F. Brunet : « Tant que le mouvement ultra ne sera pas exemplaire en bannissant les débordements, il ne sera pas crédible »

Dans la continuité de son discours relayé dans notre brève précédente, et pour en finir avec les retranscriptions du dernier numéro de l’émission « 100% Supporters », où il était le principal invité, Florian Brunet, des Ultramarines, a montré l’exemple en faisant une critique d’un « monde ultra » qu’il défend, évidemment, mais dont il reconnait aussi les erreurs et les choses à améliorer.

« À l’époque de la Coordination Nationale des Ultras, beaucoup de leaders ultras ne se rendaient pas compte de l’enjeu. Aussi, le vol de la bâche des Magic Fans de Saint-Étienne par des Lyonnais avait mis à mal les règles qu’on s’était fixées, sous forme de pacte de non agression informel, comme en Italie entre Juve et Torino ou entre Milan AC et Inter. On ne doit pas se faire des coups de pute, pardonnez-moi l’expression,  entre voisins. Mais il y a des gens avec très peu de conscience, qui veulent faire parler d’eux sans être, en plus, très légitimes à Lyon, et qui ont fait du mal. Après, c’est un exemple comme un autre, et il est sensible donc je ne vais pas m’étaler plus dessus, surtout en tant que Bordelais, par rapport à l’amitié avec les Stéphanois. Mais pour être crédibles et écoutés comme on le désire, sans renier notre mentalité et tout en restant fiers et capables de nous défendre en cas d’attaques, il ne faut plus de débordements, d’armes, de torches lancées sur les terrains, etc. »

« Malheureusement, les faits n’ont pas toujours été là pour suivre. Voilà pourquoi je disais que la maturité n’était peut-être pas suffisante à cette époque.  Tant que le mouvement ultra ne sera pas exemplaire sur ce que je viens de citer en bannissant tout ça, il ne sera pas crédible. On doit  progresser sur nous-mêmes, ne pas être facilement condamnables. Un incident peut toujours arriver, mais que ça se fasse vite entre adultes et que ça passe inaperçu, comme c’est souvent le cas. On ne doit pas faire des choses grossières et donner le bâton pour se faire battre, comme les Marseillais avec le mannequin représentant Valbuena. Ce n’était pas très malin.  Car après, vu que l’analyse qu’on doit faire c’est que le contexte interdit de telles actions, c’est grossi et monté en épingle. On doit faire très attention à ça. L’information va vite maintenant et en 10 minutes, même pas, toute la France peut être au courant d’un débordement, ce qui n’était pas le cas il y a 10 ans et encore moins il y a 20 ans. On doit vraiment faire extrêmement attention à ce qu’on fait. »

Actualités : F. Brunet :
« L’exemple parisien est symptomatique. Personne n’a su dire, à un moment donné, « on va droit dans le mur, on se tire une balle dans le pied, mettons nous autour d’une table sinon ça va dégénérer ». Aujourd’hui, ceux qui se battent pour faire renaître le Parc des Princes disent que le moindre débordement lors d’un rassemblement ne sera pas toléré. On en revient à la maturité à avoir. Le problème parisien, il est très clair, les grands leaders de cette période n’étaient pas ultra, donc ça posait un grand souci. Je connaissais très bien les leaders des Boulogne Boys, des Supras d’Auteuil, des Tigris Mystic, et, malheureusement, les grandes figures étaient indépendantes. Ça pouvait largement s’anticiper ces débordements, mais personne n’a su s’arrêter de faire des conneries. Ce n’était pas possible de ne pas sentir le traquenard quand il y avait 200 personnes qui faisaient le tour du Parc des Princes au milieu de 2000 flics et des hélicos un soir de Paris/Marseille ! Pourtant, quand on entend les anciens leaders ultras parisiens, ce sont de bonnes personnes. Et je suis persuadé, du moins je l’espère, que le Parc va renaître dans quelques années. Au fond, la cause Parisiens est la nôtre donc on essaye de les aider, de relayer leur communication, tous les jours. On a eu des rivalités différentes avec les groupes d’Auteuil, plus jeunes que nous, et de Boulogne, mais il y a un respect. Si on ne respecte pas son ennemi, c’est qu’il nous indiffère… Et ce n’était pas le cas. »

« Comme j’ai dit, je connaissais bien les leaders parisiens de l’époque et je peux expliquer comment on en est arrivé là et quelles leçons en tirer. Leur discours pour retrouver le Parc est intéressant et j’espère qu’ils gagneront leur combat. Je suis allé plusieurs fois dans ce stade ces dernières années, et c’est juste à pleurer ! Le Parc est une expérimentation pour essayer de faire ça partout en France ensuite. Le football est volé au peuple, totalement dénaturé. Mais avec l’intelligence et le discours des gars qui mènent le combat, je pense qu’ils peuvent le gagner à moyen et long terme. Ça donnera du baume au cœur à tout le monde et à la cause générale du mouvement ultra français. Les leaders ultras français doivent comprendre qu’il faut être disponible pour parler car ce n’est que comme ça qu’on fera changer d’avis la population. Montrer les bons côtés de notre mouvement, notre utilité sociale et les choses intéressantes qu’on fait, c’est le meilleur moyen pour éviter d’être diabolisés et décrit comme des voyous écervelés. »