Laurent Marti : « Ce n’est pas ça, pour moi, le sport »

Au cours du débat organisé à Sciences Po, hier, avec Frédéric Longuépée pour les Girondins de Bordeaux, Laurent Marti, le président de l’Union Bordeaux Bègles, a exprimé son point de vue quant à la présence de fonds d’investissement dans le sport professionnel

« Le seul point où je peux peut-être me tromper dans mon analyse, c’est que je connais mal le monde du football et peut-être que dans le monde du football c’est devenu obligatoire. Mais, pour moi, un fonds d’investissement, quand ça investit quelque part, ça vient pour gagner de l’argent. Moi, j’essaye de ne pas en perdre et la différence est très importante. Comment peut-on développer un club si on vient pour gagner de l’argent ? Je ne vois pas trop comment on peut faire. Le sport professionnel, quand tu rentres dedans, tu sais que ça va te coûter de l’argent. Si tu en gagnes, tant mieux pour toi, mais si tu viens avec cet état d’esprit de vouloir en gagner, je pense que tu le déformes ce sport. Ce n’est pas ma conception. J’ai beaucoup de mal avec le sport business, j’ai toujours eu du mal avec l’argent, même dans le rugby. En tant que président, il a fallu que je m’y fasse. Mais il y a des limites à ne pas franchir. C’est pour ça qu’au rugby je me bats à chaque réunion pour qu’on maintienne notre salary cap.

Encore une fois, ce n’est peut-être pas applicable au football. Je sais qu’en rugby on a 11,3M€ de masse salariale brute annuelle et des petits rajouts quand on a des sélectionnés. Et je sais pertinemment que si on dépasse ça, si on ne met pas un salary cap, on va vers des dérives que le rugby sera incapable de gérer, mais complètement incapable parce qu’en plus on a pas les ressources nécessaires. Déjà, aujourd’hui, le rugby produit moins d’argent qu’il n’en consomme au travers du salaire des joueurs, on est dans les limites de l’acceptable donc ça continue comme ça. Il y a toujours des mecs comme moi, ou des entreprises un peu sponsors qui continuent à faire en sorte que ça puisse continuer à vivre, mais ce principe du fonds d’investissement qui vient dans le sport professionnel, me dégoûte. Ce n’est pas ça, pour moi, le sport. Donc Frédéric, excusez-moi, ça n’a rien de personnel, vous n’êtes pas à la tête du fonds d’investissement et je ne veux pas faire un cas particulier en plus, mais je suis obligé d’évoquer ça. Car on est là pour débattre et pour faire part de nos convictions. »

Retranscription faite par nos soins