Manu Lonjon (Yahoo Sport) : « On ne sait pas ni ne comprend quel est le projet sur 5 ans de Bordeaux »

En janvier dernier, alors que le mercato d’hiver battait son plein, nous recevions (par téléphone) dans ‘Girondins Analyse’ le journaliste foot de Yahoo Sport, Manu Lonjon, spécialiste du mercato. Après avoir, notamment, dit ne pas vraiment comprendre qui décidait de quoi à Bordeaux dans les choix de recrutements et la communication sur la politique sportive, Manu a aussi parlé de la fluctuation, dure à suivre, des décisions et des influences :

« Moi, j’aime bien Bordeaux, et dans ma hiérarchie des clubs français Bordeaux est haut. Mais depuis Laurent Blanc, et c’était il y a une plus de 7 ans, aucun entraîneur n’a eu plus de 50% de victoires. Ce n’est pas possible à Bordeaux… Le second, je crois que c’est Willy Sagnol, il n’est qu’à 38%, juste devant Gourvennec à 36%. Un match gagné sur 3, seulement. Mais Bordeaux ce n’est pas Troyes ou Caen ! (…) Avec le président Jean-Louis Triaud, Bordeaux a eu des pics, faisant que le bilan est bon et que le souvenir qu’il laisse est bon ; mais sinon… (…) Et dans l’organigramme actuel, je crois que le plus compétent et confirmé à son poste c’était encore Jocelyn Gourvennec… Les dirigeants, trop jeunes et inexpérimentés, n’ont pas encore plus de légitimité que lui. Récemment, je relisais encore les déclarations faites vers début septembre, après le mercato : tout le monde disait bravo au président Stéphane Martin et au directeur sportif Ultrich Ramé. Au final, même si ça avait l’air de tenir la route… Ça n’a pas marché.

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(…) Quand Christophe Dugarry – et en plus, que lui le dise ça a du poids – explique qu’être un ancien bordelais n’est pas un diplôme, il a tout à fait raison. Pourtant, de l’extérieur, on a l’impression que si tu n’es pas bordelais ou ancien bordelais ce sera plus dur pour toi… Les anciens pèsent pas mal, et on en arrive à croire que leur boulot, au final, c’est de faire en sorte que rien ne bouge pour qu’ils gardent leur poids. (…) Des anciens bordelais de 40-45 ans, qui parlent intelligemment de foot, son respectés et rôdent encore dans le milieu, il y en a : Zidane, Dugarry, Lizarazu, Micoud ; mais Ulrich Ramé – même si je respecte beaucoup son palmarès et ce qu’il représente – je ne le vois pas capable de taper du poing sur la table, de monter au créneau, d’avoir du réseau pour être LE directeur sportif. En fait, on ne sait pas ni ne comprend quel est le projet sur 5 ans de Bordeaux. Dans des clubs comme Nice, ou bien même Montpellier, on le comprend plus ou moins.

(…) Dans le recrutement, aussi, il faut voir le pouvoir des agents à Bordeaux… Quand Sagnol était l’entraîneur on disait que c’était l’équipe de Stéphane Courbis. Mais le club devrait être au-dessus de tout ça, avoir ses propres réseaux pour faire des coups, au moins en France, en Ligue 2 par exemple. Paul Baysse, par exemple, c’est un aveu d’échec et de faiblesse – mais aussi, quelque part, d’intelligence – de le voir revenir en janvier alors que cet été il était libre et il a même appelé le club… (…) Des choses à Bordeaux ne peuvent pas s’expliquer, sont insondables. Des fois, tu ne fais pas un joueur parce que tu n’y arrives pas ; ok ; mais derrière, 2 jours après… Vous savez que l’offre de 10 millions d’euros pour Ibrahim Amadou, de Lille, elle a bien été posée. C’est incroyable… Surtout que le salaire proposé allait avec. Entre 150 et 180 000, quoi… Après, Lille, c’est encore un autre bordel, pire qu’aux Girondins. Mais là, on aimerait vraiment savoir quelle est l’idée à Bordeaux, et l’ambition. Il faut expliquer ça aux supporters, dire qu’on vise entre la 8ème et la 5ème place, et donc l’Europa League ; mais que la Ligue des Champions ce n’est plus possible, même. Même si ça ne va pas faire plaisir aux supporters. »