Willy Sagnol revient sur la polémique du « joueur typique africain »

Se livrant dans une chronique pour RMC, La boîte à souvenirs de Willy Sagnol, l’ancien entraîneur des Girondins revient notamment sur ses propos dans Sud Ouest au mois de novembre 2014 :

« J’ai compris que des gens avaient pu penser, comprendre, interpréter… Mais il faut se remettre dans le contexte, car ce n’est pas moi qui dis ‘typique africain’. C’est la question. J’aurais bien aimé que le journal en question m’aide un peu plus à l’époque (Le journal Sud Ouest avait publié un communiqué à ce sujet, ndlr) parce que quand ça se passe, il y a des gens qui sont là dans le studio et ça ne choque personne parce qu’ils avaient vu que c’était une question et que ce n’était pas moi qui introduisais le sujet. Il faut savoir qu’à l’époque j’avais une cible sportive qui était Isaac Kiese Thelin, parce qu’on savait que Cheick Diabaté devait se faire opérer. Il allait être absent pendant de longues semaines, voire de longs mois, et j’avais une cible qui était ce Isaac Kiese Thelin, un joueur d’origine congolaise et suédoise. Et c’est pour ça que je parle des Africains et des Nordiques. Je parle aussi des Nordiques, car à cette époque l’Équipe de France Espoirs s’est faite éliminer par la Suède et par la Norvège. Je mélange pas mal de choses et je m’exprime, certes, pas de la meilleure des façons – puisque ça prête à interprétations -. Ça a été mal dit. Mais j’en ai beaucoup voulu à certains parce que ça a été un peu la chasse qui a été lancée. »

« Les propos de Louis Saha, notamment, ne sont pas passés, parce que quand il dit ‘Je suis un joueur de couleur’ je suis désolé mais il n’y a pas qu’une couleur en Afrique. Il n’y avait rien qui était dit sur la couleur. Beaucoup ont ramené ça à la couleur de peau, beaucoup ont réagi sans avoir écouté ce que j’avais dit et je constate que certains sont montés au créneau et ont crié très fort. Mais ce sont les mêmes qui m’ont appelé pour s’excuser ensuite. Après, j’aurais juste aimé qu’ils s’excusent aussi fort qu’ils ont crié. […] Pour reprendre certains propos, comme ceux de Thuram ou Vieira avec qui on a vécu beaucoup de choses en Équipe de France, et bien j’ai une conception de l’amitié qui est complètement différente de la leur. Personnellement, je l’ai vécue (cette polémique, ndlr) comme un drame. Pendant deux ans, j’étais invivable et même à la maison avec ma femme et mes gamins, avec tout le monde. J’ai vécu un drame personnel. »

« (S’il a senti un soutien de l’institution bordelaise) Des joueurs, oui, très clairement (sur le match qui suit, Cheick Diabaté marque et vient lui sauter dans les bras, ndlr). Ils me côtoyaient au quotidien. Avec Cheick, on est devenus très proches, notamment par le biais de nos enfants qui sont un peu devenus les meilleurs copains du monde. On a gardé une belle relation. La façon dont le vestiaire a montré son soutien – notamment ce match après, à Lens – oui, ça m’a beaucoup marqué, ça m’a beaucoup aidé. Après, ça a été une période très difficile. De parler de tout ça aujourd’hui, ça me fait m’en rappeler, y revenir, et je ne veux surtout pas y revenir parce que ce n’est pas moi. Les gens qui me connaissent savent qui je suis, ceux qui ne me connaissent pas peuvent penser ce qu’ils veulent. Un Pape Diouf, lui qui appelait à la grève générale, il peut penser ce qu’il veut, et je peux le dire clairement : j’en ai rien à foutre, car il ne me connaît pas. Quand on ne connaît pas quelqu’un, on n’en parle pas. Tout cela a été compliqué, ça a été un poids pendant très longtemps. »

Retranscriptions faites par nos soins depuis l’émission
La boîte à souvenirs de Willy Sagnol‘, RMC / BFM TV