Christophe Hutteau : « Trouver un club et négocier un contrat représente à peine 10% du travail »

Voici encore des passages de notre interview, réalisée lundi dans ‘Girondins Analyse’ (radio RIG, podcast complet ICI), de l’agent Christophe Hutteau. Cette fois, l’agent de l’attaquant bordelais Gaëtan Laborde (entre autres), nous expose, concrètement, le cœur de son rôle de conseil aux joueurs (et entraîneurs, aussi) :

« La méthode pour convaincre les joueurs de me rejoindre ? Il y a l’antériorité, déjà, ce que vous avez fait dans la profession ; et moi, sur ce point, j’ai la chance de ne pas avoir à démarcher les joueurs, et de faire partie de ceux qui, généralement, sont contactés par les joueurs. Ce sont eux qui viennent vers vous. Et c’est régulièrement comme ça, contrairement à ce qu’on dit. Détrompez-vous si vous pensez que c’est l’agent qui va chercher le joueur, car c’est bien souvent l’inverse… Moi, il m’arrive régulièrement – pour ne pas dire de façon hebdomadaire – de refuser de m’occuper des intérêts de certains joueurs, pour X, Y ou Z raisons. Vous savez, personne n’appartient à personne, mais ça va dans les deux sens : le joueur peut choisir son agent mais les agents peuvent aussi se permettre de choisir les joueurs avec qui ils ont envie de travailler.

(…) Notre rémunération ? Aujourd’hui, la législation fait que ce n’est pas le club qui paye l‘agent mais le joueur, dans le cadre d’une convention tripartite par laquelle le club va se substituer au paiement de la commission due par le joueur, mais cette commission elle est payée est déclarée comme une rémunération sur la fiche de paye du joueur. Le joueur paye donc des charges sociales, et de l’impôt, sur la commission et les revenus qu’il a perçus pour vous payer. C’est juste une délégation de paiement en réalité. C’est important de l’expliquer, car ce n’est pas souvent fait et que la presse parle souvent sans savoir.

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(…) Comment j’aide les joueurs ? Le grand-public pense souvent que l’agent est juste là pour trouver un club. Mais trouver un club et négocier un contrat, ça doit représenter à peine 10% du travail… Le travail de l’agent, il est sur l’image du joueur, sur le fait de s’assurer qu’il est assuré, et bien assuré, mais aussi dans la gestion des relations avec la presse et les conseils en matière de gestion de patrimoine du joueur. On s’occupe aussi de ses engagements associatifs et humanitaires et des sollicitations extérieures. Un joueur a beaucoup de sollicitations, et ne doit pas faire n’importe quoi. C’est un rôle multiple, dont le but est que le joueur puisse se concentrer sur son football et uniquement sur ça. Aujourd’hui, le foot est devenu une telle industrie – et j’emploie ce terme volontairement – que le joueur doit être bien protégé. Il y a des centaines de millions d’euros en jeu, pour les clubs, et il est essentiel que les joueurs soient conseillés. Mais attention, ils décident eux-mêmes. L’agent ne doit jamais – j’insiste – décider à la place du joueur, mais il doit faire en sorte que le joueur prenne la meilleure décision, en le conseillant au mieux. Après, le joueur est grand et ce n’est pas son agent qui va répondre aux journalistes avant ou après un match.

(…) Si j’ai vécu des conflits avec des joueurs ? Comme beaucoup d’agents, oui, j’ai connu des situations de désaccord. C’est la vie de ce métier. Mais, comme j’ai dit, c’est le joueur qui décide de sa carrière, du club où il veut aller, de ses investissements, de ses engagements, de ses assurances. Notre rôle, c’est de les conseiller, de les épauler, de faire passer les messages en étant responsables, mais pas de les infantiliser. Ils sont adultes, et font leurs choix. »