Florian Brunet : « La vision court-termiste coupe le club de son public »

Tout à l’heure, pour Lille – Bordeaux (J11 de Ligue 1), les Ultramarines Bordeaux 87 ont annoncé qu’ils allaient « continuer l’insurrection pacifique » afin de protester contre une partie de la direction des Girondins – le duo Frédéric Longuépée – Antony Thiodet, dont ils demandent les démissions -, en raison d’un historique de relations très mauvais depuis un an. Le groupe de supporters majeur du FCGB est hostile au président Longuépée et au directeur de la billetterie Thiodet, avec qui le point de non-retour a été atteint depuis « l’affaire de la billetterie » et, ensuite, le communiqué du club, samedi dernier.

Florian Brunet, porte-parole des UB 87, questionné par Julien Bée, pour ‘Le Point G‘ (GOLD FM, avec G4e), revient longuement sur ces deux épisodes :

« Le bouquet final, pour nous, ça a été la fameuse affaire de la billetterie… Après le match contre Brest, des gens sont venus me voir, tout le weekend, en me disant qu’ils avaient payé 27€ leur place sans avoir pu accéder au Virage Sud. Je me suis dit que ce n’était pas possible, que c’était un délire, car le Virage était à moitié vide… Donc j’ai contacté Antony Thiodet, qui m’avait dit de le faire sans souci et qu’il était disponible, quand on s’était vu à la Garden Party du club ; où on avait eu d’ailleurs une discussion assez vigoureuse, car il me soutenait sa théorie de ne mettre le paquet que sur les gros matches… Alors il me dit ‘En dehors de la centaine de dernières places qui sont réservées pour les abonnements ultras, toutes les places du Virage Sud sont vendues depuis une dizaine de jours’. Mais là il me parlait du match contre Paris, donc je lui demande pour les deux derniers matches – Metz et Brest – et il me dit : ‘Des places ont bien été vendues au Virage Sud bas pour ces deux matches, sans aucune rupture’. Sauf que plein de gens avaient été obligés de prendre en haut car en bas il n’y avait – soi-disant ! – plus de places… Je lui écrit ça et là, plus de réponse. Donc moi j’ai continué à relayer les nombreux témoignages, sur les réseaux, et toujours pas de réponse… Je lui envoie un autre message, en lui disant que je verrai avec Joe DaGrosa quand on allait le voir cette semaine et que ce n’était pas normal. Toujours pas de réponse !

Ils sont beaux à venir dire maintenant qu’ils veulent dialoguer. Moi j’ai la preuve qu’il y a un refus de dialogue. Je lui réponds donc, deux heures après (il lit) : ‘Merci de tes réponses totalement inexistantes. Vu les réactions des gens et tes non-réponses, il y a quelque chose de vraiment pas normal et nous allons étudier ça de très, très près’. Aucune réponse. Et derrière ça il y a eu encore des centaines de témoignages. Alors on a regardé le problème : un jour c’est ouvert, un jour c’est fermé, un jour c’est ouvert, un jour c’est fermé. Et ensuite, on est allé étudier la littérature de nos chers amis Longuépée et Thiodet, notamment cette fameuse théorie de la rareté, celle que Thiodet avait même longuement expliquée dans une interview. On s’aperçoit là que c’est un procédé finalement assez classique, utilisé dans les salles de spectacle, dans d’autres sports, que Monsieur Thiodet a mis en œuvre aux Girondins de Bordeaux : on fait croire que le Virage Sud est plein… C’est révoltant. Il y a des gens – mais ça, ça va dépasser peut-être les capacités d’analyses d’Antony Thiodet et de Frédéric Longuépée, vu qu’eux ils ne connaissent rien au club – qui habitent Poitiers, Tours, toute la France, et qui appellent les Girondins pour prendre des places au Virage Sud. Mais quand on leur dit que le Virage Sud est complet, ces gens-là ne veulent pas aller ailleurs, ils ne veulent aller qu’au Virage Sud. Et si on leur dit que le Virage Sud est complet, ils ne viennent pas ! Voilà ; c’est ça qui s’est passé. Il y a eu ça, et aussi tous ces gens qui sont bien évidemment venus avec nous dans la tribune, mais qui ont payé leur place plus cher. Ils ont payé plus cher, oui, et c’est ré-vol-tant. C’est vraiment là, et pour nous, la plus grande attaque que le football populaire ait connu ici, à Bordeaux. On a empêché des gens d’acheter des places à un prix modéré dans la tribune populaire. Il ne faut pas nous prendre pour des ânes.

