Daniel Riolo : « Qui se souvient des matches avant Dniepr et la Juve ? »

Réagissant aux récits d’Alain Giresse puis aux souvenirs et aux analyses de ses collègues d’RMC, Daniel Riolo a aussi donné ses impressions sur le grand Bordeaux des années 80 :

« Je crois que je me rappelle à peu près de l’équipe, voire de la compo de l’épopée européenne de 84-85 : Dropsy – Thouvenel, Battiston, Tusseau, Specht – Tigana, Girard au milieu avec Alain, puis Dieter Müller et Bernard Lacombe ; et il me manque Gernot Rohr. Puis il y a Fernando Chalana sur le banc (rire) ! Le Bordeaux de cette époque, c’était notre représentant, notre porte-drapeau européen : le Sainté ou le Bastia d’avant, l’équipe que toute la France aimait ; jusqu’à ce qu’on commence à développer un peu de ce qu’on appelle la culture foot en France. On a créé vraiment ça dans les années 90, quand le foot a été diffusé plus massivement et qu’il n’y avait plus besoin de soutenir l’autre club car on pouvait voir le sien. On est devenus des supporters en France à ce moment-là, pour rattraper nos voisins européens qui avaient 20 ans d’avance, et que des bassins de populations se mettent à supporter les clubs locaux ; et surtout ceux faisant des campagnes européennes – qui étaient rares quand même pour nos clubs en France -.

Mais dans les années 80, je pense qu’il n’y a pas beaucoup de gens qui ne soutenaient pas Bordeaux. Tout le monde soutenait Bordeaux ; même si les matches, paradoxalement, on ne les voyait pas vu qu’ils n’étaient pas diffusés à la télé tellement c’était rare le foot sur l’écran. Très franchement – moi j’ai des souvenirs de les avoir entendus à la radio, enfant, dans mon lit -, à part le quart contre Dniepropetrovsk et la demi contre la Juve, qui a vu les matches d’avant ; contre Bilbao et Bucarest ? Qui s’en souvient ? En tout cas, Bordeaux, qu’est-ce qu’ils ont joué dans les pays de l’Est à l’époque… (…) Ce match retour contre la Juve, oui, ça a été un des plus grands moments du football français de ces années-là. Mais il symbolise aussi toute l’impuissance, chez nos clubs français, dans les grands matches face aux gros clubs étrangers de l’époque. C’est ce qu’on a appelé le football un peu romantique à la française. Contre la Juve, au retour, après s’être fait avoir à l’aller en passant au travers, Bordeaux domine, Bordeaux est très fort, et Bordeaux marque assez vite par Dieter Muller… Puis le deuxième but, superbe, de Patrick Battiston arrive en seconde période. Mais il y a le fameux troisième but qui ne vient pas, avec notamment Bodini qui arrête le tir de Jean Tigana. Je me souviens aussi que Michel Platini avait été très mauvais ce soir-là, comme souvent quand il revenait en France avec le maillot turinois. Il n’était pas à l’aise dans ces cas-là… »

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