Jean-Pierre Papin : « Pour moi, Bordeaux, c’est la belle histoire »

Interrogé par Sud Ouest, dans un ‘grand entretien’ sur son parcours, l’ex grand buteur et Ballon d’Or qu’est Jean-Pierre Papin retrace en détails son passage aux Girondins de Bordeaux, vers la fin de sa carrière.

« Je n’aurais jamais dû quitter le Milan AC pour aller au Bayern Munich, même si c’est aussi un très grand club et que je jouais peu en Italie. C’était un mauvais choix, même si j’y ai gagné la Coupe de l’UEFA 1996, avec la finale contre Bordeaux. Moi qui n’avais jamais été blessé, à force de souvent voyager, de faire beaucoup de matches et de ne pas avoir de préparation comme j’aimais, je l’ai été 5 fois, je suis resté 14 mois out. Après, Bordeaux, pour moi, c’est la belle histoire. Déjà, après la finale, les Allemands m’ont oublié à Bordeaux (rire), car ils ont su que le soir j’étais resté avec des joueurs des Girondins que je connaissais bien et qui étaient mes amis. Donc le lendemain matin, vu qu’ils m’avaient oublié, je suis rentré en avion privé, puis je suis reparti. Là, je revenais de blessure, j’étais bien, et je ne voulais pas revivre une année comme celle d’avant, d’où ça avait été très dur de revenir vers le plus haut niveau. Alors, quand le projet girondin est arrivé, avec beaucoup d’ambitions et Rolland Courbis à la tête, je n’ai pas hésité. Mais ça s’est fait tard en fait, car la finale s’est jouée fin mai et les contacts ont été faits en juillet. Entre temps, j’ai pu partir à Aix-en-Provence, en vacances, et j’ai reçu un coup de fil de Rolland, alors que je repartais à Munich le lendemain. Et en 15 jours c’était terminé.

(…) Bordeaux nous a donc permis que je finisse honorablement ma carrière et que l’on rentre en France pour traiter Emily (sa fille, handicapée ; NDLR) comme on le voulait. (…) Je ne connaissais pas la région, mais j’y vis toujours à présent, donc ça a été un coup de foudre. En allant sur le Bassin d’Arcachon, alors qu’on habitait Gradignan, on s’est dit que c’était magnifique et qu’il fallait habiter là. Et du coup, on y est toujours. (…) Aux Girondins, j’ai eu beaucoup de joies, j’ai découvert un club sur lequel je n’avais aucun doute et dont j’avais souvent été l’ennemi quand j’étais à l’OM, mais j’ai tout adoré durant mes deux saisons, comme ce stade Chaban-Delmas, en plein centre de la ville… Mais ça a été compliqué pour moi, sur les 5-6 premiers matchs, car une partie du public ne m’applaudissait pas. J’étais ‘l’ancien Marseillais’ en fait… Et puis, à partir du moment où j’ai commencé à marquer des buts, c’était terminé. Et donc pour terminer, sincèrement, c’était deux saisons superbes. (…) Bordeaux, c’est une ville de football, et j’ai un peu de regret, à présent, quand je vois comment ça se passe aujourd’hui. Ne pas voir un des plus beaux stades de France rempli, ce n’est pas normal. Quand on a joué aux Girondins, on sait que les supporters sont là, que ça aille ou pas, car ils aiment ce club, sauf qu’il faut des résultats. Le Virage Sud est toujours là, tout le temps, on ne peut rien leur reproche, ils sont très impliqués, et peut-être trop ces derniers temps, mais on peut comprendre leur philosophie quand on a joué aux Girondins. En tout cas, ce club, il est superbe. »

Désormais coach de Chartres, avec qui il vise la montée en National, JPP va quand même devoir quitter Bordeaux et le Bassin, mais y reviendra sans doute dès que possible.

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