Bruno Fievet : « Ce qui m’anime, c’est la passion et l’amour des Girondins »

L’entretien complet est à écouter ICI (70 minutes)

Son portrait :

« Je suis originaire d’Amiens et je suis un amoureux des Girondins depuis que j’ai 8-9 ans. J’ai une carrière assez atypique, puisque j’ai commencé ma vie comme prof notamment, après avoir eu une maîtrise de STAPS, donc je connais assez bien le monde du sport. Ensuite, j’ai été prof d’informatique à Amiens, aux côtés de l’illustre Brigitte Macron. Cependant, ma carrière est surtout dans le sport. J’ai joué à l’Amiens SC pendant 2-3 saisons, mais j’ai malheureusement eu une fracture de la rotule à l’âge de 22 ans qui a changé la donne. J’ai ensuite été entraîneur, éducateur pour les jeunes, jusqu’à mes 30 ans. Ensuite, j’ai arrêté l’enseignement et je suis parti en Suisse. Je ne suis pas Franco-Suisse, je suis Français et fier de l’être, mais depuis ce temps-là je réside en Suisse. J’ai une carrière qui a pas mal bougé : à présent, et depuis 10 ans, je suis dans le domaine de la finance. J’ai d’abord travaillé dans des banques avant de créer ma société. Je me vois plus comme un entrepreneur que comme un financier. Bien sûr, je suis dans la finance, ça marche plutôt bien, j’ai une bonne réussite professionnelle et ce que j’aime ce sont les projets, bâtir, c’est dans ça que je pense être le meilleur. »

Son amour des Girondins :

« Je suis vraiment amoureux des Girondins depuis que je suis tout petit. Dès que j’ai pu, je suis venu voir des matches. Cet amour est venu depuis l’année 1978. J’avais 9 ans et je m’intéressais au foot en regardant les matches de l’équipe de France et il y a avait un petit que tout le monde adorait et qui s’appelait Alain Giresse. J’ai commencé à le suivre et comme il jouait aux Girondins, j’ai commencé à suivre les Girondins de Bordeaux. Aujourd’hui, j’ai fait le tour de toutes les tribunes on peut dire ! Ce n’était pas la période la plus faste en 78, mais ça allait commencer, puisque quelques années après il y avait une grosse équipe. Je les ai toujours suivis et j’ai adoré les joueurs de cette époque. Que ce soit Giresse, Marius Trésor – qui est devenu un ami -, Gernot Rohr, René Girard, Dominique Dropsy… A travers tous les âges, j’ai toujours adoré les Girondins et je rate rarement un match, même quand je suis à l’étranger. (…) C’est venu un peu comme ça par hasard au final : on tombe amoureux d’un joueur qui crève l’écran, qui est super sympa, puis vous suivez son équipe puis vous en devenez fan. »

Son rôle d’ambassadeur des Girondins en Suisse :

« C’est une histoire un peu particulière : j’ai toujours eu des idées de projets que j’aurais voulu développer avec les Girondins – comme beaucoup de supporters d’ailleurs : on a tous voulu faire partie de la famille des Girondins –. J’avais essayé d’approcher le président Jean-Louis Triaud à l’époque et ça n’avait pas donné de suite. On s’est alors trouvés plus d’affinités avec Stéphane Martin. Le projet d’ambassadeur, c’est un projet que je lui ai proposé en lui présentant un cas d’étude autour d’un dîner. Il a bien adhéré au projet, donc ça c’est concrétisé et on a commencé à faire quelques manifestations. Mais Stéphane Martin n’a pas été longtemps à la tête des Girondins et la deuxième année ça a dû être compliqué avec le projet de reprise, donc on n’a pas pu mettre les choses en place, qu’on aurait souhaitées, mais de ce projet des ambassadeurs est né de belles choses et je pense au projet d’ambassadeur aux États-Unis, concrétisé par le voyage des féminines à New-York l’année dernière. Ce projet-là, il avait toute légitimité et permettait d’avoir un lien avec le club, tout en lui proposant des choses. Il faut aussi savoir qu’on n’était pas rémunéré, ce qui n’était pas du tout le but des ambassadeurs : c’était juste afin de faire partie de la famille des Girondins, d’apporter quelque chose. Je suis très heureux d’avoir lancé ça, je pense que ça aurait pu perdurer et je ne vous cache pas que depuis que l’équipe dirigeante est arrivée, nous n’avons pas eu l’occasion de se retrouver et d’échanger autour de cette activité-là. Mais je pense que c’est quelque chose d’intéressant qui m’a permis de rencontrer plein de gens supers. »

