Didier Tholot se rappelle de son succès à Bordeaux, avec Sion, et explique sa gestion des caractériels

Autre morceau de l’entretien de Didier Tholot à ‘Girondins Analyse‘ (radio RIG, podcast ICI) ; celui où le Tholot coach, dans la continuité du Tholot joueur – et notamment à Bordeaux -, explique les ressorts mentaux qu’il peut utiliser pour stimuler un groupe, ou le rendre meilleur en utilisant les personnalités des joueurs.

« Je suis persuadé que l’entraîneur peut insuffler une âme à son équipe. Je vais prendre un exemple ; après, ce sera mon avis, pas celui de tous les coaches ; mais si vous faites une vidéo d’avant-match sur l’adversaire en montrant 15 ou 20 points forts vous mettez, pour moi, votre équipe en position de faiblesse. Moi, si je suis joueur, en ressortant de la séance je me dis que l’adversaire n’a pas de points faibles. Du coup, moi je préfère insister sur les 3 ou 4 points faibles, en montrant les images. Là, voilà, on sait comment prendre l’adversaire, on se met en position de supériorité. Donc oui, le langage de l’entraîneur envers ses joueurs est très important : avant le match, dans la semaine, comment on prépare le match, comment on l’aborde… Et ce n’est pas parce que vous abordez le match en disant, par exemple, ‘On va défendre, car on a moins de qualités techniques, de force collective’ – comme on l’a fait avec Sion, quand on est venus jouer à Bordeaux -, que c’est négatif. Nous, pour rester sur l’exemple de Bordeaux – Sion  en Europa League, on savait que si on défendait très bien Bordeaux aurait du mal. Et on savait aussi que notre point fort c’était les coups de pieds arrêtés. A l’arrivée, ça nous réussit, on gagne 1 à 0 à Bordeaux après un but suite à un coup de pied arrêté ; tant mieux pour nous.

(…) Après, attention, dans la gestion de son équipe, dans la composition du groupe, sur le sujet du caractère, il y a deux points de vue. Moi, je veux bien des gros caractères, mais pas des ‘fouilles-merde’. Ça c’est clair. Un gros caractère, par contre, même s’il faut aller parfois au conflit avec lui ou être souvent derrière lui, ça peut être un joueur qui va vous faire gagner. Les joueurs de talent, ils sont rares à ne pas avoir de caractère vous savez… Et ce caractère, il faut savoir s’en servir, apprendre à s’en servir. Il faut faire un bon mix entre les différents caractères, les jeunes, les vieux… Et aussi, aujourd’hui, vous êtes pratiquement obligé de vous appuyer sur 3, 4 ou 5 cadres. Mais il faut surtout bien les choisir. Après, il y a un problème d’égo, on en revient toujours à ça… Mais moi ça ne me gêne pas, car on peut avoir du caractère et être en face de quelqu’un qui en a aussi tout en restant juste dans ce qu’on dit. Et par rapport à ça, ce qu’il ne faut surtout pas faire c’est promettre ; promettre des choses, au risque de ne pas tenir ce qu’on a dit. Il vaut mieux ne rien dire, avancer ; mais toujours en tenant compte, vraiment, de tout le monde. Et ça c’est très important. »