Stéphane Martin : « Je ne pense pas que l’État ira au-delà pour le foot »

Invités du Grand Débat de l’émission Top Girondins, Laurent Crocis (journaliste pour France Football) et Stéphane Martin, ex président des Girondins, sont revenus eux aussi sur les difficultés économiques attendues pour les clubs de Ligue 1 du fait de la crise du coronavirus. Au-delà de la saison à venir, les prochaines s’annoncent également compliquées pour les deux hommes :

L. C : « Cela va être compliqué pour un tas de club bien sûr. Un club comme Lille, sa politique était le trading de joueurs, les Girondins de Bordeaux, je n’en parle pas : ils ont une situation financière catastrophique. Il faut quand même se rappeler que la situation financière de la Ligue 1 la saison dernière n’était pas fabuleuse. Il y avait trois clubs qui concentraient 95% du déficit : Marseille, Bordeaux et Lille. Pour ces trois clubs-là, c’est peut-être une chance quelque part qu’il y ait cette crise. Ça va obliger les instances, dont la Ligue, à revoir leurs positions. La DNCG a déjà fait savoir qu’elle ne serait pas aussi sévère. Mais dans ce football français qui vit de droits télés, de marchés des transferts, et qui dispose de peu de ressources propres ça va être compliqué pour un bon nombre de clubs. »

S. M : « Les problèmes, on les connaît. À moyen terme, comme tout le monde sera logé à la même enseigne, cela ne créera peut-être pas trop de biais sportif. Le problème sera de passer les 2-3 ans à venir, pendant lesquels les contrats sont toujours valides, notamment sur les niveaux de salaire d’avant crise où des ajustements ne sont pas faisables. On a rappelé les efforts des joueurs, mais il faut aussi rappeler qu’ils sont dans leur bon droit avec des contrats valides. Personne ne peut les forcer à renoncer à ces contrats. La question est de savoir comment les clubs vont faire pour passer ces 2-3 années. Après, le fait que tout le monde soit logé à la même enseigne ne change pas grand-chose non plus : si à la fin du mois vous n’arrivez pas à payer les factures, cela ne change pas grand-chose que le voisin n’y arrive pas non plus. Concernant la DNCG, je pense que c’est le cadet des soucis des clubs. C’est un gendarme financier mais ce n’est pas ça qui va régler les dettes. Ensuite, les prêts garantis de l’état, les clubs ont le droit de les demander, les banques ne sont pas obligées de les accepter mais de toutes façon cela correspond à trois mois de chiffre d’affaire, sur un CA hors trading de joueurs. Je ne pense pas que l’État ira au-delà pour le football par rapport à ce qu’ils font déjà par ailleurs pour l’économie. Malheureusement, c’est bien l’économie en général qui souffre. Il n’y aurait que le football, à la limite, l’État pourrait dire : ‘On va faire un effort pour le football’. Mais là c’est un contexte général très difficile et on imagine mal l’État faire un effort spécifique. Ils l’ont fait pour Air France et Renault mais il ne faut pas oublier que ce sont des secteurs stratégiques et des sociétés où l’État est actionnaire. »

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