Un problème psychologique… et tactique ?

29 matchs de championnat et toujours aucun fond de jeu. Face à Angers, les Girondins étaient attendus après leur série de trois matchs sans victoire et d’un but marqué. Ces mêmes Girondins qui avaient passé leur semaine à déclarer dans la presse se fixer un objectif de 6 points sur leur deux prochains matchs (Angers et Rennes, à Gallice).

Avec ce point pris, les Marine et Blanc ont donc essuyé un nouvel échec et réalisé une nouvelle prestation inquiétante, ennuyeuse et indigne d’une équipe « censée » jouer l’Europe.

Après la rencontre, le coach Gustavo Poyet a évoqué un problème psychologique rencontré par ses joueurs : « Nous n’avons pas un problème technique ou physique, puisque c’était bien dans ces deux domaines en seconde période. C’est un problème mental. »

Un problème déjà relevé depuis plusieurs saisons, mais sur lequel l’entraîneur uruguayen a poussé le cheminement, avec ironie : « On ne peut pas changer d’entraîneur tous les quatre matches… On va continuer à travailler » ; faisant alors illusion à sa nomination et à son premier match face à Lyon, qui avait vu une prestation très aboutie dans l’état d’esprit des Girondins (succès 3-1) ce jour-là et sur les matchs qui avaient suivi.

Mais, en attendant que les joueurs comprennent qu’un match dure deux mi-temps et qu’un succès doit aller se chercher avec les tripes – et ce peu importe l’adversaire -, Gustavo Poyet n’a pas non plus brillé dans son coaching ces dernières semaines.

Après avoir relancé quelques joueurs dernièrement (face à des adversaires assez importants), le technicien bordelais a pu se faire une idée de son effectif et en déduire quelques conclusions : François Kamano, Martin Braithwaite et Valentin Vada étaient sur le banc hier, alors que Jaroslav Plasil était lui de nouveau préféré à Otàvio au poste de milieu défensif. Voilà donc le seul choix fort de ces trois dernières semaines d’essais, pour une équipe qui a vu également des retours (Malcom et Meïté) se concrétiser.

Face à un bloc angevin compact et parfaitement organisé, les Girondins ont peiné à s’imposer au milieu de terrain et ont, une nouvelle, fois vu leur ligne offensive être coupée de celle du milieu qui, elle, patinait dans son football, à l’image des 27,3% de duels gagnés par Lukas Lerager.

Pour tenter de forcer les choses, Gustavo Poyet a hélas fait hier dans le changement poste pour poste : François Kamano a succédé à Nicolas de Préville, Martin Braithwaite a remplacé Gaëtan Laborde et Malcom a lui été reayé par un milieu en fin de match (Valentin Vada). Le tout dans un schéma en 4-3-3 dont le technicien uruguayen raffole.

Mais Bordeaux a-t-il les joueurs pour évoluer dans ce schéma de jeu ? La question était posée ici au mois d’octobre dernier, déjà, et il faut dire que les derniers matchs des Girondins – et leur saison – ne dégage(nt) pas un schéma clairement huilé. Actuellement, les Girondins restent trop dépendants des exploits de Malcom, qui se retrouve exilé sur une aile. À gauche, Nicolas de Préville a été dézonné de l’axe et il se retrouve « par défaut » à ce poste. Oui, l’ancien lillois se démène sur le plan défensif mais sa position basse laisse plutôt songer à un schéma avec un 4ème milieu latéral défensif qu’à un véritable ailier offensif. Enfin, devant, Gaëtan Laborde ou Martin Braithwaite (ou même Nicolas de Préville avant eux) récoltent les miettes restantes du jeu bordelais. Le problème que rencontrent les Marine et Blanc à ce poste délicat d’avant-centre (plutôt crucial quand il est réduit à être la seule solution offensive en pointe) est que Gaëtan Laborde, Nicolas de Préville, Martin Braitwhaite (et même Alexandre Mendy, blessé depuis décembre) n’ont pas ce profil de véritable 9. À Bordeaux, la tendance du moment est d’aligner des « guerriers » qui n’hésitent pas à faire les efforts offensifs, mais à quel moment verra-t-on de véritables footballeurs et spécialistes de leurs postes ?

D’ici là, la solution pourrait être d’aider un peu plus l’attaquant de pointe : avec un meneur de jeu derrière deux avant-centres dans un 4-4-2 losange ou encore dans un schéma en 4-2-3-1 comme celui tenté (et réussi) par Éric Bedouet à Nantes ? Difficile à dire, car seul le terrain apporterait des réponses précises. Mais le match à Nantes où le fait de savoir Nicolas de Préville, Gaëtan Laborde et Martin Braitwhaite plus à l’aise dans un schéma à deux attaquants de pointe peut nourrir quelques idées. À défaut d’avoir un grand avant-centre, Bordeaux ne serait-il pas tenté d’en associer deux d’un calibre différent ?

Seuls Gustavo Poyet et son staff technique ont les clés sur ce point, mais après huit mois passés à tenter de répondre à la question : ‘Quel est le fond de jeu des Girondins ?’, peut-être pourrait-on penser à retrouver une identité en passant par un peu d’audace.

crédit image :  NICOLAS TUCAT / AFP