La façon dont Didier Tholot voit la formation, la tactique et la préparation des matches

Formé à l’Institut National du Football de Vichy, avant que Clairefontaine ne prenne le pas, Didier Tholot a disserté, « dans ‘Girondins Analyse‘ (radio RIG), sur les évolutions de la formation des joueurs en France. Ensuite, l’ancien attaquant des Girondins de Bordeaux et de Martigues s’est mis dans la peau du coach qu’il est à présent pour parler de ses préférences tactiques, et de ses méthodes de préparation des rencontres.

« La formation française elle a pris un tournant, et c’était nécessaire. Car on a vu que les joueurs costauds, physiques, avec du gabarit, ce n’était pas forcément un gage de réussite. Actuellement, le fait qu’on reparte surtout sur le talent, qu’on le laisse s’exprimer, sortir, en travaillant avec le ballon, puis qu’on le façonne ensuite, c’est très bien. Le foot, ça se joue avec le ballon, ! On n’est pas l’Espagne, c’est sûr, mais on peut faire un mix. En tout cas, la formation française est réputée très bonne, et c’est logique, car on a souvent été précurseurs. On est un des pays qui forme le plus de joueurs, et qui les forme le mieux. Avant, on avait une formation disséquée, et avec beaucoup de physique ; maintenant c’est plus intégré, on aide le joueur à être bien physiquement avec le ballon, et pas que sans.

(…) Tactiquement, je n’ai pas la prétention de trouver les évolutions à venir, mais je pense que certains systèmes reviennent de manière un peu cyclique, surtout quand une équipe doit revenir aux bases. Mais les constantes, à mes yeux, ce sont plusieurs choses. Déjà, l’apport des latéraux, qui ont toujours été importants, mais sont de plus en plus haut quand le jeu se lance. En 10-20 ans, ils ont dû gagner 10 ou 20 mètres ! Et ça change aussi le jeu des milieux excentrés, car on ne les touche plus trop pour déborder ou dans la profondeur, mais pour rentrer, combiner et être décisifs. Aussi, le numéro 6 il revient de plus en plus jouer en troisième défenseur central pour mieux relancer et contourner des pressings adverses. Voilà, ça évolue. On voit surtout, que jouer offensif ne veut plus dire mettre beaucoup d’attaquants. Vous pouvez être plus offensif en jouant plus bas, et en repartant mieux de derrière, dans la qualité du jeu. Il n’y a pas besoin d’avoir 3 ou 4 attaquants ni de vouloir forcément la possession. Il faut être compact et soigner la sortie de la balle. Le plus important, c’est la fameuse ‘transition’ : ce que l’équipe fait entre la perte et la récupération ou bien entre la récupération et la perte. Dès que vous gagnez le ballon, qu’est-ce que vous faites ? Dès que vous le perdez, qu’est-ce que vous faites ? Ce sont ça les deux questions maintenant. C’est là qu’une équipe est en danger et aussi qu’elle peut créer du danger. Bon, après, c’est sûr que si vous avez beaucoup de talent partout, comme Paris, vous pouvez vous permettre de plus faire tourner… Mais aujourd’hui, la transition est le plus important pour beaucoup d’équipes, plus encore que l’utilisation ou l’efficacité.

Désormais, tout le monde travaille avec la technologie, puis les médias, les outils modernes, donc vous savez tout de l’adversaire avant de le jouer : comment ils jouent, comment ils se placent, à quels endroits ils récupèrent et perdent le ballon, à quelles hauteurs, comment ils attaquent et défendent… Du moins si vous avez préparé le match, avec votre staff, et notamment à la vidéo, là où vous définissez une ligne directrice à chaque fois, pour observer tels points et sortir les images des 4-5 derniers matches du prochain adversaire. Comme ça, vous montrez aux joueurs quoi travailler et quoi faire, vous préparez ça et vous tentez de le refaire en match, en ayant aussi mis, selon vous, les joueurs le plus aptes à mettre l’adversaire en danger par rapport à ce que vous voulez faire. Ce n’est pas une histoire de ‘s’adapter’ d’abord à l’adversaire ; mais si vous voyez une faille, vous l’enfoncez. Par contre, dans notre façon de jouer, on ne s’adapte pas sans arrêt à l’adversaire. Dans le foot actuel de haut niveau, l’a peu près ne passe plus, donc vous êtes obligé de bosser vos matches. Et l’adversaire en fait autant de son côté…

L’entraîneur, à la différence du joueur, il n’en sort jamais ! S’il est passionné, il est à 130-150% dans son travail, il n’en sort jamais. C’est un peu une drogue, car si vous gagnez vous voulez continuer et si vous perdez vous voulez repartir. Quand vous êtes dedans, vous êtes dedans à fond ! »