ASSE-FCGB (J33) : duel des opposés

À l’occasion de la J33 de Ligue 2, les Girondins se déplaceront à Geoffroy-Guichard pour ce qui s’apparente encore à une affiche de Ligue 1. Un Championnat que les deux équipes visaient la saison dernière et encore aujourd’hui. Du moins pour l’une des deux formations.

Car en ayant manqué l’ascenseur et surtout de très près pour les Girondins la saison passée, les deux historiques ont écopé d’une année supplémentaire dans l’anti-chambre de la Ligue 1. Entre le coup d’envoi de cet exercice 2023-24 et ce match de la J33, les deux équipes ont suivi des trajectoires différentes. Les leçons du premier exercice post-relégation ont visiblement été bien été apprises par l’ASSE. Pour les Girondins, l’étudiant prometteur s’est transformé en cancre. Décryptage.

Guion-Riera contre Batlles-Dall’Oglio : choix opposés

Relégués en Ligue 2 sous David Guion, les Girondins sont restés un très beau prétendant à la remontée directe avant de craquer au bout de la saison 2023-24. Resté au FCGB alors que son contrat était pourtant lié à une condition de remontée, David Guion a semblé d’entrée le mauvais choix pour les Girondins. Avec avoir payé au prix fort des cadres de Ligue 2 (Weissbeck, Livolant), le FCGB a également sorti le chéquier au milieu pour Pedro Diaz et offert un contrat longue durée à Harisson Marcelin. Mais les choix autour de joueurs déjà présents la saison passée ont été validés. Et à des postes clés (voir ci-dessous). Malheureusement, David Guion n’aura su exploiter le potentiel de son équipe et relancer sa formation sur les mêmes rails que l’exercice précédent. Menacé à plusieurs reprises, l’entraîneur actuel de l’ESTAC (17e de L2) a bénéficié de la patience de Gérard Lopez qui aura mis du temps (trop ?) à trancher.

Du côté des Verts, l’excellente dynamique de la seconde partie de l’exercice 2022-23 sous Laurent Batlles avait laissé de gros espoirs. Avec un mercato estival animé et quelques beaux coups signés dont Sissoko rapatrié de Sochaux, l’ASSE n’aura pas non plus confirmé. Deux échecs d’entrée, puis une très belle série de 10 matchs sans défaites malheureusement suivie de 5 revers consécutifs auront eu raison de l’ancien milieu des Girondins. Car à Saint-Étienne, les choses n’auront pas traîné de ce côté. Premier point notable par rapport à Guion et Bordeaux. Le second ? Le choix des remplaçants : Bordeaux a tenté un pari : Riera. Saint-Étienne a misé sur l’expérience avec Dall’Oglio. Le premier a surtout imposé son style… en conférence de presse et d’abord déstabilisé tactiquement son équipe sur le terrain. Pire, il a presque semblé prendre ses marques dans le métier d’entraîneur. Son homologue vert a fait plus classique et a redonné sa chance à tout un groupe dans des schémas de jeu plus sobres.

Côté image, la sobriété d’un Dall’Oglio tranche avec le caractère et le côté parfois arrogant d’un Riera. Alors que le second a laissé des traces auprès de ses confrères et observateurs, le premier s’attache au rectangle vert. Sans écorner l’image de l’écusson.

L’entêtement Straczek, le tardif Johnsson contre Larsonneur

Premier nom coché sur un onze de départ, celui du gardien. Et à Bordeaux, après l’échec Poussin, la confiance (totale) a été placée en Rafal Straczek. Désormais reconnu pour ses boulettes importantes, le polonais a été placé sur le banc des remplaçants et Karl Johnsson a pris sa place. En attendant, et Guion et Riera ont maintenu Stracezk dans les buts avant que l’espagnol ne tranche définitivement (et tardivement) pour ce poste. Mais le noeud du problème remonte à l’intersaison où tout un staff a validé le choix Stracezk alors que des gardiens d’expériences auraient pu être envisagés. En attendant, Bordeaux a perdu du temps. Et des points.

Chez les Verts, les errements passés (4 gardiens testés) ont laissé place à Gautier Larsonneur. Valeur sûre des Championnats, le portier stéphanois peut se vanter d’être à la base de la meilleure défense de Ligue 2. Bien aidé par ses coéquipiers de la ligne défensive.

