Sam’s : « Les joueurs viennent sans comprendre la situation, ils jouent mais il n’y a rien derrière »

Deuxième (gros) morceau de notre discussion d’hier soir, dans ‘Girondins Analyse’ (RIG), avec Moussa Mansaly, dit Sam’s ; rappeur, acteur et ex footballeur. Supporter bordelais et passé par plusieurs clubs de la région, il détaille le problème de mentalité qu’il voit depuis des années aux Girondins.

« On connait tous le surnom de Bordeaux : ‘La Belle Endormie’ – ouais, comme le son de Fayçal (autre rappeur bordelais, NDLR), un bon pote avec qui on parle de faire un feat depuis longtemps, et ça se fera un jour ! – ; mais en vrai c’est totalement ça. J’avais lu, une fois, une interview de David Bellion qui m’avait… scandalisé. Il disait, grosso modo, qu’il pouvait être nul et qu’on ne lui disait rien en ville. Ailleurs, si tu es mauvais, on te ‘crache dessus’ quand tu vas dehors, on te le fait savoir que ça ne plaît pas, qu’il faut faire mieux. Mais là, tout va bien, même s’ils sont mauvais ils peuvent sortir, se balader, aller en soirée, ils font des selfies… Ils sont tranquilles. (…) Je connais bien Souleymane Diawara, et il me disait qu’à Marseille – quoi qu’on en dise et qu’on en pense… – même après un bon match on te ‘menace’ dans la rue, on te dit de faire attention, de pas jouer au con, de continuer comme ça sinon ça va chauffer. Et donc, si ça va pas, tu sais ce qui peut arriver… Mais à Bordeaux, t’as pas ça, cette pression-là. Les joueurs le sentent, se relâchent.

Un mec comme Toulalan, qui a dit ‘stop’, t’as l’impression qu’il est soulagé de se barrer, de laisser ça derrière lui, toute cette ambiance… Et même avant lui, un gars comme Khazri, il s‘est vite barré, avec le sourire. Pourtant, Sunderland, c’est pas Manchester City. Je ne lui jette pas la pierre, attention, il est très bien Wahbi, mais ça montre tout l’état d’esprit du club. Il n’y a pas d’ambition, les joueurs n’ont aucun remords à partir. A l’époque de Maoruane (Chamakh), il se défonçait à chaque fois, il y avait quelque chose, on sentait un truc, donc quand il est parti personne ne pouvait rien lui dire, car il avait donné, il avait bien sué. Aujourd’hui les joueurs viennent à Bordeaux sans comprendre la situation, ils jouent au foot, mais sans plus, il n’y a rien derrière. (…) Ailleurs, ils te font sentir où tu es. Même à Marseille, alors qu’ils prennent des joueurs de partout, ils te font vite sentir que t’es marseillais. Regardez, même Dugarry – pourtant un pur bordelais – quand il jouait là-bas, j’avais l’impression qu’il était Marseillais… »