Rohr : « Afflelou nous avait dit que si on y arrivait il triplerait la prime »

Entraîneur de l’équipe girondine il y a 20 ans, l’ancien grand défenseur bordelais des années 80, Gernot Rohr, s’est, évidemment, délecté de nous faire revivre, dans le documentaire de L’Equipe 21 (vidéo en fin de brève), la folle soirée du Bordeaux/Milan de 96  :

« On s’était dit « tout est possible si on y croit », et les joueurs y ont cru je pense. Quand j’ai pris l’équipe à la sortie de l’hiver 95-96, elle était mal classée en championnat et venait de se faire éliminer en Coupe par une équipe de troisième division. Il y avait un manque de confiance, donc on a choisi de travailler sur le jeu, en retrouvant le plaisir de jouer, en oubliant vraiment le classement, mais aussi en ayant le plaisir à l’entrainement et le goût de la victoire. Il y avait dans cette équipe une âme, qui est venue petit à petit. On a vu les qualités de Lizarazu, la technique et la force de frappe d’un Dugarry, la créativité d’un Zidane

Lors de la préparation du match, je me souviens qu’on avait trouvé une perle dans une huitre, donc il y avait quelques signes favorables qui me faisaient penser à l’exploit. Tout le monde croit qu’on est dehors, éliminés, mais moi je pense qu’on a un bon coup à jouer. Si on marque le premier but, il y aura un stade derrière nous, conquis, et les joueurs vont se libérer grâce à cette force, qui va leur donner un coup de main supplémentaire. (…) Finalement, on a marqué les trois buts nécessaires, et moi j’avais la perle dans ma poche. Mais sur le troisième but, la joie était telle que, sur le moment de nos embrassades, la perle a disparu dans la pelouse de Lescure. Mais en tout cas elle a rendu service pour un match. Et sinon, c’était la folie totale, mais j’étais concentré sur mes joueurs, j’essayais de les replacer car à 3-0 il restait encore un quart d’heure. C’était très long… Il y a encore eu une balle très chaude que Gaëtan Huard a dû sortir, j’ai fait des changements, avec des joueurs bons de la tête qui sont rentrés pour tenir le résultat. Avant le match, le président Alain Afflelou, qui n’y croyait pas trop, comme beaucoup de gens au fond, nous avait dit que si on y arrivait, il triplerait la prime. Alors, il a dû, forcément, et il ne pensait pas devoir le faire, mettre la main à la poche, ce qui m’a permis d’avoir une prime exceptionnelle et de m’acheter l’Hôtel des Pins au Cap-Ferret (rires). »