mais, en réalité, ils ne veulent pas de vous. Dans la plupart des clubs que j’ai entraînés, ils m’ont donné un but et je l’ai atteint – donc j’ai aussi gardé une relation très spéciale et étroite avec les joueurs et les fans, construites sur le bon sens et l’honnêteté -.

Maintenant, si un club il recherche quelqu’un qui dira des demi-vérités aux supporters pour qu’ils achètent un abonnement, je ne suis pas intéressé. Quand tu es enfant, quand tu es joueur, tu rêves de jouer pour le Real Madrid ; mais en tant qu’entraîneur, ce n’est pas un club dont je rêve. Mon rêve, c’est un président et un directeur sportif qui sachent à quoi je ressemble, qui connaissent ma famille, mes amis, qui sachent que ce qui compte pour moi c’est d’aider mes joueurs, de faire en sorte qu’ils soient dans les meilleures conditions possibles pour faire tout leur possible afin de remporter des matchs. Si vous trouvez un bon président, vous avez trouvé un bon club. Et quand je trouve ça, ce club devient tout pour moi. Ils ont trouvé leur plus grand fan. »