(….) L’explication du ‘bug informatique’ ? Mais ça a perduré pour Metz, Brest et Saint-Étienne… Et si on ne sait pas réparer un bug informatique, on change de prestataire, d’informaticien, voire de métier ; mais on fait quelque chose. On parle de choses sérieuses là. Connaissant ces deux personnages depuis un an, ils se moquent totalement de nous. Mais, vous savez, même si je ne veux pas aller trop sur ce terrain-là, on est quand même malheureusement obligés de le dire à un moment donné : on a vraiment l’impression que c’est le ‘Tout-Paris’ qui nous prend pour des provinciaux écervelés. Car quand on a discuté avec eux, on a l’impression que les Girondins de Bordeaux n’existent que depuis qu’ils sont là et qu’on n’a aucune histoire. Clairement, connaissant les personnages et leur analyse, ils pensent ça. Antony Thiodet, de toute façon, il avait déclaré, avant de venir aux Girondins, que les Ultras dans le foot avaient une place centrale mais qu’ils étaient souvent néfastes au développement des clubs. C’est son analyse, son avis, mais c’est quelque chose qu’il a déjà étayé, expliqué, donc quand on a dit ça il ne faut pas nous prendre après pour des naïfs… Nous, on analyse ça et on pointe deux raisons tout à fait simples, d’autant plus que les attaques de Longuépée pour réduire notre influence elles sont là depuis le premier jour. Il y a l’aspect mercantile, mais il y a aussi l’envie de réduire notre influence, tout simplement : que le Virage Sud soit le moins nombreux possible, clairement. Quand vous avez travaillé depuis un an avec ces personnes-là, que vous avez eu d’innombrables coups de poignard ou tentatives de coups de poignards, comment voulez-vous ne pas penser à ça ? Ça serait des gens avec qui la relation se passerait super bien depuis un an, on se dirait que ce n’est pas possible. Mais quand vous êtes attaqués depuis un an, comment voulez-vous qu’on ne pense pas ça ?

Du coup, nos relations avec les Girondins de Bordeaux ne sont pas coupées, et elles sont régulières avec tous les autres, mais elles sont coupées avec Frédéric Longuépée et Antony Thiodet. Sauf que Joe DaGrosa, il n’est qu’une partie du board qui dirige les Girondins, pas LE board. Au sein du capital du club, Joe DaGrosa il est minoritaire. Les vrais patrons des Girondins, c’est une sorte de nébuleuse financière qui n’a ni tête, ni visage, ni nom. Donc c’est compliqué. Et ces gens-là, qu’on ne connait pas et qui ne veulent d’ailleurs pas être connus vu qu’ils ne s’expriment pas, ils regardent le profit à court terme. Longuépée et Thiodet, ils sont ‘objectivés’ par ça : faire plus de recettes, remplir les loges, les présidentielles et utiliser la théorie de la rareté ; et le board n’analyse que ça lui aussi, donc Thiodet et Longuépée font du bon travail. Le board ne va pas se dire qu’il y a plus de recettes mais moins d’affluence au stade, que les affluences contre Metz et Brest étaient très mauvaises et que faire à peine 25 000 contre Sainté en étant 4èmes c’est lamentable. La vision court-termiste est dictée car il y a obligation d’avoir un retour sur investissement très rapide, et ça ça peut un peu se comprendre quand on est chef d’entreprise. Maintenant, un club de foot, c’est différent d’une entreprise comme une autre. Donc, le rôle des Ultramarines, aujourd’hui, c’est de faire comprendre à ce board – qui finalement a les mêmes objectifs que nous : vu que gagner de l’argent pour eux et rejouer la Ligue des Champions pour nous ça se rejoint – que leur vision court-termiste ne tient pas la route sur la durée et que notre vision populaire paiera sur le moyen et long terme en rapportant plus de points et donc d’argent. De toute façon, le seul moyen, dans le football, de faire vraiment de l’argent, c’est d’aller en Ligue des Champions. Les droits télés ? Ils vont augmenter pour tout le monde, on restera tous sur le même pied d’égalité. La vision court-termiste de Longuépée – Thiodet, elle est en train de couper le club de son vrai public, des supporters historiques, et ce n’est pas comme ça qu’on créera une ambiance à Gallice et qu’on atteindra le Graal de la Ligue des Champions. Certainement pas !

