Matthieu Chalmé : « On se régale dans le travail au quotidien, et c’est facile avec ce groupe »

Forte de 18 points (6 victoires de suite en 7 journées, après une défaite inaugurale), la réserve des Girondins de Bordeaux est actuellement en tête de sa poule de National 3 (ex CFA 2). Match après match, le coach Matthieu Chalmé est donc satisfait de ses jeunes troupes, qui ont battu Chauray lors du dernier match, grâce à des buts d’Olivier Verdon (sur pénalty) et de… Maxime Poundjé. Pour GOLD FM, Chalmé exprime donc cette sérénité, mais aussi une volonté d’exigence permanente, qu’il dit facilitée par un groupe réceptif à ce discours.

Retranscriptions complètes des ses propos à lire ci-dessous :

« On recevait le dernier, qui avait un état d’esprit conquérant, pendant que nous on a manqué de simplicité, sur un terrain très difficile. Ce weekend, après une première période vraiment moyenne, j’ai trouvé qu’on avait réalisé une très bonne seconde période, avec du jeu, des occasions, et deux buts coup sur coup qui ont tué le match. J’ai trouvé des garçons investis, et ça toujours du bon d’enchaîner des victoires, surtout quand le contenu est plutôt bon. Et c’est le cas sur ce début de saison, on progresse journée après journée, et on va devenir l’équipe à battre dans notre poule. Il faudra faire attention sur ce point-là. Déjà que c’est compliqué parce qu’on est les Girondins de Bordeaux, que tout le monde veut essayer de gagner contre les Girondins et qu’il y a une motivation supplémentaire chez les adversaires ; si en plus on est premiers, ça met une double opportunité en face, pour vouloir nous battre. Mais cest bien cette pression, car elle est positive ; ça apprend aux garçons à gérer certaines émotions aussi, et on va voir s’ils ont le mental pour pouvoir résister.

C’est très intéressant en tout cas. Et pour l’instant, on mérite d’être premiers je trouve. Mais ce sera long et difficile de rester là, et je ne pense pas qu’on sera un leader incontestable toute la saison. Les garçons en sont conscients, ils savent qu’un coup de mou peut arriver dans une saison, c’est normal, et il faudra alors s’accrocher. Mais pour l’instant tout marche bien, et pourvu que ça dure le plus longtemps possible, car ils ont envie de rester en haut, ils aiment ça, comme ils ont aimé être champions de France des U19 la saison dernière et comme ils ont aimé joué la Youth League. L’élimination les a interpelés et leur a montré qu’ils n’étaient pas encore prêts pour le haut niveau. Ils ont vu tout le travail qu’il leur restait à accomplir, et c’est bien dommage de ne pas avoir d’autres apprentissages comme ça durant l’année. Car on a vraiment pris une leçon contre Salzbourg ; tous ! Même nous, entraîneurs, et on a beaucoup communiqué sur ça. C’est bien de se remettre en question, ça va nous servir à faire évoluer certains de nos principes, comme le pressing. Les joueurs ont vraiment pu voir ce que c’était…

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(…) On met en garde nos joueurs sur le relâchement, tout simplement. Je l’ai parfois connu, même en Ligue 1, et je sais que c’est humain comme sentiment, mais que c’est un danger permanent, encore plus pour les jeunes de 17 ou 18. Mais cette année, ça va, ils ont plutôt une bonne mentalité sur ce point, même si la préparation au haut niveau nécessite qu’on les maintienne éveillés. Sur certains matches, on n’a pas de doutes quant à leur motivation, mais sur d’autres on peut les mettre en alerte sur ça, sur le fait que ces 3 points-là sont tout aussi importants – voire plus ! – que les autres, et sur le risque de faire des choses très moyennes s’ils se relâchent. Quand il y a moins d’investissement, comme c’est parfois le cas, on le voit très vite dans le jeu… Et on l’a vu en première mi-temps contre Chauray. Mais les garçons réagissent correctement, après nos petits rappels à l’ordre, et c’est ça qui est important. Après, c’est une très bonne chose d’être exigeant, mais il faut aussi être réaliste quant à un contexte, avec ses difficultés, afin de savoir comment relever la tête dans des contextes différents. On l’a fait, et ça prouve encore que c’est un groupe qui est très intéressant, qui a toujours envie de progresser, de répondre présent. Tout ça est très positif.

(…) Lors des matches, au niveau de ce qu’on privilégie ; les contenus ; l’important c’est déjà de se créer des occasions. Mais le plus dur, ensuite, c’est de les mettre au fond. Notamment pour nos attaquants, dont Michael Nilor, qui a touché le poteau et doit encore travailler. Mais ils sont tous en progrès, sur beaucoup de choses. Et ça ne me dérange pas que ce soit un défenseur qui ait marqué un but, même si c’est un penalty ; obtenu par un attaquant d’ailleurs…. Olivier a voulu le tirer, il est pro, et tant qu’il le marque… (sourire) Normalement, c’est un attaquant qui est désigné, mais là Olivier a pris ses responsabilités. Et pour moi, encore une fois, le plus important c’est le contenu des matches. C’est ça qui m’intéresse, pas les buteurs. (…) Maxime Poundjé ? Il a joué en position haute, sur un côté, presque comme un attaquant, et il était là pour mettre le deuxième but rapidement. C’est bien ; d’autant que ce n’est pas évident pour lui, qui n’a pas de temps de jeu en pro mais doit garder le rythme, avec nous. D’une manière générale, je trouve que les pros qui descendent avec nous depuis le début de la saison jouent le jeu, ont la bonne mentalité, le bon état d’esprit. Donc tout le monde est gagnant… Sauf peut-être les jeunes dont ils prennent les places, mais c’est la règle, ils le savent. Et cela permet quand même aux jeunes de jouer avec d’autres équipes du centre et de continuer leur apprentissage. Après, on les sent frustrés, forcément, même quand on leur explique… Mais c’est normal qu’ils soient déçus, et heureusement qu’ils le sont.

Pour nous, aujourd’hui, c’est compliqué de prendre des décisions, de faire nos choix, car tous les joueurs ont eu du temps de jeu et ont pu nous prouver des choses dans le turnover. Lors des entraînements, pendant les semaines de travail, on est honnête avec eux et un lien de confiance se crée. Aucun joueur ne peut râler ou se plaindre que les coaches mentent, et nous on juge le terrain, aux entraînements et en matches, en sachant aussi que nous sommes passés par là. On sait que ce qui fera, aussi, la différence pour le haut niveau c’est que les meilleurs s’adapteront, mentalement, quand d’autres auront plus de mal à accepter nos décisions. Et nous, notre rôle, c’est de tous les accompagner pour que chacun ait ses chances. Mais il n’y a pas de soucis sur ça, car on leur propose plein de choses aux entraînements et qu’ils sont déjà compétiteurs, à vouloir toujours tout gagner. Sincèrement, on se régale au quotidien, et c’est facile pour nous, les coaches, de voir des garçons toujours motivés et s’entendant bien. On prend du plaisir à bosser, et eux en prennent à venir, on le voit. Toutes les générations ne sont pas comme ça… Et c’est vraiment très important et positif qu’ils soient épanouis. »