Ludo Obraniak analyse l’avant LOSC – FCGB et revient sur son vécu girondin

Parmi les anciens de Lille et de Bordeaux, Ludovic Obraniak (vainqueur de la Coupe de France avec les deux équipes, en 2011 puis 2013), est un joueur marquant d’une époque très récente. Dans ‘Top Girondins‘, sur ARL, l’ex international polonais donne donc ses ressentis d’avant LOSC – FCGB (ce samedi, J11 de L1).

L’ancien N°10 des Dogues et N°4 des Marine et Blanc analyse parfaitement les forces et les dynamiques en présence et se souvient aussi de son passage de deux ans en Gironde :

« Le LOSC ? J’ai bien aimé le match de Lille, mercredi, contre Valence (1-1, en Ligue des Champions). Mais depuis un moment, même si ce n’est pas prolifique dans les résultats, je trouve qu’on ne s’ennuie pas en regardant cette équipe. Le paradoxe, c’est qu’entre domicile et extérieur le LOSC a deux visages, mais c’est une jeune équipe et la Ligue des Champions c’est le très, très haut niveau, où chaque erreur se paie cash, presque pire qu’au niveau international, alors le LOSC en fait les frais… On l’a encore vu contre Valence. Mais j’aime bien l’émotion et les intentions que dégage le LOSC. Beaucoup de clubs français ont été trop timorés en Europe ces dernières années, et comme je trouve que le football, au-delà du résultat, c’est procurer du plaisir, et bien je trouve que le plaisir il est là. Après, Lille, on ne s’attendait pas à ce qu’ils sortent des poules, alors je suis assez satisfait et je prends du plaisir à le voir jouer.

(…) Je ne sais pas si Lille est moins fort que la saison dernière, mais rendez-vous compte des pertes qu’ils ont dû subir… C’est extrêmement difficile, aujourd’hui, d’avoir une vision sur le court terme, sans pouvoir capitaliser sur la durée, avec ce fameux trading de joueurs, mais le LOSC ; ce malgré des manques parfois constatés et une équipe pas encore jugeable vu les changements ; fait de belles choses. Ils sont allés chercher Osimhen, Bradaric, Celik, font même sortir le jeune Soumaré ; il y a beaucoup de travail accompli dans ce club et ça c’est fort. Le président, Gérard Lopez, il intervient à bon escient, Luis Campos gère le sportif, Christophe Galtier entraîne avec les joueurs qu’on lui trouve : chacun a trouvé sa place dans l’organigramme et travaille avec beaucoup de compétences. Je ne vais pas forcément à fond dans le sens du football moderne, car je suis un peu ‘old school’ et que je pense que le foot c’est aussi du temps pour se connaître et créer des automatismes, mais… Si il faut s’adapter à ça, il faut dire que le club fait du bon travail.

(…) Bordeaux ? Quand j’y jouais, on ne disait pas que c’était du très bon (rire) ! Les critiques étaient là : on avait un jeu dégueulasse, tout le monde sautait à pieds joints sur Francis Gillot… Mais mine de rien, entre une coupe et un beau parcours en Europa League, on a pas mal capitalisé sur cette période. J’en garde une excellent souvenir, c’est sûr. Un joueur comme Cheick Diabaté, tout le monde s’en moque un peu mais… Honnêtement, j’ai rarement vu un joueur aussi efficace et son ratio temps de jeu/buts il doit être assez impressionnant. Après, on va pas se mentir, il avait un peu le genou dans le sac, donc derrière Bordeaux il a surtout fait de choix financiers, alors tant mieux pour lui (sourire).

Le FCGB actuel ? J’ai un vrai point d’interrogation sur cette équipe-là… J’ai un regard qui est de plus en plus positif, et notamment par rapport à l’arrivée de Paulo Sousa, lui que tout le monde a crépi dès son arrivée, avec cette série de matches sans victoires. On se demandait même s’il fallait repartir avec lui la saison suivante… Mais je savais qu’il était déjà en train d’étudier les comportements, de voir les manques ; une sorte de laboratoire, car cet entraîneur a toutes les qualités qu’un joueur, supporter et spectateur peuvent apprécier. Je pense qu’il a bien analysé les forces et les faiblesses de cette équipe et même de ce championnat, en mettant en place une défense à 3 qui se transforme en défense à 4. J’ai beaucoup aimé sa façon de cibler un côté faible chez l’adversaire et de jouer par doublette : soit Kamano – Benito, soit Kwateng – Kalu, pour toujours avoir un mec de plus au milieu et recomposer une ligne de 4 au cas où. Je trouve qu’il fallait avoir du courage pour tenter ça, car la faiblesse de la fin de saison dernière c’était le milieu et les latéraux ; même si Maxime Poundjé et Youssouf Sabaly font des efforts sans être avares ; avec une qualité de centres laissant à désirer, parfois loin du compte…

Sousa a de vraies bonnes idées et impacte beaucoup des joueurs en bien, comme Tchouaméni, Otavio, ou Jovanovic qui revient dans les plans, mais aussi Jimmy (Briand) qui assume parfaitement son rôle de leader Après, Jimmy… Au fil du temps, ça doit devenir, pas un remplaçant, mais un numéro deux dans l’attaque. Maintenant, il faut un tueur devant… Ce weekend, je vois une vraie opposition de styles, mais les Girondins doivent s’attendre à souffrir, quand même. Le LOSC, à domicile, c’est très fort et des garçons piqués au vif car à la peine, laissés sur le banc mercredi en Ligue des Champions, vont vouloir réagir. Je pense à Bamba et Ikoné et aux foudres lilloises que va devoir subir Bordeaux… Malgré tout, avec cette défense à 3 et la possibilité d’amener un joueur supplémentaire à la récupération, il y a moyen de poser des problèmes à Lille, notamment dans le dos des deux latéraux. Un pronostic ? Je vais vous décevoir, je sais (sourire), mais je vois une victoire du LOSC, à domicile. »