La situation actuelle des Girondins (interview au lendemain de Bordeaux – Nîmes et de l’action des Ultramarines suite à la censure de leurs banderoles) :

« Mon avis – et il n’engage que moi -, c’est que tout ça n’aurait jamais dû arriver et que ça ne devrait jamais arriver dans aucun stade de football ; sans pour autant incriminer les supporters. Je pense que, dans une démocratie, chacun devrait avoir le droit de s’exprimer. (…) Malheureusement, cela ne donne pas une bonne image des Girondins et du foot en général, mais je peux comprendre la frustration qu’ils vivent et tout ça est né à mon avis d’un grand manque de communication et d’une incompréhension entre les différentes parties. J’ai fait partie du Virage Sud, c’est vrai qu’il y a une telle ferveur dans ce virage, il y a un tel amour pour le club, que je peux comprendre leur frustration, bien que j’aurais espéré ne jamais voir ça à Bordeaux, parce que pour moi Bordeaux c’est un club, très sain, familial. J’ai toujours connu les Ultras en train d’encourager leur équipe, même quand ça allait mal, donc voir ça aujourd’hui ça m’a beaucoup peiné. Après, si je prends un peu de recul, en me plaçant dans l’optique d’un projet, c’est sûr que c’est une image que moi j’aurais aimé ne pas voir parce que pour tout investisseur dans le football ce sont des images qu’on n’a pas envie de montrer. Les gens qui gèrent de l’argent, ils ont envie que ce soit quelque chose de propre, que tout se passe bien. (…) Mais la situation actuelle elle est vraiment compliquée pour tout le monde, notamment au sein du club où il y a un vrai flou artistique qui semble en train de se régler. Cependant, depuis le début du projet, on sent qu’il y a quelque chose qui ne va pas.

Si on se place depuis un point de vue institutionnel, on ne peut pas avoir un actionnaire qui a 15% gérant du club et un propriétaire qui n’a pas sont mot à dire dans le club. Il n’y a aucune société dans laquelle ça pourrait marcher. Celui qui gère le club, c’est celui qui en détient les parts. Quand M6 était au pouvoir, ils avaient 100% ou 90% des parts et il n’y avait pas de discussion possible. Là, dès le départ, la configuration n’allait pas. En plus de ça, je pense qu’il y avait une vraie méconnaissance du football et de la ville de Bordeaux. (…) Monsieur Longuépée, je ne le connais pas, je n’ai échangé qu’un email avec lui, je crois, mais il ne peut pas avoir un autre discours que celui qu’il a eu (après Bordeaux – Nîmes, ndlr) et ce pour plusieurs raisons : la première, c’est que même si un accord a été trouvé entre King Street et GACP pour un rachat de parts cet accord va devoir être entériné. Ensuite, ce qui est reproché par King Street à GACP côté gestion financière, fait qu’ils veulent reprendre la main aujourd’hui et je pense que c’est une bonne chose en soit, donc cela ne me surprend pas. Mais je ne pense pas que le fonds King Street ait vocation à être dans le football : c’est un fonds d’investissement (…) et à terme, ils voudront partir. Quand ? Je ne sais pas. Par contre, un projet d’acquisition dure plusieurs mois, il y a énormément de choses à faire, donc cela ne pourra pas se faire avant la fin d’année par exemple. Pour la fin de saison c’est plus plausible. »

Son idée de projet avec les Girondins :

