Raymond Domenech : « Si j’avais égorgé le premier mouton… »

Raymond Domenech, ancien joueur de Lyon et de Bordeaux (champion de France 1984 avec les Girondins), qui est un actuel dirigeant contesté de l’UNECATEF, le syndicat des entraîneurs français, a surtout été sous le feu incessant des critiques lorsqu’il était sélectionneur des Bleus (2004-10).

Pour l’Interview Sans Filtre, il revient sur cette période :

« Nous, tous les entraîneurs, on vit dans ce cycle de critiques, donc on est préparés à ça, habitués. Les seuls qui ne sont pas préparés à ça et pour qui c’est dur, très dur, c’est pour la famille. Ils le vivent en interne, eux, ils ne peuvent pas l’exprimer, ils ne peuvent rien dire, mais ils subissent tout, ils entendent tout. En plus, moi, avec Estelle (Denis, sa compagne, journaliste sportive ndlr) qui était dans le milieu et qui prenait de tous les côtés… Ça été beaucoup plus dur pour elle, en fait. Mon frère, ma mère, pareil… Eux, ils prenaient tout. J’ai un frère qui a arrêté le foot, à cause de ça, je le sais. Il y avait tellement d’abrutis qui se servaient de ça pour le dire à lui que… Alors qu’il n’y était pour rien. Et ça, c’est très dur, car on ne peut rien faire contre ça.

S’il y avait quand même des critiques objectives ? Quand je voyais ces critiques-là, et les gens qui les émettaient, j’étais rassuré ! Il y en a un, à la fin, qui a dit que j’étais le petit Rocancourt du football. Donc un escroc et un voleur. Et qu’on me compare à ça, j’ai trouvé ça scandaleux, injuste, malhonnête. Des regrets ? Oui, j’ai eu un grand tort, dans les erreurs que j’ai commises : c’est de ne pas avoir, systématiquement, appelé le mec (qui le critiquait, NDLR), l’attaquer, lui dire : ‘Maintenant, stop. C’est terminé !’. Parce que ça a fait un effet de meute. Quoi que, non, car ce serait presque leur faire un compliment que de dire ça. En fait, ce sont des moutons. Ils ont commencé à bêler, les uns après les autres, et de plus en plus fort. Et tout le monde s’est associé à ça… Donc le troupeau s’est agrandi. Alors que si j’avais égorgé le premier mouton, ça aurait été terminé. Il n’y aurait pas eu tout ça, tout ce truc-là. »