Quand le « meilleur effectif de Ligue 2 » termine 3e de son Championnat

Nouvel échec pour les Girondins : rétrogradés doucement mais sûrement en Ligue 2 lors de l’exercice 2021-22, les bordelais ont encore des maux de tête des prestations en match et en coulisses des Vladimir Petkovic, Ricardo Mangas, Marcelo ou encore Benoît Costil et Laurent Koscielny.

Vers l’inconnu et avec la jeunesse

Sauvés de peu devant les instances du football françaises lors de l’été 2022, le FCGB a donc attaqué une drôle de saison avec plusieurs recrues cantonnées dans un mini purgatoire où Jonas Lössl avait dû laisser sa place. Lancée dans ce contexte particulier, la saison propulsait les jeunes sur le terrain. Fragilisé alors qu’on lui avait laissé entendre qu’un numéro 1 arriverait au poste, Gaëtan Poussin était l’homme de base derrière une défense expérimentale. Mais les Louis-Jean, Bokele, Ekomie et surtout Mwanga s’imposaient rapidement et surtout, sur la durée.

À domicile pour son premier match, Bordeaux se contentait d’un 0-0 contre Valenciennes. Après une telle trêve estivale et tant de jeunes alignés, difficile de se montrer plus exigeant. Portée par sa jeunesse, l’effectif bordelais jouait sans complexe comme à Rodez où Fransergio était même décisif (0-3, J2). Dans la difficulté face aux gros (Guingamp et Saint-Étienne), les Girondins récupéraient enfin leurs nouveaux éléments : Vital Nsimba, Yoann Barbet ou encore Clément Michelin pouvaient intégrer les choix de David Guion.

Des prétendants trop faibles

Quid des prétendants à la remontée ? Cet exercice 2022-23 aura marqué les difficultés des gros : Saint-Étienne tout d’abord, le Paris FC, Guingamp ou encore Amiens auront eu du mal sur au moins une partie de la saison. Sochaux, enfin, aura dégoupillé en fin d’exercice. De quoi aider les Girondins à s’installer dans le haut de tableau avec Le Havre grignotant petit à petit son retard sur le FCGB. Solides et efficaces, les havrais auront rattrapé puis dépassé la bande à Guion. De quoi faire sortir Gérard Lopez de sa classe en parlant d’hyperréalisme et de… chatte.

Pourtant Le Havre s’imposera bien contre des Girondins qui ont subi un premier couac à Nîmes (1-0, J14) suivi d’un nul délicat contre Pau (1-1, J15). C’est donc lors de la 16e journée que Le Havre enfonce le clou (1-0) et prend possession d’une première place peut-être trop rapidement abandonnée par les Girondins. S’appuyant sur un discours d’un effectif certes jeune et en manque d’expérience, le board bordelais ne jure – officiellement – plus que pour la seconde place.

L’objectif de la seconde place

À regarder un cran trop bas, les marine et blanc se livreront un duel de plusieurs journées avec le FC Sochaux (J20 à J24) qui relègue le FCGB en troisième position à plusieurs reprises. Pendant ce temps-là, Metz revient fort. Très fort. Et terminera la saison à une seconde place méritée.

Leur destin en main et l’objectif clair annoncé de la seconde place filera entre les pieds des bordelais en un petit match : celui à Annecy (J37). Surfant sur une belle série de clean-sheet et de matchs sans défaite depuis son autre tournant mal négocié à… Metz, le FCGB perd le seul match de la saison qu’il n’à pas à perdre. Et tout s’inverse : pour remonter, les Girondins doivent empiler les buts contre Rodez et scruter deux autres matchs lors de la J38. Le contexte sera dramatique et avec la fin qu’on lui connaît.

Sur l’aspect sportif, David Guion ne sera passé pas loin d’un bel exploit quand on se souvient du tout début d’exercice. Mais les Girondins auront peut-être eu du mal à tourner cette page de l’été 2021-22, ce qui leur aura fait penser un peu petit alors qu’il fallait penser plus grand pour remonter à l’étage du dessus. Le formateur Guion a logiquement protégé ses troupes. Trop peut-être. Après avoir échoué à maintenir les Girondins en L1 là où Vladimir Petkovic et les paris ratés d’Admar Lopes (Marcelo, Fransergio) lui auront bien savonné la planche, le coach bordelais échoue pour la seconde fois consécutive dans ses objectifs. Et le FCGB le prolongera quelques semaines plus tard.

De Bokele à Maja en passant par Barbet, du bonheur en barre

Sur le plan individuel, plusieurs bordelais auront réussi un sacré exercice. La palme à Josh Maja et ses 16 buts (dont quelques un sur penaltys) et aux expérimentés Yoann Barbet Vital Nsimba. L’amour du maillot de ses deux joueurs, associé à des grosses performances aura fait un bien incommensurable aux bordelais et aux supporters des Girondins. En défense, toujours, Stian Gregersen en aura imposé. Provoquant parfois de la peine lors de la chute L1-L2, le norvégien aura signé une saison XXL. Les jeunes ne sont pas en reste : Malcom Bokele sera passé de Villefranche à un statut d’international camerounais, Dilane Bakwa aura parfois agacé dans ses choix mais s’impose comme le meilleur passeur bordelais, l’un des meilleurs du Championnat. Et que dire de La révélation Junior Mwanga. Défenseur puis milieu de terrain, le jeune bordelais marche aujourd’hui sur les traces de Jules Koundé et d’Aurélien Tchouaméni.

