F. Brunet (UB 87) : « Qu’est-ce que trois points à côté de l’âme du club ? »

Florian Brunet, porte-parole des Ultramarines Bordeaux 87 ; qui a récemment (ré)affirmé certains doutes sur la solidité financière de GACP, le fonds menant l’actionnariat américain des Girondins de Bordeaux ; avait aussi (ré)expliqué, il y a quelques semaines, la base des soucis entre le club et ses fervents ultras. Détaillant ainsi les raisons des « Longuépée et Thiodet démission » et les problèmes philosophiques du conflit avec la vision économique plus que sportive du FCGB actuel, Florian martèle que l’enjeu et crucial et va bien au-delà de quelques points au classement ou de quelques millions d’euros de recettes.

Pour rappel, et même si les UB ne veulent pas que Frédéric Longuépée (président-délégué du FCGB) y assiste, un rendez-vous entre les suppoters du Virage Sud et les actionnaires du club pourrait avoir lieu prochainement.

Propos via le podcast ‘Le Point G (Gold FM, avec G4E).

« Oui, les Girondins ont besoin de nous, mais nous, au Virage Sud, on n’est les obligés de personne pour ce qui est des chants et de l’animation. Les gens – enfin certains – nous ont reproché d’être restés en coursives et de ne pas avoir chanté contre Saint-Étienne (défaite 0-1, J10 de L1), mais on n’a de comptes à rendre à personne si ce n’est à nos membres et à notre tribune. (…) Nous, on est très têtus, et ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’on a vidé la tribune ; loin de là – et ça m’amuse que des gens l’aient découvert sur ce coup –… Avec Triaud, au début des années 2000, on a passé deux ans sans se parler, en étant en conflit ouvert car nous n’étions pas satisfaits de l’ambition du club et du respect que nous donnait Triaud. Il avait fini, ce conflit, par une lettre d’excuse de Jean-Louis Triaud et une pression mise sur le club, donc on avait là un petit peu contribué, à notre petite échelle, au retour des titres, de la Ligue des Champions. (…) Triaud avait aussi été un grand président en venant au milieu du Virage Sud et des milliers de supporters pour nous parler et s’excuser au nom du club de cette humiliation quand on avait vidé la tribune lors du 0-4 contre Sochaux, sous Jean Tigana, en 2011.

(…) On a toujours été au bout de nos combats et là nos actions sont encore très fortes, et on les explique, en activant notre réseau étendu dans et autour du club, pour toucher ceux qui se reconnaissent dans notre combat. On discute avec tout le monde de ces problèmes, car nous sommes la plus grande association de Bordeaux et l’une des plus anciennes. Mais après, on est démocratique dans notre fonctionnement : aucun droit divin chez nous, personne au-dessus des autres, mais il y a une addition de leaders qui prennent les décisions, dans un directoire de 30 personnes, avec plusieurs générations. Nous sommes tous des bénévoles, et avons une vie personnelle, professionnelle et familiale à côté ! Notre seule ambition, c’est ce double objectif : que notre club soit le plus haut possible et que la tribune populaire et indépendante perdure au sein du club. Pour nous, ça, c’est indissociable et l’un n’est pas négociable sans l’autre. Je veux dire que, moi, si demain les Girondins de Bordeaux sont tout en haut mais qu’il n’y a plus de tribune populaire, quelque part, ce n’est plus mon club. Et si la tribune populaire est là mais le club en lambeaux, ça ne va pas non plus. Il faut qu’il y ait les deux. Tout notre combat, le combat de notre vie, c’est ça : aider le club à aller le plus haut possible et garder une tribune indépendante, par notre vécu, notre expérience. On a tous 30 ans de club, de réunions, d’analyses, de visions, de rencontres ; on n’est pas nés de la dernière pluie. Donc le directoire ultramarine il se réunit, discute, s’écoute, il prend des décisions qui lui semblent les meilleures pour que les deux objectifs qui sont les nôtres soient atteints. Voilà. Mais clairement, on n’est pas le genre de personnes qui arrêtent le combat au bout de trois jours. On est très habitués aux combats de longue haleine et ça prendra le temps que ça prendra… Pour nous, la porte est totalement fermée à Frédéric Longuépée et Antony Thiodet, mais pas à la vraie direction du FCGB : Joe DaGrosa, Hugo Varela, Eduardo Macia, Paulo Sousa. Pour nous, le FCGB n’est que sportif et on ne reconnait que ces quatre personnes-là. Longuépée et Thiodet  veulent le conflit, ils vont l’avoir.

Florian Brunet : "La vision court-termiste coupe le club de son public"

(…) J’espère que les gens vont bien comprendre… Encore une fois, il faut se méfier des réseaux sociaux, des choses extrêmement désagréables qui sont écrites à droite, à gauche. Nous, on n’a aucune ambition personnelle, non. Absolument aucune. Car on a fait notre vie sans les Ultras et sans les Girondins de Bordeaux, mais il faut un petit peu nous faire confiance, car nous sommes là depuis 32 ans. Les gens nous ont toujours parlé d’Adieu Lescure, une fête extraordinaire ; organisée à 95% par les Ultramarines ; qui a scellé pour de bon et sacralisé le rôle des Ultramarines et le partenariat avec les Girondins. Cette fête, un des plus beaux jours de la vie de milliers de personnes, elle a marqué toute une génération. Mais ‘Adieu Lescure’, sans les 20 à 30 ans de conflits avec le club – car même avec Triaud il y a eu d’innombrables conflits, réguliers, et frictions sur divers sujets sportifs ou non -, ça n’aurait pas été… Si on avait eu un groupe de supporters-moutons qui ne mène pas d’actions fortes et qui ne va pas au bout de ses convictions en se battant pour elles, on n’aurait jamais pu faire ‘Adieu Lescure’, comme on ne pourrait pas faire non plus tous les tifos qu’on voit depuis des décennies au Virage Sud. On ne peut pas avoir l’un sans l’autre. Pour faire ‘Adieu Lescure’, il faut des gens passionnés, convaincus, des gens investis et ces gens-là ils ont des choses à dire sur l’évolution du club, donc il faut vraiment avoir conscience de ça. Et puis, encore une fois, on ne s’occupe pas de ça depuis avant-hier, mais depuis des décennies. On est des gens responsables, on sait ce qu’on fait, on sait que l’équipe a été handicapée par le fait qu’on ne chante pas, mais ce n’est pas de notre faute, car ce n’est pas nous les responsables de ça. Ce sont les gens qui veulent galvauder notre club, les gens qui sont en train de faire honte à notre club, qui sont responsables de cette situation. Et puis, surtout, qu’est-ce que trois points à côté de l’âme de notre club, de sa contenance, de sa tradition, de son histoire populaire qui est énorme ? Bordeaux, oui, c’est un vrai club populaire et cette tradition-là vaut beaucoup plus cher que trois points. Et c’est pour ça qu’on se bat. Et on se battra jusqu’à notre dernier souffle pour ça. »