Frédéric Longuépée parle de l’importance des droits TV

Consulté au sujet de l’importance des droits TV dans le monde du football, Frédéric Longuépée, le président des Girondins de Bordeaux, estime que ces derniers sont primordiaux pour générer des revenus pour les clubs pro et les aider à grandir.

Les mots de FL, hier, lors d’une conférence à Sciences Po, avec comme autre débatteur le président de l’Union Bordeaux Bègles, Laurent Marti

« Selon vous, quel est le championnat de football le plus suivi dans le monde ? L’Angleterre. Pourquoi c’est un des championnats les plus suivis ? Parce qu’il y a une compétition extrêmement forte entre les équipes. Aujourd’hui, vous avez entre cinq à six équipes qui peuvent bien rivaliser pour le titre de champion en Angleterre. Leur objectif, à terme, c’est d’en avoir une dizaine. Autrement dit, tous les week-ends, vous avez quasiment à chaque fois une rencontre du niveau de la Champions League, qui procure un spectacle absolument incroyable, avec une compétition où vous ne savez jamais qui va gagner. Ce que le football anglais a réussi à faire, ils l’ont aussi fait en partie grâce aux droits TV. Ce que récupère le dernier club du championnat anglais ça correspond au niveau des droits domestiques à ce que gagne le premier club du championnat en France. On ne va pas dire que le championnat français est déséquilibré, mais le résultat est connu à l’avance. En Espagne, il y a une compétition entre deux/trois clubs, en Allemagne c’est à peu près pareil parce que le Bayern n’est pas très en forme. J’ai envie de dire que c’est une réalité avec laquelle il faut composer.

En ce moment tous les clubs français discutent beaucoup, parce que ça nous préoccupe vraiment, à deux niveaux. Les droits TV domestiques ont été acquis par Mediapro, qui a accepté un montant beaucoup plus important que ce que la Ligue générait jusqu’à présent. On est à un peu plus d’un milliard d’euros. Les 400 millions d’euros supplémentaires qui sont attribués au championnat de France doivent être répartis parmi les clubs. Là où nous nous battons et là où nous avons réussi à constituer un groupe de 16 clubs, parce que cette majorité de 16 clubs emporte la décision au conseil d’administration de la Ligue, le problème c’est que, historiquement, les plus gros clubs ont réussi à convaincre les plus petits clubs de voter en faveur de modèles que eux prônaient. Du coup, la part la plus importante de ces droits doit revenir aux gros, parce que c’est eux qui tirent la notoriété du championnat et qui, par conséquent, généraient cette croissance des revenus. Si on accepte ça, le risque que nous prenons en permettant aux gros de récupérer les plus grosses parties est réel. Et je ne dirais pas comment ils font pour convaincre les plus petits de voter pour eux… Mais le club des Girondins de Bordeaux se retrouveraient alors dans un ventre mou où l’on aurait du mal à rattraper ces plus grands clubs. Donc on se bat au quotidien et en ce moment deux fois par semaine pour vendre un modèle qui va préserver les parts des droits TV. Je ne sais pas si c’est un bien ou un mal, ce que je dis c’est que c’est là et il faut le gérer car si on ne le gère pas, à la fin c’est la situation économique du club ; et on parle là de plusieurs dizaines de millions d’euros ; qui est en jeu.

Et donc, pour revenir à ce que j’évoquais au départ, pour devenir meilleur et réussir à faire grandir cette équipe, on a besoin de développer des revenus et ça passe en particulier par les droits TV, parce que c’est une des sources de revenus primordiales pour les clubs. Et donc on consacre beaucoup de temps à ça, de manière à préserver la situation et la part de droits TV qui revient à chaque club après qu’elle ait été négociée par la Ligue pour le compte des clubs. Je ne sais pas si c’est clair pour tous, mais en tout cas je ne vais pas dire que c’est un mal nécessaire car comme je vous le disais aujourd’hui le football est globalisé. Mais c’est en essayant de défendre un modèle qui, selon nous, doit être le plus homogène possible ; entre ce que récupère le premier club et ce que récupère le dernier ; qu’on avancera. Parce que si on a un championnat avec des équipes un peu plus homogènes qu’elles ne le sont aujourd’hui, même si aujourd’hui le championnat est assez serré, et bien c’est la totalité du championnat de France qui va prendre plus de valeur et à la fin être encore plus compétitif qu’il ne l’est aujourd’hui sur la scène européenne. Et ça, je crois que c’est ce dont on a tous envie. »

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