Michelin, Fransergio, Badji, les flops de la saison

Paradoxalement au bonheur proposé sur les terrains et en dehors par des jeunes joueurs ou des joueurs libres, les Girondins auront connu plusieurs flops individuels et coûteux. Clément Michelin et Aliou Badji dont les options d’achat obligatoires négociées par Admar Lopes pour convaincre leurs anciens clubs de les céder (et d’enlever un poids devant le passage auprès de la DNCG version été 2022) coûtent aujourd’hui près de 8M€ au club. Et les deux joueurs auront énormément à prouver s’ils restent lors de ce nouvel exercice. Le premier s’est fait griller dans la hiérarchie par Malcom Bokele tandis que Johaneko Louis-Jean pousse au portillon. Ses qualités de passeurs l’ont sauvé (en Coupe) et sur quelques matchs mais pour retrouver la Ligue 1, il faudra un tout autre Clément Michelin. Idem pour Aliou Badji qui aura coûté 4 fois plus cher que Josh Maja laissé libre et inscrit 4 fois moins de but. Son expérience en Ligue 2 devra elle aussi payer et en faveur des Girondins. Enfin, Fransergio décroche la palme historique des flops de ses dernières saisons. Aligné coûte que coûte par David Guion qui aura servi plusieurs discours (expérience, apport dans le jeu « invisible », confiance retrouvée, jeu de tête important…), l’ancien de Braga quitte Bordeaux par la petite porte et avec un trou financier qu’Admar Lopes devra encore justifier (environ 6M€).

Poussin, Ignatenko, Lacoux, Sissokho trop fragiles et inconstants

Peut-être que Fransergio aurait moins joué si Bordeaux avait eu un milieu de terrain plus fourni mais force est de constater que cette Ligue 2 2022-23 a vu les Girondins terminer 3es avec un milieu où Tom Lacoux, Danylo Ignatenko et Fransergio ont enchaîné. Le plus défensif a perdu sa place au profit de la belle surprise Mwanga. Pour l’ukrainien, la saison aura été délicate avec de nombreux cartons récoltés et un statut d’international qui fait détonne avec son niveau en club. Mais derrière eux, la concurrence était limitée et les blessures à répétition d’Issouf Sissokho n’ont arrangé en rien les choix d’un David Guion qui a semblé parfois borné dans ses schémas. Enfin, le cas Gaëtan Poussin continuera de faire parler. Le jeune gardien aime son club et lui rend majoritairement bien. Mais ses qualités limitées n’en n’auront pas fait un gardien irréprochable et de grande envergure pour décrocher la Ligue 1. Certes décisif sur la fin de Championnat, il avait surtout craqué à Metz, l’un des matchs tournants de la saison. Pour leur deuxième saison en L2 et avec une obligation plus prononcée de remonter en L1, les bordelais feront peut-être bien de se tourner vers un gardien plus confirmé et rassurant.

Davitashvili, Pitu, De Lima, Pirringuel, Delaurier-Chaubet à revoir

Les départs des uns et les autres placés sur la liste des transferts de par leurs performances et leurs valeurs marchandes, certains attendent d’éclore pleinement. Lancés en début de saison, Delaurier-Chaubet et De Lima ont faim de temps de jeu. À Bordeaux ou en prêt ailleurs ? Idem pour le jeune Lenny Pirringuel qui a finalement prolongé l’aventure en marine et blanc. Plus confirmés et pourtant novices en France, Alexi Pitu et surtout Zuriko Davitashvili continuent de grandir. L’ailier géorgien a terminé la saison en enchaînant but sur but et sa réalisation toute fraîche à l’Euro Espoirs avec la Géorgie lui ouvrent une belle place de titulaire. Si tant est qu’il soit toujours présent au moment de la reprise du Championnat.

La Ligue 1 plus que jamais prioritaire

Passé cet exercice 2022-23 où les bordelais sont restés à la place du con, Gérard Lopez n’aura pas fait trainé les choses lors du premier passage estival devant la DNCG. Une garantie cash apportée sur les 40M€ de déficit. Un geste de sauveur ? Un simple devoir pour répondre à ses obligations ? Une dette à payer aussi pour des erreurs de casting (Petkovic, précédents mercatos) ? Un peu de tout peut-être mais la garantie est bien là et les Girondins sont désormais tournés vers leur nouvel saison. Leur troisième place, leur statut et leur première année en L2 depuis un moment accentueront plus que jamais l’importance de retrouver la L1 à l’issue de la saison. Difficile d’imaginer un happy end à la fin de l’exercice à venir en cas de nouvel échec sportif.