Christophe Dugarry : « Pour être franc, sur cette célébration, je suis à deux doigts de les sortir »

Un mois avant le 12 juillet et le sacre des Bleus, qui seront champions du Monde ; le 12 juin 1998 est aussi un moment très particulier de la carrière de Christophe Dugarry. L’ancien attaquant formé aux Girondins de Bordeaux débute sur le banc ce fameux match d’ouverture du Mondial 98 en France, contre l’Afrique du Sud (3-0). Mais il rentre assez vite pour pallier à une blessure de Stéphane Guivarc’h et il ira ensuite, malgré un match pas des plus réussis dans le contenu, ouvrir le score, de la tête, sur un corner de… Zinédine Zidane, rendant ainsi au sélectionneur Aimé Jacquet – qui l’apprécie depuis leur rencontre à Bordeaux – toute la confiance qu’il lui avait accordée.

Mais ‘Duga’, qui était alors un attaquant de… Marseille, avait surtout célébré ce but si important d’une manière très forte ; pour l’époque : tirant symboliquement la langue aux médias et gesticulant face à la tribune de presse. Près de 20 ans plus tard, et alors qu’il travaille désormais… dans les médias (ici SFR Sport), Dugarry a réexpliqué le pourquoi du comment de ce geste d’humeur devenu légendaire.

« Si je fais la grimace, c’est par rapport aux critiques, oui. Mais au départ, ce n’est pas si évident que ça, et quand je le fais on ne comprend pas trop pourquoi. C’est moi, ensuite, qui doit expliquer. Des petits messages, après, on en a tous… Il y en a qui soulèvent le maillot, d’autres qui font des bandelettes, d’autres qui font ‘chut’… Si c’était prémédité ? Non, pas du tout. Déjà, je ne cache pas que j’avais pas prévu de marquer, car quand je marquais on se demandait ce qui m’arrivait (rire) ! Et puis je démarrais sur le banc, donc tout est arrivé d’un seul coup. Je n’avais pas le temps de prévoir ce que j’allais faire.

Ce qui se passe dans ma tête à ce moment-là ? Je ne sais pas. Pour être totalement franc, quand je fais ça (il mime ses gestes du 12 juin 98, avec les mouvements des poings), je suis à deux doigts de faire les doigts d’honneur. Et heureusement, par bonheur, je ne le fais pas… Déjà que, aujourd’hui, je trouve ma célébration ridicule ; car il y a quand même mieux à faire pour fêter un but ; mais si en plus ça doit te suivre pendant des années. Même si tu as beau avoir toute la frustration du monde, c’est la dernière des choses à faire, car ça ne sert absolument à rien ! Mais sur le moment, tu es tellement… Et puis ce n’était pas que la presse. On a souvent dit que je faisais cette célébration pour la presse ; mais pas que. C’est vrai que j’étais beaucoup critiqué, voire plus que ça encore, mais en plus, quand je rentre après la blessure de Stéph’ Guivarc’h, j’entends déjà les sifflets, car je suis choisi à la place de Trézéguet. Sur mon premier ballon, je rate un double-contact, je perds le ballon au milieu du terrain et ça donne un très bon coup-franc pour eux ; heureusement que ça n’a rien donné d’ailleurs… Tant mieux. Après, j’ai une occasion de un contre un où je joue pas trop mal le coup, sans faire de boulette, de connerie, mais où le gardien sort bien ; donc on me resiffle. Voilà…

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En fait, il y avait toute une atmosphère autour de moi, où les gens étaient un peu contre moi : à force d’entendre et de lire que Dugarry n’avait pas le niveau, que Dugarry était nul, que Dugarry ne méritait pas d’être là ; beaucoup le pensaient aussi et partageaient cet avis. Même moi, à force de le lire, au bout d’un moment, je me demandais qu’est-ce que je faisais là. Vous savez, quand on vous répète que la merde c’est bon vous finissez par la goûter. Donc j’avais une grosse frustration ; et c’était la Coupe du Monde… Un sentiment de revanche ? Non, ça ne va pas aussi loin, ça ne s’analyse pas, il ne faut pas aller trop loin. C’était un soulagement. Donc tu cries, tu as envie de tout lâcher, de déchirer ton maillot ou je ne sais quoi. Il s’est passé ça à ce moment-là, et voilà. »