Les souvenirs de « bannis » de Ba et Diarra

En plus d’avoir joué avec succès aux Girondins de Bordeaux et d’avoir porté le maillot de l’équipe de France, les milieux de terrain Ibrahim Ba (40 ans, bordelais en 96/97) et Alou Diarra (32 ans, bordelais de 2007 à 2011) partagent aussi un point commun, dont ils se seraient sans doute bien passés… Celui d’avoir fait, chacun, partie d’une pré-liste post grande compétition internationale (le Mondial 98 pour « Ibou » et l’Euro 2008 pour Alou) mais d’avoir surtout fait partie des quelques joueurs finalement laissés à quai juste avant l’épreuve espérée, alors qu’ils avaient touché le rêve de très près.

Dans l’un des reportages de son dernier numéro de la saison, consacré à ces « Bannis de l’Équipe de France », le magazine de Canal + « Enquêtes de Foot » – collant à l’actualité – est allé, notamment, à leur rencontre pour recueillir leurs réactions à froid sur cet évènement douloureux d’une carrière et sur leurs anecdotes liées à cette mésaventure sportive et humaine.

Ba : « Si ce moment a changé ma vie ? Oui, je pense, sûrement que ça a changé ma vie. Avant, je me sentais invincible. Je n’avais jamais pensé qu’il pouvait m’arriver quelque chose. Je pensais toujours à aller le plus haut possible, sans jamais penser que ça allait se fermer, ou même, quelque part, que ça allait s’arrêter (…) La nuit où on a su, avec Nicolas Anelka (autre laissé pour compte de l’époque), on a tout de suite décidé de partir. On n’a pas voulu rester. (…) Pendant des heures, on a roulé dans Paris, comme ça, sans but… Après on pense à la façon dont on va expliquer ça, à la famille, aux parents, aux petits frères et aux petites sœurs.

(…) Je me souviens d’un Juventus-Milan (son club après le FCGB) où Boban est expulsé. Je vais vers l’arbitre, je lui dit : « Monsieur, déjà qu’on ne voit pas le jour et qu’on perd 3-1, il reste 10 minutes, un carton rouge, franchement, ça ne vaut pas la peine en fait… ». Et là, je me tourne, il y a Didier Deschamps qui arrive et qui me dit : « Ben Ferme ta gueule ! Tu te la racontes maintenant, tu parles, tu parles… ». Je lui réponds : « Non, je n’pense pas, tu parles pour ton équipe, je parle pour mon équipe. Joue ton match ». A la fin de la rencontre, on se retrouve devant l’entraîneur, Aimé Jacquet. On a parlé, on a discuté, et Didier arrive. On se salue et il me sort : « Alors ? C’est comme ça que tu parles à ton capitaine ? ». Je lui ai répondu qu’il n’y avait pas de capitaine car nous ne jouions pas dans les mêmes équipes ce soir-là. Sur le moment, je ne pense pas aux conséquences… AImé Jacquet s’était déplacé pour nous voir et j’avais ‘mal parlé’ à Deschamps.

(…) Vous arrivez dans une équipe, vous êtes le plus jeune, les anciens s’attendent à ce qu’il y ait du respect pour eux, que tu sois là à leur cirer les chaussures. C’est vrai, ça a toujours été comme ça. L’intégration est facile, si vous suivez les anciens, si vous cirez les chaussures. Moi je ne les cirais pas. Peut-être que j’aurais dû… Mais moi, je ne pensais pas que l’Équipe de France était pour certains joueurs. Je pensais que l’Équipe de France c’était pour tout le monde. »

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Diarra : « (Hilare) Quand tu es dans ta chambre, à Tignes, à la fin du stage de préparation physique, que tu sais qu’on va venir te voir si tu n’y es pas, et que tu entends le « toc-toc » à ta porte, t’as pas envie d’ouvrir. Je le prends à la rigolade aujourd’hui, mais bon… Je me souviens de la tête que j’ai fait. (…) C’était le flou total. Un joueur de haut-niveau a besoin d’être fixé sur ses objectifs, et s’il n’en a pas, il est un petit peu perdu… Ce qui était mon état d’esprit à ce moment-là de la préparation. »