Bixente Lizarazu : « Avec les Allemands, tu peux te mettre sur la gueule »

En début de semaine, sur RMC, l’ancien girondin Bixente Lizarazu a retracé longuement sa superbe carrière et ses différents aspects. Il a notamment raconté l’anecdote de son ‘combat’ avec… Lothar Matthäus, lors d’un entraînement au Bayern Munich.

« Je suis plutôt calme, c’est vrai, après j’ai un peu le feu à l’intérieur et je n’aime pas trop qu’on me cherche… Enfin, je veux dire que je suis bien éduqué, respectueux et que je n’aime pas qu’on me provoque. Mais la fois où je me suis battu à l’entraînement, pour dire vrai, c’est un peu un truc à la con au départ. On faisait un ‘toro’, et Lothar Matthäus ; qui ne faisait jamais d’erreur et était toujours parfait ; me dit que c’est moi qui ai fait la mauvaise passe et pas lui le mauvais contrôle. Mais je lui dis que non, que c’est lui qui va au milieu, et là il a commencé à parler fort ; donc je lui ai répondu, puis on s’est rapprochés, il m’a mis la main à la gorge et je lui ai mis une patate. Voilà (rire) ! Mais c’est là où j’ai vu la grandeur et la solidité du club, car il faut quand même savoir qu’à l’époque, Lothar Matthäus c’est la plus grande star de l’équipe et même la star majeure dans le football allemand. Il avait tous les journaux avec lui, toute la presse avec lui, et il y a même carrément des journaux qui sont venus au pays basque pour savoir si j’avais des antécédents niveau violence (rire). Ils ont enquêté pour savoir si j’étais un mec bizarre (sourire)… Et évidemment, ce qui a été topissime, c’est que le coach Ottmar Hitzfeld nous a convoqués, nous a fait chacun parler, et que finalement ça a été arbitré de façon très équitable à mon goût.

Car bon, j’étais quand même celui qui avait frappé. J’ai réagi parce que Lothar m’a mis la main à la gorge, c’était une agression pour moi, et donc j’ai réagi naturellement, mais d’une certaine façon j’avais fait, moi, le geste de trop, donc c’était moi qui devais être sanctionné. Et là, Stefan Effenberg a dit qu’il n’était pas question que je sois sanctionné et que si j’avais une amende il la paierait. Au final, ça s’est réglé comme ça et les grands patrons ont parlé : Franz Beckenbauer, Karl-Heinz Rummenigge, Uli Hoeness ; pour dire que c’était bon, qu’il n’y avait aucun problème et que c’était juste une histoire d’entraînement. Mais ce jour-là, il est vrai que j’ai eu le respect à la fois de Lothar Matthäus et de tous mes partenaires. Et ça a contribué, je dirais, à ce que je prenne vraiment ma place au Bayern. Et après, c’était nickel avec Lothar Matthäus niveau relations ! C’est ça qui est top avec les Allemands, franchement : tu peux te mettre sur la gueule verbalement ou physiquement. Et puis, même, pour vous dire les choses franchement… Si vous saviez les pains qu’on se mettait à l’entrainement la veille des matches… c’était hallucinant ! Mais pour eux, c’était normal et naturel. Quand j’arrivais en équipe de France après ça, je vous assure que c’était très respectueux (rire) ! En tout cas, après cette affaire, Lothar Matthäus ne m’a plus jamais mal parlé (rire). »

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