Antony Thiodet : « On n’a aucun intérêt à se priver de qui que ce soit »

En conflit ouvert avec la direction du club (demandes de démissions du président Frédéric Longuépée et du directeur de la billetterie, Antony Thiodet + refus du rôle d’ambassadeur de Jean-Pierre Papin), les Ultramarines Bordeaux 87 restent des interlocuteurs pour Monsieur Thiodet – parlant encore au ‘Talk’ de WebGirondins -.

Malgré le clash sur les disponibilités dures à lire des places en Virage Sud au ‘Matmut Atlantique’ / stade René Gallice, le directeur de la stratégie commerciale stade et réseau du FCGB explique en effet vouloir rester dans le dialogue, même s’il ne remet pas en cause sa stratégie d’ensemble qu’il juge la plus vertueuse à moyen terme. Il ne se cache pas, non plus, pour aborder certains autres sujets qui fâchent (remplissage du stade, appropriation de l’enceinte, accessibilité, prix des places).

« Aux Girondins, le challenge est fantastique et nos publics adhèrent à ce que sont les Girondins. C’est très enthousiasment de sentir ça, la force de l’adhésion des gens au club, au maillot, à l’histoire. En plus, l’outil qu’est le Matmut Atlantique est formidable, même si certains le décrient, et c’est vrai qu’on peut encore faire des efforts pour se l’approprier plus, le rendre déjà moins neutre. On a déjà commencé, il faut accentuer le trait à présent, mais la contrainte que nous avons et qu’il faut bien avoir en tête c’est qu’on ne récupère les clés du stade que la veille du match, à midi, et qu’on doit les rendre le lendemain du match, à midi… Entre temps, le stade doit être « clean » – quel gros mot, d’ailleurs ! – et ne pas sentir le foot. On sait qu’il y a un certain traumatisme par rapport à ça, d’autant que le déménagement est encore récent et que le capital émotionnel est surtout au stade Chaban-Delmas, à qui on fait toujours référence, car il n’y a pas encore eu de moments très forts au Matmut. Aussi, un nouvel actionnariat est arrivé il y a peu, avec des gens qui sont loin d’ici et qui apparaissent déconnectés des réalités bordelaises, donc c’est naturel que les gens aient cette vision-là. Nous, on a besoin de reconquérir la confiance des gens, leur adhésion à un projet. Et ça se fera avec le temps, le dialogue, l’échange et la proximité. C’est donc tout ce qu’on essaye de cultiver au quotidien.

(…) Notre travail du quotidien, c’est de faire naître des richesses, de capter de nouveaux revenus, pour que le budget du club arrive à 110-15M€, qu’on soit dans le Top 5, alors que nous avons actuellement le 9ème budget du championnat. Et la finalité c’est que les revenus soient réinvestis sur le terrain, qu’on rentre dans le cercle vertueux suivant : plus les gens vont au stade, plus le club peut investir sur le terrain et plus les performances peuvent venir. Mais pour avoir plus de revenus, en général, on doit aller chercher de nouveaux partenaires, notamment sur la scène internationale, parce que la ville de Bordeaux veut dire quelque chose pour beaucoup de personnes à travers le monde et qu’on doit capitaliser là-dessus.

Il faut aussi agréger plus de monde autour du terrain ; non pas en augmentant les tarifs – et d’ailleurs je n’ai inscrit nulle part dans la feuille de route présentée aux actionnaires du club l’hypothèse d’une augmentation des tarifs dans les années qui vont venir -, mais en amenant plus de monde de nos différents publics dans le stade. Pour l’instant, on n’a rien changé aux tarifs d’accès au stade et on a même amélioré les choses car nous avons introduit des places à 25€ pour les matches premium alors que l’année dernière le prix de départ était de 40€. Et pour la suite on ne prévoit donc pas d’augmenter les prix. En revanche, on doit arriver au cap des 32 000 spectateurs de moyenne à horizon de 4 ans, atteindre 80% de remplissage du stade. C’est l’engagement que j’ai pris. Mais c’est du boulot tout ça : on innove, on essaye, on avance et parfois on se plante, on se prend les pieds dans le tapis. Il faut donc être capable d’entendre les choses dites de manière véhémente et savoir faire la part des choses. Quand on fixe un objectif aussi ambitieux que ces 80% de taux de remplissage, on n’a aucun intérêt à se priver de qui que ce soit au stade ni à forcer les gens à acheter ce qu’ils ne veulent pas acheter. On est loin d’être dans une situation de rareté au Matmut Atlantique. Et on n’est pas là pour se mettre à dos les gens, ce serait suicidaire de vouloir entretenir cette stratégie-là. Maintenant, on fait avec une situation qui est ce qu’elle est, et aussi avec des choix faits dans le passé, qu’on doit gérer. Mais je ne me défausserai jamais de mes responsabilités et je ferai toujours face aux problèmes qui sont les nôtres.

(…) Concernant l’accessibilité, qui n’est pas plus difficile que dans certains autres stades, on essaie quand même de bien prendre le problème à bras le corps. Maintenant, il ne faut pas se tromper : ce sera toujours difficile d’y aller au Matmut Atlantique et encore plus difficile d’en partir. C’est comme ça. C’est aussi à nous de faire un effort pour éduquer les gens. »