Y. Hautbois : « On ne transforme pas l’identité d’un club en FC LinkedIn »

Dans L’Équipe, un édito de Yohann Hautbois livre un regard amer sur les problèmes des Girondins de Bordeaux et leur avenir flou, où les supporters représentent des valeurs oubliées par le club.

« ‘C’est triste pour le football’, a-t-on entendu à la télévision, en marge de Bordeaux – Nîmes, au moment où les ultras bordelais descendaient de leur tribune pour interrompre pendant 25 minutes la rencontre et exprimer leur mécontentent après que la direction du club leur ait refusé le déploiement d’une banderole hostile aux dirigeants, finalement accrochée plus tard. On a connu plus virulent comme message à l’adresse d’un actionnaire, mais les commentateurs de beIN Sports n’y ont pas été sensibles, ‘tristes’, donc, qu’on leur laisse de méchants ultras, les gilets jaunes du ballon rond, certes pas bien malins avec leur majeur tendu bien haut et leurs insultes, manifester contre la crise de gouvernance profonde que connait leur club.

Des Girondins dirigés, selon une enquête de la Revue Far Ouest, qui a interrogé des salariés d’un Haillan à l’ambiance climatisée, par des ‘Top managers » très Nouveau Monde ne connaissant ‘pas vraiment le milieu du football, ce qui est un peu dommage quand on travaille pour un club de foot’. On appelle ça une lapalissade, mais il est toujours bien utile de rappeler quelques fondamentaux, à commencer qu’on ne transforme pas l’identité d’un club en FC LinkedIn, avec à sa tête des ‘CEO Head of CTO & Co-Founder of Online Sport executive director of the digital fundraising factory’. Dix mois après, l’interview dans ces colonnes de Frédéric Longuépée, président-délégué du club, offre d’ailleurs une drôle de résonance : ‘Je suis convaincu qu’un club de football ne fait pas partie de l’industrie du sport mais de celle du divertissement’ disait-il. Le profil LinkedIn d’Antony Thiodet, le directeur Ticketing et Hospitality et autre cible des ultras, résonne aussi drôlement, lui qui veut faire des Girondins ‘la plus puissante des plateformes de lien social Business et valorisation de la culture du Sud-Ouest !’. Un concept peut-être joli (même si ça ne veut pas dire grand-chose), qui oublie que le foot n’est pas une entreprise totalement comme les autres ni une simple marque – ‘brand’, pardon -. (…) Les supporters, s’ils n’ont pas tous les droits, seront toujours là, eux. »