Pierre Rondeau : « La logique de pérennité, facteur de réussite dans le sport, est totalement reniée »

Au cœur d’un article de So Foot (à lire ICI) – qui cite ce dossier de la Revue Far-Ouest – sur le nouveau Bordeaux à la sauce américaine, qui s’annonce pour octobre, l’économiste Pierre Rondeau, spécialisé dans le sport et surtout le football, réexplique pourquoi il est inquiet quant à l’avenir du FCGB.

En effet, voir un fonds d’investissement américain (GACP) soutenu par un fonds de placement (King Street) issu de ce même pays devenir les décideurs du FCGB pose des questions. Et les réponses possibles vues par Pierre Rondeau ne font… pas du tout plaisir.

« C’est extrêmement dangereux, parce qu’on va jouer sur la vente de joueurs à plus-values et sur les gains sportifs (primes de match, revenus télévisuels, etc.). Donc le club se doit, saisons après saisons, de générer des bénéfices malgré les aléas qu’impose la glorieuse incertitude du sport. En plus, ce sont des gens qui sont totalement désintéressés de la culture locale. Donc dès que cela va bien fonctionner, ils vont vendre. La logique de pérennité, facteur de réussite dans le sport, est totalement reniée. (…) On peut très bien se retrouver avec le même modèle que le Red Bull Salzbourg, où les couleurs, l’emblème et l’histoire du club ont totalement été bafoués. À Bordeaux, le club c’est « Les Girondins de Bordeaux ». Et « les Girondins », c’est franco-français, tandis que « Bordeaux », c’est international. Donc on peut imaginer un fonds d’investissement attiré par la marque « Bordeaux« , qui renomme le club « FC Bordeaux ». De la même façon que le « Paris Saint-Germain » est devenu « Paris » depuis l’arrivée des Qataris. Ils peuvent également changer la couleur du maillot, mettre une bouteille de vin sur le logo… On peut tout imaginer. »