P. Doucet : « Le fossé club(s) – supporters, c’est un thème généralisé »

Après Annabelle Creuzé, la formatrice en langue(s) et traductrice des Girondins de Bordeaux, l’émission ‘Girondins Analyse‘ de ce soir, sur la radio R.I.G, a eu un autre invité : le journaliste sportif Philippe Doucet (Canal +).

Plusieurs de ses avis lui ont été demandés ; lui qui est réputé sage et mesuré dans le monde médiatique ; à commencer par celui sur le conflit entre les Ultramarines et le président Frédéric Longuépée.

Ses réponses :

« Déjà, c’est un plaisir de vous parler, car Bordeaux est un club que globalement j’aime beaucoup et depuis longtemps. Bien sûr, je ne vis pas à Bordeaux, mais je vais souvent en vacances dans la région. (…) Le conflit supporters – direction ? Déjà, on dit ‘supporters’, mais souvent ça vient des groupes ultras. Moi, je suis très gêné par cette situation-là. Alors, c’est peut-être car je suis d’une autre génération, mais j’ai quand même du mal à comprendre. Les présidents de clubs peuvent faire des erreurs et en font, manifestement, mais vu de l’extérieur je vous avoue que de voir un public interrompre un match pendant 30 minutes ou bien traiter un joueur comme Marcelo l’a été à Lyon, alors que le club venait de se qualifier en 1/8èmes de finale de la Ligue des Champions, ça donne des scènes consternantes et une mauvaise image du football et des tribunes.

Pour autant, je sais que le souci qui a entraîné la fracture, il ne vient pas que des supporters. Les clubs ont, je crois, du mal à comprendre les comportements des supporters. Quand des investisseurs, étrangers en plus, ont mis des millions ou des dizaines de millions, ils peuvent avoir du mal à comprendre que les gens des tribunes viennent leur expliquer quel coach prendre, quels joueurs, comment gérer le club etc. Donc ça créé un malaise général. Sur certains sujets, on peut quand même très bien entendre les groupes de supporters : l’organisation des déplacements, les animations, la sécurité, la politique de répression, les arrêtés préfectoraux… mais sur le reste, c’est compliqué. Et j’ai du mal à comprendre. Avant, c’était réservé à des clubs plus explosifs, comme Marseille, mais maintenant on dirait que c’est partout.

(…) Après, au-delà des questions philosophiques – car on pourrait débattre du sens d’avoir des propriétaires étrangers plutôt que des investisseurs français ou locaux -, je crois que parler de la nationalité des actionnaires c’est toucher une des raisons pour lesquelles le fossé peut se creuser entre un club et puis ses supporters. Les groupes de supporters se disent souvent garants voire en quelque sorte propriétaires de l’âme et de l’identité des clubs, alors que tout le reste – joueurs, coachs, dirigeants – ils ne sont que de passage et défendent leurs intérêts du moment. Donc c’est un thème généralisé et là, sur le cas bordelais, je crois qu’on peut comprendre les supporters, car il y a une mésentente entre les deux actionnaires qui sont venus par opportunité, avec des buts financiers n’ayant rien à voir avec le sport et l’amour du club. Mais dans le cas de Lyon, ce raisonnement ne s’applique pas, car Jean-Michel Aulas est là depuis 33 ans et que des Lyonnais, il y en a partout dans le club. »

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