Des changements en défenses

À Saint-Étienne, Olivier Dall’Oglio n’a pas hésité à bouger ses cadres du onze de départ. Exit Briançon par exemple mais confiance redonnée à Maçon. Le jeune Nadé dégage plus d’assurance et offre désormais de belles solutions dans les relances défensives.

À Bordeaux, l’axe fort de l’exercice 2022-23 a été renversé : exit Gregersen, d’abord victimes de petites blessures puis seul joueur qui a assumé publiquement sa non compatibilité avec Riera tandis que Yoann Barbet ne cesse de creuser son niveau de performances. Le capitaine bordelais est en perdition. Les manques de choix en défense n’ont peut-être pas pu permettre de le préserver sur quelques matchs. Riera s’y est finalement contraint à la mi-temps contre Bastia. À cinq journées de la fin. Mais l’ex de Brentford ne cristallise pas tous les maux bordelais : Nsimba a souvent été blessé et Michelin – pour ne citer qu’eux – a connu plusieurs belles semaines avant de retomber dans ses travers. Difficile de prétendre à une remontée avec 43 buts encaissés.

De Badji à Livolant à Bordeaux, le coup Sissoko chez les Verts

Au-delà du poste de gardien géré avec deux directions différentes par les stéphanois et bordelais, le poste d’attaquant a son importance pour n’importe quel club : celui jouant le maintien et surtout celui jouant une remontée. À Saint-Étienne, les Verts ont profité de la chute du FC Sochaux pour remplacer Krasso par Sissoko. Il compte 11 buts (dont 4 penaltys) à cette heure en Championnat. Si Sissoko manquera la réception des Girondins, son apport à l’équipe a clairement impacté la saison d’un club aujourd’hui prétendant à la seconde place.

Si les Verts ont relevé le défi de remplacer leur serial buteur, Krasso, les Girondins sont passés à côté. Le pari Vipotnik a été tenté, et sur le papier, avec 8 buts en cours pour sa première année en Ligue 2 dans un pays qu’il découvre, le challenge est réussi. Mais question hiérarchie des attaquants, les Girondins n’avaient pas coché le nom du slovène en tête de liste. Pour remplacer Josh Maja, le FCGB d’Admar Lopes et de David Guion avait placé toute sa confiance en Aliou Badji. Aujourd’hui exilé en Turquie pour faire oublier ce flop coûteux, l’ex d’Amiens a bénéficié d’une confiance sans faille, appuyée même par un Gérard Lopez le défendant en conférence de presse. À son arrivée en Gironde, Riera a lui aussi maintenu sa confiance en Badji. Pour quelques semaines, certes, mais pour quelques semaines de plus de perdues. Aujourd’hui, les choix de la direction, du staff et des deux entraîneurs de cet exercice se paient encore. Mais la petite nouveauté, ou plutôt le folklore, vient du repositionnement de Jérémy Livolant au poste d’avant centre. Aux Girondins, on s’amuse comme on peut en cette fin de saison.

Retrouvailles manquées pour les groupes de supporters

Lors de l’exercice précédant, les Verts avaient démarré avec un compteur négatif avant la première seconde de jeu. Sanctionnés des comportements de supporters au moment du dénouement du barrage contre Auxerre, les stéphanois ont classé ce sujet depuis tandis que les Girondins avaient hélas pris la relève en début de saison suite aux conséquences du Bordeaux-Rodez de la J38. Dans ce sprint final, l’apport du peuple Vert est sans faille et pourra jouer dans le classement de fin de parcours.

À Bordeaux, l’ambiance est toute autre, hélas, puisque les groupes de supporters s’affrontent aujourd’hui entre eux et essuient les interdictions de déplacement en cette fin de saison. Dont cet historique retour à Saint-Étienne, terre de retrouvailles entre Magic Fans et Ultramarines.

À quelques jours du choc de ces deux noms du foot français, difficile de constater les deux virages pris par ces deux clubs historiques. Si l’ASSE est en position favorable pour une remontée, les Girondins ont enchaîné trop de mauvais choix clés et en paient les pots cassés. Une question de choix mais aussi de moyens : là où les Girondins ont bricolé et appuyé des choix internes avec un mercato hivernal blanc côté arrivée malgré une première partie d’exercice mal engagée, l’ASSE a réagi l’hiver dernier avec trois renforts (Cardona, Mbuku et Maçon) aujourd’hui impactant.

D’ici quelques semaines, l’une des deux équipes fêtera peut-être sa remontée en Ligue 1 tandis que l’autre tremblera peut-être pour son maintien sportif et administratif en Ligue 2. Duel des opposés.