Florian Brunet : « Ce n’est pas, pour l’instant, contre les Américains »

Dans un long entretien qu’il accorde au podcast ‘Le Point G, mené par le journaliste Julien Bée, le porte-parole des Ultramarines Bordeaux 87, Florian Brunet, a pu bien (ré)expliquer, encore plus en détails, le fond du conflit (de la « guerre ») des UB 87 avec une partie de la direction des Girondins de Bordeaux, et surtout les personnes de Frédéric Longuépée, le président-délégué, et d’Antony Thiodet, le directeur de la billetterie.

« Cette situation-là, c’est l’aboutissement de quasiment un an de collaboration et c’est tout simplement deux visions du football étant totalement opposées qui s’affrontent et qui sont donc arrivées à un point de non-retour. Nous, on ne leur a aucunement fait des procès d’intention, car on a pratiqué ces gens-là, on a pu travailler avec ces gens-là, on a fait des réunions, on a été en contact régulier, on a écouté ce qu’ils avaient à nous dire, on a observé ce qu’ils faisaient et on a aussi étudié ce qu’ils avaient dit avant d’arriver aux Girondins, car leur philosophie a été étayée avant qu’ils arrivent… et aujourd’hui on arrive à la conclusion que ces gens-là ont une vision qui est néfaste pour le club et qui est surtout à l’opposé de la tradition populaire de nos Girondins de Bordeaux. Donc on est totalement en désaccord avec la mise en pratique de cette vision. Il faut bien comprendre, aujourd’hui, que ce n’est pas contre les Américains. Ce n’est pas, pour l’instant, contre Joe DaGrosa ni ce qu’on appelle le FCGB. Mais il n’y a qu’un FCGB, c’est le FCGB sportif. Voilà.

Or on nous explique depuis des mois qu’il y a une activité parallèle, que cette activité parallèle peut se développer quel que soit le résultat sportif. C’est ce qu’on appelle communément le ‘club de divertissement’. Nous, c’est avec le ‘club de divertissement’ qu’on est en conflit. C’est à dire qu’il y a des gens qui ont le titre de président délégué, pour Longuépée, et de directeur de la stratégie marketing je ne sais plus quoi, pour Thiodet ; mais ces gens-là ne s’occupent pas du sportif. Nous, ce qui nous préoccupe en premier lieu, c’est le sportif. Mais nous, ce qui nous préoccupe en premier lieu, c’est le sportif. Et tous les gens qui s’occupent du sportif, on a des relations qui sont très bonnes avec eux. De toute façon, on ne reconnait plus ce Frédéric Longuépée comme le président des Girondins de Bordeaux, d’ailleurs, Joe DaGrosa a signé son dernier communiqué ‘président des Girondins de Bordeaux’, donc Frédéric Longuépée ne l’est pas, c’est le Président Délégué, ou en tout cas il en a le titre. Mais nous, on ne le reconnait certainement pas comme le président des Girondins. Et Antony Thiodet, par son attitude lors de l’histoire de la billetterie, il s’est mis totalement hors-jeu.

Donc voilà, ce n’est pas avec la partie sportive qu’on a un problème et on est les premiers à dire que le travail qui a été fait cette été – alors, on peut dire qu’ils n’ont pas beaucoup investi etc, mais de ça on s’en fout car on peut faire un meilleur recrutement avec 5M€ qu’avec 30 et que ce ne sont pas les prix d’achat des joueurs qui sont importants mais les résultats – on n’avait pas vu ça depuis la Ligue des Champions. On a deux stars aujourd’hui dans l’équipe : c’est Laurent Koscielny et Paulo Sousa. Et ils n’ont pas que le titre de stars, ils ont le salaire qui va avec… Mais nous, ça nous fait plaisir de démontrer de l’ambition sur ça, parce que des gens de la stature de Koscielny et Sousa, et avec des niveaux de salaire aussi élevés, on n’avait plus connu ça depuis Yoann Gourcuff en 2010. Alors on est les premiers à dire qu’il y a là une ambition sportive qui est manifeste, avec un recrutement qui a été très pertinent : aller chercher Hwang et Benito et faire Koscielny, ça a du sens. Et on s’aperçoit que les résultats sportifs suivent, donc on est très satisfaits de ce début de saison et on est satisfaits du travail sportif ; même s’il manque très certainement un attaquant, mais les discussions qu’on a eues récemment nous laissent penser qu’il y aura un gros travail qui sera fait pour ça au mercato d’hiver. Donc non, on n’a aucun problème avec la direction sportive du club. Et les contacts, très régulier, avec Joe DaGrosa, Hugo Varela, Eduardo Macia, Paulo Sousa, se passe très bien. Maintenant, encore une fois, ce n’est pas avec cette partie des Girondins de Bordeaux qu’on a un problème. C’est vraiment avec Frédéric Longuépée et Antony Thiodet. Ça se limite à ces deux personnes-là. Si demain, ces deux personnes ne sont plus au club, on sera les premiers ravis, ça fera le plus grand bien au club, et on pourra se reconcentrer une nouvelle fois sur l’essentiel. »

« Ce qui est arrivé dimanche (les UB et les supporters du Virage Sud sont restés en coursive, laissant une tribune vide pour FCGB – ASSE mais des banderoles anti FL et AT bien visibles), c’est finalement une illustration de l’erreur qu’ils ont faite, dans leur vision, de vouloir s’éloigner du sportif. Mais au bout d’un moment, le sportif en pâtit. Les Girondins, c’est un club de foot et le terrain doit être central dans tout ce qu’on fait. Or on est en train de nous expliquer qu’on peut développer une activité parallèle et la dernière déclaration de Frédéric Longuépée elle est dans ce sens, en disant : ‘On veut faire venir des gens au stade qui ne viennent pas que pour le football’. Ce n’est pas normal. On parle de quoi, là ? Nous, déjà, on rejette le fait qu’il n’y ait pas de public à Bordeaux, c’est complètement faux. Après, Frédéric Longuépée, on veut bien l’excuser sur ce point, car il ne connait le contexte bordelais que depuis un an, donc il ne peut pas savoir… Mais nous on sait. On sait qu’il y avait 120 000 personnes aux Quinconces en 2009, que le foot est le seul sport qui a mis la ville dehors dans les années 90, que l’année du titre on faisait 30 000 spectateurs de moyenne. On le sait tout ça, comme le fait que pour La Gantoise le public ait répondu présent, car il y avait deux critères : une équipe sur le terrain tenant son rang et des tarifs abordables. Ce match, c’était la meilleure ambiance du stade René Gallice – on y tient à ce nom populaire, donné par les supporters ! -, donc on connait les ingrédients. Et là on vient nous expliquer qu’on veut faire venir un autre public. Mais il y a déjà un public ! Par contre, ce public, il est né dans les années 80, avec le grand Bordeaux, il a perduré dans les années 90 avec la génération Zidane et les titres de 99 et 2009… Mais ce public, il est toujours là ! Sauf qu’il est habitué à un grand Bordeaux : dans les années 80-90-2000, on a eu des titres de manière régulière, donc le public est exigeant.

Alors, il y a une seule recette pour que ce public revienne au stade : le terrain ! Arrêtons donc d’inventer autre chose, il n’y a que le terrain, qui doit être central dans toute la philosophie et on ne peut pas entendre qu’on veuille faire venir un autre public et qu’il ne vienne pas pour le football. Nous, on ne veut pas des spectateurs, on veut des supporters, et ils sont là. Donc on veut qu’ils reviennent au stade. Il faut les faire revenir.« 

GoldFM, avec G4E