François Grenet : « Dès la genèse, ça n’a jamais été très transparent »

Contacté par GOLD FM, l’ancien défenseur latéral des Girondins de Bordeaux, François Grenet, commente l’actu assez triste et maussade du FCGB, entre finances dans le rouge vif et conflits à gogo, sans oublier un domaine sportif dont il veut parler en priorité mais sur lequel il ne voit rien de bon à dire quand même :

« Comment je vis ce qui se passe aujourd’hui ? Pas bien, mais comme la plupart de mes ex-confrères, et comme tous les amoureux du club, car on est dans une situation qui est un marasme total, qui est pathétique. C’est l’image du club, avant de parler de l’image de la ville… Mais voilà. On se demande toujours, quand on tombe aussi bas, comment on a pu en arriver là, et sans rentrer dans le détail je pense que c’est une conjonction de choses. Il y a une situation actuelle, mais il ne faut pas oublier qu’il y a eu aussi des atermoiements il y a quelques années qui ont contribué également à la situation dans laquelle on est aujourd’hui. Donc oui, je suis triste, inquiet et un peu atterré par tout ce qui se passe, par le fait d’être spectateur de tout ça. J’aimerais en savoir plus, mais… Il y a beaucoup de choses qui se disent, de tous les côtés, mais après, quand on s’exprime, il y a toujours le fond et la forme. Sur le fond, je pense qu’il faut avoir des billes pour s’exprimer et juger, si tant est qu’on ait la capacité de le faire, car chacun son métier. Mais sur la forme, je crois que tout le monde peut unanimement dire que l’équipe actuelle, les dirigeant actuels, les propriétaires, se sont tous royalement plantés. Et aujourd’hui, je ne vois pas, très sincèrement, comment on peut sortir de cette impasse, et encore moins comment en sortir rapidement. Car chaque jour qui passe, chaque semaine qui passe, ça nous rapproche de la compétition qui va reprendre, mais on ne sait pas dans quelles conditions. La priorité est bien évidemment le contexte sanitaire, mais le club est dans un état lamentable.

Actuellement, ce qui occupe l’actualité, malheureusement, c’est tout ce qui est extra sportif, et le sportif on n’en parle pas beaucoup. Je crois que le point de non-retour est atteint et que même si les politiques s’en mêlent plus ou moins, malheureusement, je ne vois pas comment réconcilier la direction actuelle avec les fidèles supporters et le Virage Sud des Ultras. Si on revient à la genèse de tout ça, au changement de propriétaires du club, qu’on rembobine un peu la cassette, ça n’a jamais été très transparent. GACP – King Street, King Street – GACP, puis que King Street… GACP a mis en place des équipes et son réseau, comme aurait fait n’importe quel acteur ne maîtrisant pas son sujet et ici le football. Mais je crois qu’on était là dans la branche sportive et moi c’est ce qui m’intéresse. Le reste, comme j’ai dit, je n’ai pas les compétences… Enfin, avec du bon sens, ça m’intéresserait et on pourrait échanger, mais il faut qu’on me dise comment l’audit avait été fait et ce qui avait mis en place pour que le club avance, se développe. En tout cas, sur le sportif, je rêve – ou plutôt je cauchemarde -. Est-ce qu’il n’y a de la compétence qu’à l’extérieur ? Qu’en Espagne ou au Portugal ? Ils ont des méthodes qui sont les leurs, certains ont fait leurs preuves, mais bon… Je ne suis plus allé au Haillan depuis un bon moment – à part pour la retraite de Marius (Trésor), et d’ailleurs ça m’avait fait plaisir de revoir, dans ce cadre, des têtes connues et des gens ayant fait la gloire de ce club -, mais j’ai l’impression que pour y aller il faut maîtriser le Portugais, l’Espagnol… En plus, je trouve que ces gens-là sont très bons en théorie – encore que chacun a la sienne -, mais qu’en pratique ça ne se matérialise pas par des résultats. J’ai l’impression que tout s’étiole, que tout le monde se tire dans les pattes et que le club est abîmé.

L’identité du club qui se perd ? Je ne veux pas faire le rabat-joie ou le vieux guerrier, car des choses s’expliquent. N’importe quel autre club a aussi dû évoluer avec le football actuel, avec les médias actuels, les réseaux sociaux, etc… L’évolution fait partie de la vie, donc c’est normal que le club évolue, se modernise. Le club en avait même profondément besoin de tout ça, car il y a des choses à redire sur l’ère M6, mais je crois que le club a mal évolué, ça c’est sûr. Si tout a été fait trop vite ? Je pense que les gens – et là je vais englober l’administratif au sens large, avec aussi le sportif -, que tous les gens qui sont arrivés ici avec leurs missions et leurs responsabilités, sont arrivés soit en pays conquis ; et c’est malheureux ; soit en sous-estimant l’identité qu’avaient ce club et cette région. Sur le fond, je ne peux pas juger, car ils ont acheté le club et qu’après je ne sais pas ; mais sur la forme, je trouve qu’au niveau de l’identité… Bon, c’est assez normal qu’on vienne avec ses méthodes, ses réseaux à faire marcher, qu’on envoie à des postes clés des gens de confiance… Sur ça, c’est partout pareil je pense. Mais la manière… Monsieur DaGrosa, avec tout le respect que je lui dois, au même titre qu’à Monsieur Longuépée, ils savent comment fonctionnent les entreprises, le management. Ils ont réussi dans leur vie, ça, ça ne se conteste absolument pas, mais je répète vraiment qu’un club de football c’est une entreprise différente. Si tant est qu’on ait des méthodes qui ont fait leurs preuves dans l’entreprise, tout n’est pas transposable et applicable. Ce qui a été fait à Paris, à Marseille, à Lille, ce n’est pas forcément transposable à Bordeaux, car il faut s’adapter à l’environnement dans lequel on est, dans lequel on évolue et qu’on arrive dans un environnement qui a existé avant. Je pense, une fois de plus, qu’entre le fond et la forme, ils avaient surement leurs raisons, leurs méthodes dans le fond, mais que sur la forme ils se sont complètement plantés. Et aujourd’hui, on en est là parce que sur la forme c’est parti en étant un peu vicié dès le départ. Donc on en arrive à un point de non-retour, malheureusement. »

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