F. Brunet raconte la rivalité entre groupes ultras bordelais et marseillais, pas liée qu’au terrain

Très attachés à ce que le contexte historique autour de la rivalité entre les Girondins de Bordeaux et l’Olympique de Marseille soit respecté et reste dans les mémoires des plus jeunes supporters, les Ultramarines ont aussi leur propre(s) histoire(s), soucis, contentieux et rivalité(s) avec les supporters phocéens. Toutes ces histoires du monde des tribunes, Florian Brunet nous les a racontées, hier soir dans l’émission ‘Girondins Analyse’ (radio RIG).

« Disons qu’en plus de la rivalité sportive des années 80 et des histoires entre Bez et Tapie, il y aussi eu des groupes ultras qui sont nés à peu près en même temps. A Marseille, le Commando Ultra 84 c’est le premier groupe ultra de France, mais les South Winners sont aussi de 87, comme nous. Mais la rivalité entre supporters elle est née en 86, au moment de la finale de la Coupe de France, où les Marseillais avaient un peu ‘mis à l’amende’ les Bordelais, et en s’en prenant surtout à des supporters qui n’étaient pas du tout concernés par cette mouvance, par tout ce monde des tribunes, et qu’ils avaient agressés. Déjà, niveau loyauté…  Après, il y a eu des histoires de vengeances, de vols de bâches, et ça s’est perpétué. Et du coup, la rivalité globale entre Bordeaux et Marseille c’est vraiment devenue une des plus historiques, profondes et construites que l’on a en France.

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Mais on connait pas mal de leaders de chez eux, avec qui on a travaillé à l’époque de la CNU, la Coordination Nationale des Ultras. Puis on a de très mauvais souvenirs avec eux, mais aussi de bien meilleurs, et en tribunes on se stimule mutuellement, car on est deux villes où il y a des groupes ultras avec une culture tifos, une culture du déplacement… On a aussi une culture commune d’être des groupes et des tribunes antiracistes, et c’est en partie grâce à ça qu’on a pu travailler ensemble. Il est certain que ça aurait été plus dur avec des nationalistes convaincus…

Après, à Marseille, il faut bien savoir que Bernard Tapie, quand il était président du club, il a acheté la paix sociale pour contrôler cette culture ultra indépendante. Il a laissé les groupes gérer les abonnements et les places dans leurs tribunes, ce qui a généré des mannes financières énormes, en Francs puis en Euros. A une époque, il fallait obligatoirement être un membre d’un groupe ultra pour s’abonner dans leurs tribunes. Il se faisaient donc de l’argent sur chaque abonnement. Du coup, les South Winners, ils sont propriétaires de leurs locaux, de leurs bus, et des supporters ont même été payés, ils ont eu un salaire… Depuis peu, avec l’arrivée de McCourt, c’est terminé on dirait. Mais le groupe des Winners, qui s’est laissé pervertir par l’argent en perdant les valeurs d’authenticité qui font le mouvement ultra, il a perdu une grande part de sa crédibilité dans le monde ultra. Et donc, voilà, ces différences de mentalité entre supporters ont aussi contribué à exacerber la rivalité. »