Bixente Lizarazu : « Les émotions ont été aussi fortes en Bleu qu’en clubs »

Longuement questionné, pour L’Équipe, l’ex girondin Bixente Lizarazu revient, une fois de plus, sur l’un des plus grands matches de sa carrière (en clubs) et de l’histoire de son équipe formatrice : le FCGB – Milan AC en quart de finale de la Coupe de l’UEFA 96. Mais, avant cela, Liza liste les moments magiques de son parcours général, expliquant comment il a ressenti ces exploits :

« Franchement, les émotions de ma carrière de joueur ont été aussi fortes en Bleu qu’en clubs, car je ne veux pas faire de distinctions, de différences ; ce serait manquer de respect. En sélection, le plus fort, c’est la Coupe du Monde 98. Je la place au-dessus de l’Euro 2000 – où l’évènement n’avait rien à voir, malgré le scénario fort de la finale contre l’Italie –, même si on dit qu’un Euro c’est plus dur à gagner. Mais pour moi, la Coupe du Monde, c’est plus fort, l’Everest, c’est mythique, et c’est l’aboutissement absolu, surtout dans ton pays. Donc, cette finale de 98, c’est fou… J’avais ma famille dans le stade, et tout. Aussi, c’est vrai que les matches en équipe de France sont rares, alors comme on était amis on avait un plaisir particulier à se retrouver entre nous, surtout ceux jouant à l’étranger. On se retrouvait un peu entre potes, et on a vécu des choses fortes, comme vous le savez. Après, en club, je voulais faire quelque chose avec le Bayern Munich, et tant que je n’avais pas gagné la Ligue des Champions l’objectif n’était pas atteint. Notre sacre en 2001, pour moi, après le Mondial 98 et l’Euro 2000 gagnés avec la France, c’était ma finalité, le truc ultime, d’autant plus qu’en 99 nous avions perdu en finale – même si j’étais blessé -, c’était traumatisant. Alors, 2001, c’était notre revanche, on ne pouvait pas se rater. Donc, pour moi, cette finale était hyper importante, contre Valence, à Milan. Il a fallu avoir les nerfs hyper solides, car c’est allé jusqu’au bout de la nuit : prolongations, puis tirs au but… Mais ça reste un immense souvenir, un moment très fort. En plus, l’année fut incroyable, car 3 jours avant on avait gagné le titre de champion d’Allemagne sur le fil, alors qu’on était au coude à coude avec Schalke 04.

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(…) Le 3-0 contre le Milan AC, avec Bordeaux, c’était un match de fou, un match où on pleurait à la reconnaissance du terrain, tellement c’était électrique cette ambiance au stade. J’ai rarement vécu un truc pareil sur un match de foot, c’était fou. On était vraiment tous habités. Il y avait des drapeaux partout, les supporters étaient en transe, et donc ça nous a mis en transe ! On a fait un match parfait. Il fallait marquer dans le premier quart d’heure pour les faire douter après le 2-0 pour eux à l’aller, et c’est ce qu’on a fait. Il fallait en mettre trois et on en a mis trois, pour battre une équipe qui était alors, je pense, la meilleure équipe du monde. C’était dingue ! Milan était une équipe vraiment expérimentée, avec de très, très grands joueurs : Maldini, Baresi, Weah, Baggio… C’est un match extraordinaire. Mais c’était aussi une saison hyper bizarre, car on n’était pas bons en championnat. De toute façon, on ne pouvait pas tout faire, car on avait fait la Coupe Intertoto depuis le départ ; c’était une saison marathon. En championnat on était cuits et, en plus de ça, après chaque match de Coupe d’Europe fêtait ça en ambiance rugby… Ça nous aidait à souder un peu le groupe. Avec le coach Gernot Rohr, on partait au Cap Ferret, on allait s’y entrainer, sur la plage, et à midi on mangeait des huîtres, du poisson ; tous ensemble. Il y avait un truc extraordinaire entre nous, une vie de groupe extraordinaire. Je pense que ça nous a unis, et c’est grâce à ça qu’on a été capables de faire cet exploit contre Milan.

C’est un exploit historique pour les Girondins de Bordeaux, on en parle encore ; comme si on avait gagné la Coupe de l’UEFA. On parle de ce match comme si c’était la finale alors que la finale était contre le Bayern et qu’on l’a perdue. J’ai revu le match il n’y a pas longtemps, on s’est pris de ces tampons ! Ça me fait rigoler, car il aurait dû y avoir 3-4 cartons rouges. En tout cas, j’étais le capitaine de cette équipe girondine et j’en étais fier. Et sur ce match-là, contre le Milan AC, c’était juste complètement incroyable : on était en transe ! Duga aussi, Zizou aussi… Cette épopée était le début de quelque chose de fort pour notre trio bordelais, avant que chacun ne parte à l’étranger. »

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