« Ce projet, je l’ai en tête depuis un moment. Ce n’est pas un projet que j’ai eu ces derniers jours. C’est un projet que j’ai déjà pensé depuis longtemps. Mais si j’ai toujours mon projet en tête, c’est parce que j’ai senti qu’il y avait quelque chose que je ne sentais pas dans ce projet actuel. (…) Premièrement, pour être acheteur, il vaut un vendeur et aujourd’hui King Street n’a pas manifesté son intention de vendre. S’ils se prononcent dans l’avenir en ce sens, oui, je serai un candidat à la reprise des Girondins. C’est un rêve que j’avais déjà il y a deux ans et que j’aurai toujours. J’en avais parlé à Stéphane Martin à l’époque, mais M6 était déjà bien engagé ailleurs. Aujourd’hui, je suis candidat, oui, mais pas un candidat qui est prêt car, de notre côté, on s’était donné 4-5 ans pour acquérir les Girondins, vu que c’était le délai pour lequel devaient rester GACP et King Street. Sud Ouest a décidé de sortir cette information, car je parlais avec Nicolas Le Gardien depuis plusieurs mois, mais aussi avec des agents, des entraîneurs, des personnalités… et j’avais dit que le jour où King Street annonceraient qu’ils seraient vendeurs je me positionnerai comme un potentiel acheteur selon l’environnement économique. L’envie d’y aller elle est là et à 200% et je dis ‘On’ car je ne veux pas que les noms des personnes qui me suivent sortent. Mais ce qui nous différencie d’aujourd’hui c’est qu’on est amoureux des Girondins. Il n’y a pas un autre club en France que j’aimerais acheter. Si on me dit demain que Lens ou l’AS Saint-Étienne sont à vendre, j’aurai zéro intérêt, car c’est un projet Girondins. Moi, ce qui m’anime, c’est la passion et l’amour des Girondins, mais les gens qui me suivent dans le projet ne veulent pas forcément perdre de l’argent – du moins le moins possible – et s’ils peuvent en gagner un peu ce sera d’autant mieux.

On va tout faire pour être prêts quand l’occasion se présentera : que ce soit dans 6 mois ou dans 4 ans. Ce qu’on veut, surtout, c’est que le club réussisse. Si King Street en est capable, félicitations à eux, après je ne serai pas le seul intéressé c’est sûr. (…) Aujourd’hui, on ne peut pas parler de prix de vente du club car on ne connaît pas ce prix, ni la dette laissée, les actifs restants. Il y a un autre sujet, aussi, avec le stade qui n’appartient pas au club. (…) Sur le type d’investissement, il y a plusieurs types d’investisseurs. Je ne suis malheureusement pas dans la catégorie des mécènes. Puis il y a ensuite les fonds d’investissements comme aujourd’hui et c’est un peu compliqué car c’est l’argent du contribuable qui est investi avec une volonté d’avoir un retour sur investissement rapide. Après, il y a l’investissement comme moi je le conçois c’est à dire l’investissement avec des gérants de fortunes, des Family Office qui sont des grandes familles très riches qui ne sont pas en attente d’un retour d’investissement sur du court terme. Ces grandes familles, ce qu’elles veulent, c’est de la diversification à savoir varier les natures de leurs investissements (arts, immobilier, voitures de luxe, mais aussi le football). Certaines de ces familles possèdent plusieurs milliards et si personne ne va mettre plusieurs milliards, l’idée c’est que chacun apporte son investissement, c’est sur ça qu’on travaille et c’est sur ce modèle qu’on a des certitudes. Le gros avantage, c’est que nous ne sommes pas, comme GACP, sur des emprunts avec des taux énormes qui rendent les sommes difficiles à rembourser. Cela, je ne le veux pas. L’idée, c’est donc de trouver ces « mécènes miniatures » qui ont envie de profiter d’un projet à forte visibilité et qui ont envie d’investir dans quelque chose qui les passionne et qui les excite.

Tout supporter des Girondins de Bordeaux, quel qu’il soit, doit faire partie de la famille des Girondins de Bordeaux et ça veut dire qu’on doit traiter les supporters de la meilleure façon qu’il soit. (…) Les supporters doivent forcément faire partie du projet des Girondins et les Girondins doivent quelque part aider les supporters. (…) Je n’aime pas parler de marque, j’aime bien parler d’Institution. Je pense que les Girondins, c’est avant tout une Institution. La marque, c’est plus ‘Bordeaux’. J’ai envie de développer plein de choses autour des Girondins, mais j’ai surtout envie de rendre le lien social entre le club et les supporters. »

Retranscriptions faites par nos soins via Gold FM, avec G4E (podcast à écouter en intégralité sur ce lien) !