Christophe Dugarry : « Le seul devoir que tu as à Bordeaux, c’est de tout faire pour gagner des titres »

Pendant environ 15 minutes, hier, les Girondins de Bordeaux ont été le sujet phare de… Christophe Dugarry, dans son émission sur RMC. L’ancien attaquant et capitaine du FCGB a donc détaillé une fois de plus sa vision du club au scapulaire, toujours en crise.

« On va maintenant pouvoir parler de mon club de cœur, de mon club formateur, en se demandant si le contexte bordelais endort les joueurs. Moi j’ai l’impression qu’il y a, parfois, de bons joueurs qui signent, de temps en temps, mais qu‘après quelques mois ils s’endorment, ils ont moins la gnaque, moins l’envie, ce qui est plutôt embêtant pour un club de ce standing. (…) Depuis 4 ou 5 ans, c’est compliqué… Coach après coach, on fait ce constat, Gillot, Sagnol, la liste est longue. Mais, quand même, pour être positif et ne pas toujours critiquer des choses qui pourtant me semblent… plus que critiquables, je pense surtout que c’est un discours à adapter. Et peut-être que celui des dirigeants ; qui a marché pendant des années, avec un bilan positif depuis 1999, des titres, des coupes, des qualifications européennes ; fait désormais face à une nouvelle génération qui a plus besoin de coups de pieds au derrière, et de se sentir responsabilisée, surtout dans un club de ce niveau. Je pense donc que le discours de la direction doit aussi changer.

Les Girondins, il ne faut pas oublier que c’est un club important, et je crois qu’on a malheureusement fini par l’oublier, et même les supporters des Girondins. Quand je vois leur calme en tribunes et leur tranquillité… Bordeaux fait partie de l’histoire de notre foot français et aujourd’hui, quand on entend le discours du propriétaire, de l’actionnaire majoritaire, M6, qui dit juste qu’il n’a pas vocation à être le Qatar des Girondins, que tous les joueurs doivent faire leur maximum, que Bordeaux a le 6ème budget (7ème, NDLR) donc il faut être 6ème… Voilà. Il n’y a plus d’ambition. Or, quand tu accueilles un joueur, il faut lui expliquer ce qu’est Bordeaux. Le seul devoir que tu as dans ce club, c’est de gagner des titres, ou au moins de tout faire pour. Et donc, je pense que le dialogue en interne doit changer, car les joueurs ont changé. En fait, on peut reprocher des choses à Bordeaux, mais des garçons comme Jérémy Toulalan et Jérémy Ménez, ou comme le défenseur central polonais (Igor Lewczuk, NDLR) ce ne sont quand même pas de mauvaises recrues, ce sont des joueurs d’expérience… Sauf que Bordeaux est tellement confortable et que le discours est tellement tranquille, malheureusement, avec personne pour aller les secouer, pas même au niveau des supporters… Eux se satisfont de ça, je vous promets ! J’ai cité plusieurs fois le moment où ils applaudissent les joueurs après la défaite 4 à 0 contre Monaco, à domicile. A un moment donné, leur rôle est aussi ; sans dépasser aucune limite ; de venir secouer les joueurs, et non pas de les applaudir. C’est du jamais vu ! Comment voulez-vous qu’ils se sentent sous pression ?!

http://www.zupimages.net/up/17/02/qz73.jpg

J’ai même l’impression que le président Triaud en a marre de leurs attitudes d’enfants gâtés, et je le comprends. A force, t’as un peu envie de leur mettre un coup de boule ! Car quand il faut prolonger les contrats ou bien négocier un transfert, que les agents appellent dès qu’un joueur fait trois bons matches et que, donc, il se croit le meilleur du monde… Je comprends que c’est très dur à gérer, mais bon, il doit quand même y avoir un autre discours. Je n’ai rien contre lui, il a été mon partenaire, mais je connais le caractère d’Ulrich Ramé, qui est le « directeur de la performance » (« directeur technique » en fait, NDLR), et il ne va pas secouer le cocotier… Ça me fait un peu bizarre de l’imaginer. Il faudrait retrouver une méthode différente pour secouer tout ça. (…) Je ne crois pas que ce soit juste un souci de recrutement, même s’il y a eu des échecs, comme partout. C’est surtout un discours et une attitude, qu’il faut changer. Remettre de l’ambition, réaffirmer ce que le club représente. Il y a vraiment tout un club à réveiller. »