(…) Le communiqué du club après l’histoire de la billetterie ? C’est un affront sans nom. En 32 ans d’histoire, depuis l’époque Claude Bez que le groupe des Ultramarines existe, on n’avait pas été attaqués de la sorte. Mais il faut lire entre les lignes… Le mot ‘Ultramarines’ n’est jamais cité. Jamais. Nous sommes ‘un des groupes de supporters’. Enfin, il faudrait quand même bien informer ces deux Messieurs Longuépée et Thiodet, et sans mépriser du tout les ‘Irréductibles’, les ‘Marine et Blanc Île-de-France’ ou bien les autres associations de supporters, qu’à Bordeaux il y a une association principale et ce sont les Ultramarines. Donc écrire ‘une association de supporters’, c’est une insulte à ce que représentent les Ultramarines au sein des Girondins de Bordeaux et de la ville de Bordeaux, dont nous sommes la grande association ; une des plus anciennes et des plus importantes.

Et aussi, la façon dont ils ont utilisé tous nos termes dans ce communiqué, comme s’ils les avaient découverts avant-hier… Mais jamais ils n’ont employé ces termes. Pourquoi n’ont-ils pas parlé de ‘marque’ dans ce communiqué ? Tout d’un coup, le mot ‘marque’ a disparu. Et là on parle de ‘football populaire’. C’est quoi ces techniques de comm’ de bas étage ?! Le communiqué de samedi matin, c’est donc une nouvelle insulte. Et non seulement c’est une nouvelle insulte, mais en plus il est un peu tête brûlée Frédéric Longuépée. Enfin, pas assez pour venir nous faire face dans la tribune comme l’avait fait Jean-Louis Triaud en 2011 après le 0-4 contre Sochaux sous Jean Tigana, où on avait vidé la tribune. Ce jour-là, en venant s’excuser au nom du club, Triaud avait été un grand président, alors qu’on a pourtant aussi eu des conflits avec lui et qu’on a même passé deux ans sans se parler. Mais Longuépée… Lui, il a même des difficultés à m’appeler, donc il ne déborde pas de courage. Mais enfin, il fallait quand même être sacrément culotté, dans cette ambiance-là, pour nous faire un tel communiqué. Donc, visiblement, il voulait le conflit. Alors pour nous, il n’y a pas de problème, on va continuer. De toute façon, le conflit était déjà là avant ça, mais là, vraiment, ce communiqué il empêche toute possibilité de réconciliation à l’avenir avec ces deux individus. Nous ne leur reparlerons plus jamais, ça c’est une évidence. Aujourd’hui, nos interlocuteurs au club sont avant tout Joe DaGrosa, Hugo Varela, Eduardo Macia et Paulo Sousa. Aujourd’hui, la direction du FCGB, ce sont ces quatre personnes-là. Et aucune autre. On ne reconnaît personne d’autre comme représentant des Girondins de Bordeaux pour nous parler. »