C. Hutteau : « 9 informations sur 10 qui sortent dans la presse lors du mercato n’ont pas lieu d’être »

Pour le compte d’Eurosport, l’agent de joueurs et ancien journaliste, Christophe Hutteau, analyse longuement l’enjeu et les dessous des relations entre les médias (au sens large) et les agents.

 

Ci-dessous, toutes les explications de celui qui gère, notamment, les intérêts de l’attaquant bordelais Gaëtan Laborde :

 

« La presse a plus besoin des informations qui sont détenues par les agents que le contraire, ça c’est évident. Mais, quelque part, les agents ont aussi besoin de la presse, sur certains dossiers. Il est toujours agréable, pour ne pas vous dire stratégique, de faire fuiter des informations afin de faire monter les enchères, ou de susciter, ni plus ni moins, la curiotisté ou l’envie chez un club acheteur. La presse n’est pas un ennemi, elle doit être un partenaire, et elle l’a, de toute façon, très bien compris, puisqu’elle fonctionne de cette façon depuis des années, en nous considérant comme des sources d’informations. En cas de fuite, la partie la plus ennuyée est, 9 fois sur 10, le club, qui souhaite acquérir les droits et la proriété d’un joueur en question, ou le vendre. Pour le joueur en lui-même, je ne vois pas en quoi ça peut être un vrai souci, si ce n’est que c’est assezr gratifiant de voir dans la presse que vous êtes demandé par tel ou tel club. Quant à l’agent, c’est un jeu subtil qu’il convient de maîtriser, et ce n’est pas toujours facile. Il y a des informations que l’on aimerait ne pas voir sortir, surtout lorsque l’accord est proche et qu’il n’y a pas lieu de faire monter la pression sur un dossier.

 

Bien souvent, l’agent a tout intérêt à ce que les informations sortent. Pourquoi ? Parce que si vous êtes en négociations avancées avec un club acheteur et que d’autres clubs viennent se mettre sur ce dossier les enchères vont monter, c’est évident. En général, nous ne sommes pas plus embêtés que ça quand une information est publiée, mais ce qui est bien plus gênant c’est de voir des informations erronées ou totalement farfelues, car là ça peut nuire à l’image de votre client, joueur ou entraîneur. Il y a donc un juste équilibre à trouver, qui n’est pas toujours facile, surtout maintenant, avec la recrudescence des médias et autres forums de supporters ; qui donnent beaucoup d’informations. Donc c’est sûr que c’est compliqué de pouvoir tout maîtriser. Mais lorsque vous êtes agent et que vous n’avez pas besoin de la presse pour pouvoir travailler, le vrai souci – il est simple – c’est de choisir vos interlocuteurs et donc les médias avec lesquels vous travaillez. Aujourd’hui, effectivement, 9 informations sur 10 qui sortent dans la presse en période de mercato n’ont pas lieu d’être. La plupart des médias ne vérifient d’ailleurs plus leurs informations et prennent pour argent-comptant ce qui peut se dire ou s’écrire ici et là… Donc il faut être très prudent sur ça, faire le tri, et bien choisir les médias avec qui on travaille, ceux qui font référence, qui sont sérieux ; et refuser de communiquer avec la quasi-totalité des autres médias ou pseudo-médias. A titre personnel, je reçois un nombre hallucinant de coups de téléphone en période de mercato, mais si je commence à répondre à tout le monde c’est terminé : je n’ai plus le temps de faire mon travail. Mais à partir du moment où ce sont plus les médias qui ont besoin de nous que le contraire, on a ce luxe de pouvoir choisir avec qui on travaille ; encore plus avec la multiplicité des nouveaux médias.

 

Maintenant, on en arrive même à des forums de supporters donnant des infos sur le mercato, et parfois des informations qui sont très justes, car ils sont renseignés de l’intérieur des clubs. Il ne faut pas croire que ce sont toujours et uniquement les agents qui donnent des informations à la presse, ce serait trop facile. Alors il faut vraiment faire très attention à ce que l’on dit. En général, il faut partir du principe qu’il y a 9 chances sur 10 qu’un dossier se concrétise lorsqu’on n’en parle pas. A l’inverse, dès lors que vous voyez qu’un joueur précis est en négociations ou en pseudo-négociations avec 10 ou 15 clubs, dites-vous que – déjà… – il y a quand même 9 chances sur 10 pour que ce soit faux. »