Christophe Dugarry : « S’ils viennent pour qu’on consomme le sport comme aux USA… »

Dans son émission d’hier (‘Team Duga‘), sur la radio RMC, l’ancien attaquant du cru et capitaine – durant son deuxième passage – des Girondins de Bordeaux, Christophe Dugarry, a encore pu étaler ses craintes par rapport aux fonds d’investissement prenant possession des clubs de football français. Partant du cas niçois, un club où les dirigeants actuels ont annoncé leur départ en fin de saison pour des désaccords de gestion sportive avec les financiers qui contrôlent l’OGCN, ‘Duga’ craint que cela puisse sentir mauvais pour le FCGB.

« Je ne veux pas déjà dire si ça va marcher ou pas, mais j’attends de voir. Ils veulent du temps ? Pas de soucis, je leur en laisse. Mais bon, quand je vois les comportements des uns et des autres je ne suis pas rassuré. A Marseille, Frank McCourt a mis des sous, oui, mais on se demande bien où, car il faut aussi savoir bien s’entourer, surtout que je pense qu’ils ne connaissent absolument pas le football au départ, ces investisseurs. Venir exporter le modèle américain de consommation sportive en France, je pense que ça ne fonctionnera pas, et qu’il y aura un retour de manivelle, notamment de la part des supporters. S’ils viennent en France avec l’envie de nous comprendre, il y a une chance, mais s’ils viennent pour qu’on consomme le sport comme aux USA, ils vont vers une désillusion.

En plus, ils arrivent avec une certaine arrogance, à l’américaine ; mais ça, dans l’absolu, pas de souci s’ils sont bons. Je préfère ça à un gentil qui n’arrive à rien. Mais là… à Bordeaux, le nouveau patron il a quand même dit comme première annonce qu’il décidait de changer les buvettes ! Ok, c’est caricatural, mais bon, quel exemple… Où est la passion, l’annonce sportive ? Je ne sais pas. Je ne vois pas. A Nice, aussi, c’est inquiétant : le président Jean-Pierre Rivère a fait ses preuves pendant des années et gagné le mérite pour continuer. Mais, à l’arrivée, on lui explique que ce qu’il veut faire n’est pas bien et que ses choix sportifs ne sont pas compatibles avec la vision économique des actionnaires. Donc tout ça m’inquiète et ne me rassure pas. (…) Le football, déjà, c’est le sport roi en Europe, et pas aux États-Unis ; mais dans chaque pays il y a, en plus, des spécificités. Et les nouveaux investisseurs, surtout américains, qui arrivent, ils ne connaissent rien de tout ça. (…) Ils ne peuvent pas faire que du trading de joueurs et du développement commercial, mais ils doivent avoir une vision à plus long terme, sur le sportif. En plus, pour moi, je le répète, il y a vraiment une économie du football différente en France, en Espagne ou en Angleterre ; et tu ne peux pas tout transposer si facilement comme ça. »